vendredi 8 avril 2011

Tous militants ? Tous intendants ? non ! tous GO


Chers amis, Chers camarades,

l’UMP tente maladroitement d’attaquer les primaires dans leur « légalité ». Il semble pourtant que le parti socialiste ait étroitement travaillé avec la CNIL sur les différents aspects juridiques liés à la conversation et l’utilisation de données personnelles sous forme de fichiers ou de listes électorales. Les procédures de contrôle, très lourdes, permettront ainsi la destruction des recueils de coordonnées volontairement transmis par les électeurs des primaires et centralisés par Solférino, et ce devant un huissier dûment assermenté.

Alors, beaucoup de bruit pour rien ?

Peut être pas. Par la grâce de cette micro polémique politique soulevée par nos adversaires de droite en perdition, on voit s’exprimer une tendance de fond au niveau de l’organisation de notre parti et du rôle dévolu aux militants :

Les taches organisationnelles confiées aux sections et aux fédérations vont gagner en importance dans les mois à venir et l’organisation des primaires devrait voir s’affermir la « transformation du monde militant » déjà en marche depuis quelques années.
Peu nombreux, sociologiquement homogènes, formés sur les bancs de Sc Po et « déformés » dans les rangs des MJS , ayant souvent reçu le socialisme en héritage de papa maman, les militants modernes du PS sont avant tout des « professionnels » de la chose politique vue comme la gestion technique de désignations et comme l’organisation la plus apaisée possible des processus de sélections internes :

gestionnaires efficaces d’une machine à désignation et d’une école des cadres, promoteur du technocratisme politique le plus assumé, assistants rémunérés des élus, ces militants d’un genre nouveau sont en train d’imposer le mot d’ordre, « tous intendants » en lieu et place de l’’habituel slogan de rassemblement « « tous militants ».

A un parti voulant se donner l’ambition d’être « populaire », « ouvert » et « démocratique », on ne peut qu’opposer la réalité sociologique d’un PS devenu le représentant des intérêts des classes moyennes et supérieures, d’une machine solférinienne restant centralisée dans ses modes de fonctionnement, et parfois même tenté, hélas, de passer outre le plus pur exercice de la Démocratie :

Ainsi, le congrès de Reims de décembre 2008 avait permis de désigner à chaque niveau du parti (sections, fédérations, national), « nos » représentants, et ce pour une durée de trois ans.

Il semblerait que le prochain congrès, qui aurait dû se tenir donc en décembre 2011…soit en passe d’être reporté à l’après élection en 2012…sans tambour ni trompette.

Les principes de la démocratie représentative s’effacent donc ainsi devant les principes de la démocratie à la mode « primaire » : une « démocratie » à la mode médiatique, dans laquelle les candidats potentiels se jaugent à la lumière des sondages, organisent des pactes et des alliances en coulisse sur le mode du « si t’y vas, j’y vais pas, si t’y vas pas, j’y vais peut être, mais si j’y vais c’est pour gagner à coup sur », et tentent de « vendre »le principe des primaires comme un grand moment de rassemblement populaire alors que ces primaires risquent de se limiter à un vote plebiscitaire en faveur du candidat des sondages. Un vote qui, n’en doutons pas, ne rassemblera pas beaucoup de votants au-delà du spectre de nos actuels adhérents.

Les primaires, un vote pour rien ? peut être. Un vote pourri ? pas de populisme, de grâce. Mais enfin, un vote, pour quoi ? certainement pas pour la rénovation espérée de nos pratiques.

Les militants ont déjà largement perdu plusieurs « privilèges » politiques : Celui de désigner souverainement tous leurs représentants, puisque désormais c’est tout le peuple de gauche qui participera à la désignation du candidat à la présidentielle. Celui de participer à la rédaction des textes d’orientation, puisque la fonction « idéologique » semble avoir été largement délégué à des « experts », ou supposés tels, extérieurs au parti. Le principe des primaires n’a-t-il pas été lui-même conçu par Olivier Ferrand et la fondation terra nova et « vendu » ensuite à nos représentants ?

Il faut donc aujourd’hui faire le deuil définitif d’un « parti de masse » qui relève plus de la mythologie de la gauche que d’une réalité (le PS au plus fort de ses effectifs en 1981 n’a jamais eu plus de 200 000 adhérents environ). Et donc se résigner à devenir des professionnels de l’animation politique et de l’organisation du « jeu »démocratique interne, fusse t il largement pipé dans un parti social démocrate en crise permanente. Se résigner ou s’en aller. Triste choix.

« Un ministre cela ferme sa gueule ou cela s’en va ». Et un militant ? cela ferme généralement sa gueule et ça reste. Par atavisme. Ou au nom de la loyauté du petit soldat qui y croit encore comme on croit à la beauté du dernier carré de la garde au combat alors que la défaite est certaine et qu’il ne reste que le panache et la défense de l’honneur à sauver.

Finalement, le PS est en train aujourd’hui de nous vendre des jobs de « GO ». Alors, Trigano, premier secrétaire ? cela aurait au moins le mérite de la cohérence politique !

Amitiés socialistes
Boris Faure
Varsovie