lundi 29 novembre 2010

réponse politique à un camarade appelant au boycott du texte égaltié réelle


Chers amis et camarades,

Pour répondre à Joseph Kuzli qui attend un « discours acceptable » du PS sur 3 questions de fond : l’écologie, le remboursement de la dette et le financement de nos propositions, je rappellerais simplement les éléments suivants :

- Les éléments sur « la croissance verte » sont à retrouver dans le texte de la convention « nouveau modèle de développement » : partie 2 C/ intitulée « produire différemment pour répondre au défi écologique ». Ce texte a été adopté par le PS au printemps dernier et constitue donc déjà notre feuille de route sur ces questions.


- La position du PS sur le remboursement de la dette ou sur les financements consiste à mettre l’accent sur la réforme fiscale, et donc sur la partie recette du budget de l’Etat, qui a été dépouillée par les cadeaux fiscaux de la droite de gouvernement (bouclier fiscal, niches fiscales) et le sera encore davantage avec l’annonce de la suppression de l’ISF par Nicolas Sarkozy : le texte nouveau modèle de développement évoque également ces éléments dans la partie 3/ A/ une révolution fiscale et notamment, par la promotion d’un « grand impôt citoyen ».

Le texte égalité réelle n’a pas vocation à revenir sur des éléments déjà adoptés en avril et mai dernier. La méthodologie de travail du PS a été de prévoir un calendrier de travail pour 2010 avec 3 conventions thématiques de fond, et une plus formelle sur la rénovation, afin de partager le travail et les efforts de notre parti sur toute une année. Je rappelle également que la motion « un monde d’avance (motion C) avait appelé à voter le texte de la convention « nouveau modèle » présidée par Pierre Moscovici.



Commentaire politique général :

Nous devons prendre garde à ne pas promouvoir collectivement le stéréotype inventé par la droite d’une gauche imprévoyante et dépensière, ce qui est particulièrement faux au regard de nos expériences de gouvernement passées : il suffit de rappeler le bilan budgétaire des années de gouvernement Jospin qui était plus qu’honorable malgré une tendance à la privatisation des entreprises d’Etat plutôt surprenante, ou se remémorer notre conversion en 1983 à la « rigueur » (sic) autre nom du réalisme économique et budgétaire, pour penser que ce débat sur la « mauvaise gestion » du PS aux affaires appartient à un passé révolu.

Je crois que nous n’avons aucun intérêt politique à agiter le foulard rouge de la mauvaise gestion ou de l’imprévoyance dans et au dehors du PS. C’est faire le jeu de la Droite tout simplement.

Par ailleurs, je ne crois pas que la situation économique générale de la France et de l’Europe appelle un nouveau tour de vis supplémentaire et toujours plus de malthusianisme budgétaire. Il nous faut assumer un nouveau keynésianisme de relance, ce qui ne signifie pas non plus creuser la dette dès lors que l’on fera rentrer plus de recettes fiscales. Il n’y a pas céder au chant des sirènes libérales qui font peur aux français en parlant de la dette pour mieux limiter le champ d’action public par la RGPP et son cortège de coupes budgétaires.

Conclusion par rapport au vote du deux décembre :

Je ne doute pas que les membres de la section de Suisse du PS soient soucieux, comme nous le sommes à Varsovie, que le programme des socialistes qui sera adopté en 2011 soit à la fois audacieux en terme de recherche de plus de justice et d’égalité, et réaliste en terme de financement.

Laissons nous donc le temps de terminer l’exercice des conventions en 2010 avant d’appeler au boycott ou de crier au loup. Ne soyons pas nous-mêmes prophètes du malheur que la Droite nous souhaite allègrement en 2012.

Le texte convention égalité réelle est un bon texte. Si certaines des parties du texte sont perfectibles, c’est par l’exercice des amendements que nous enrichirons le texte et non par d’illusoires boycott.

Une vingtaine d’amendements ont été produits par différentes sections de la fédération. C’est ce travail responsable et réaliste d’enrichissement et de correction du texte qui me semble le plus à même de donner du sens à notre engagement militant en nous faisant entendre du National.

J’appelle donc mes camarades de la fédération à voter pour les amendements fédéraux ainsi que pour le texte « égalité réelle ».

Amitiés socialistes

Boris Compagnon

mercredi 10 novembre 2010

La réponse d'un camarade sur la question Turque

Cher Boris et chers camarades,

Je suis également favorable à une entrée de la Turquie dans l'Union. Le débat élargissement versus approfondissement a déjà eu lieu, et il a été tranché. L'Union a été élargie avant d'avoir approfondi ses dimensions politiques et démocratiques. Sincèrement, je ne sais pas si ce choix aurait été le mien, mais il se défend. L'intégration de nouveaux États dans une Europe politique plus profonde aurait certainement été bien délicate et aurait soulevé bien des problèmes.

Il faut regarder en face le caractère politique et volontaire de la construction européenne, ce qui permet de désamorcer la question de savoir si la Turquie est européenne ou non. C'est une question qui n'a pas de réponse, et c'est une question dangereuse, car elle conduit à penser l'Europe comme l'émanation d'une essence, d'une nature quelconque. La Turquie est européenne si nous le voulons. Les constructions politiques n'ont pas pour vocation de s'appuyer sur la tectonique des plaques.

Mais je ne crois pas que la Turquie kémaliste soit un atout pour l'Europe, et pour le progressisme en Europe. Si c'est la troisième république qui revient par l'Anatolie, non merci. Un des chantiers de la gauche est je crois de se débarrasser du jacobinisme qui paralyse beaucoup l'imagination politique en France. Y compris à gauche, et peut-être même surtout à gauche, dés que l'on parle d'autonomie, de subsidiarité, de droit à l'expérimentation, on se fait taxer de nationalisme. Il existe un nationalisme français hérité de la troisième qui se diffuse encore à gauche aujourd'hui. C'est un nationalisme intégrateur et non-ethniciste, sans doute, mais un nationalisme tout de même.

Par ailleurs les kémalistes sont très loin d'être europhiles, et probalement l'AKP est bien plus motivé pour faire rentrer la Turquie dans l'Union. Comme ressource pour faire progresser la gauche en Europe, et comme partenaire potentiel de gouvernement, on a vu mieux qu'un parti au mieux eurosceptique, au pire europhobe. Deniz Baykal, son président pendant 20 ans, juqu'à il y a quelques mois encore, a clairement tenu des propos anti-adhésion. Et cela se comprend dans le cadre que défend le parti, héritier du nationalisme kémaliste.

Le problème de la Turquie n'est pas de faire son aggiornamento laïque. La Turquie est laïque, profondément et probablement plus que bien des États d'Europe de l'est. Il faut se garder je crois de se jeter dans les bras "laïcards" et nationalistes du CHP parce que nous avons l'impression qu'il y a un danger islamiste et religieux en Turquie. Je ne le crois pas, et rien ne l'indique.

La Turquie est, certainement, une démocratie qui fonctionne de mieux en mieux. Nous n'avons pas de leçon à lui donner, mais pour qu'elle continue sur cette voie, elle doit poursuivre le détachement des institutions politiques et judiciaires de l'armée. Or le CHP n'a pas fait son aggiornamento sur cette question.

C'est certainement paradoxal vu d'ici, mais de l'AKP et du CHP, le parti qui mène la modernisation et la démocratisation du pays, ce n'est probablement pas le CHP.

On aimerait voir des forces progressistes modernes à l'œuvre en Turquie, des partis de gauche qui prônent la non-intervention de l'armée dans la vie politique, des partis qui mènent des combats plus nobles que les tentatives de dissolution de leurs adversaires. Il en existe certainement, et j'espère qu'à gauche les rapports de force vont changer, mais le système politique Turque favorise aussi l'inertie par la masse critique élevée que doit atteindre un parti pour commencer à être représenté dans les institutions.

Amitiés socialistes.

Thomas Favre-Bulle

dimanche 7 novembre 2010

Chat avec Benoit Hamon


Chers amis,

Benoit Hamon a participé jeudi dernier au chat "agir pour l'égalité réelle"

vous pourrez retrouver ses réponses et les questions des internautes sous ce lien "http://www.parti-socialiste.fr/chat/agir-pour-l-egalite-des-conditions/

Voici sa réponse au sujet du "précariat européen" et sur la remise en cause du statut de salarié au niveau européen, sur lequel je l'avais interrogé.

Bonne lecture

Boris

"Cher Benoit,
Secrétaire de section à Varsovie, je constate en Europe centrale une multiplication des contrats "d'auto-entrepreneurs" qui viennent en substitution des contrats de salariés, y compris sur des secteurs économiques qui ne sont pas soumis aux "variations d'activités". En Pologne, des professeurs sont embauchés comme prestataires, payés à la tache et à l'heure, sans congés payés et sans réelle protection sociale. En France, la création par Nicolas Sarkozy du statut d'auto-entrepreneur semble nous amener vers la même tendance de mise en cause du statut de salarié. Que propose le parti pour contrecarrer cette tendance générale d'un nouveau "précariat européen" ?"

Réponse Benoit Hamon "En Europe se développent depuis plusieurs années des statuts concurrents à celui de salarié qui visent ni plus ni moins à abattre les garanties collectives qui entouraient jusqu'ici le salariat.
La forme la plus emblématique de remise en cause de ces protections est ce que les Anglais ont baptisé l'opt-out, qui inaugure une nouvelle forme de contrat de travail dans laquelle le salarié à la signature de son contrat renonce formellement au droit que lui garantit la loi.
Ce nivellement par le bas des droits sociaux et des garanties collectives en Europe est la conséquence directe de la concurrence sociale dans le marché intérieur. Cette concurrence entre les systèmes sociaux exerce une pression néfaste à la baisse du coût du travail et au démantèlement des protections des salariés.
Le texte de la convention égalité n'élude pas cette question, et s'inscrit dans le sillage de la convention sur l'Europe présidée par Laurent Fabius qui milite pour l'harmonisation sociale et fiscale dans l'Union européenne".

vendredi 5 novembre 2010

Houellebecq , un prophète en lice pour le Goncourt ?


Chers amis,

l’aspect prophétique du dernier roman de Michel Houellebecq "la carte et le terrotoire" n'aura échappé à personne : Houellebecq nous livre le portrait d’une France muséifiée, qui n’aura pas pu délocaliser la seule industrie qui ne soit pas délocalisable hors de France : l’industrie touristique française d’un pays de carte postale « des petits villages, des chateaux et des abbayes », une nation définitivement vitrifiée dans le passé.

Il est arrivé la même chose à Paris depuis 30 ans si on lit « beautiful people" que je recommande, un livre sur Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld en forme de portrait général des "people", Paris étant d'après Alicia Drake, l'auteur du livre, déjà à son déclin dans les années 70 comme capitale créative.

La force romanesque de Houellebecq est de systématiser l’analyse du déclin créatif français et de la pousser à son paroxysme : c’est le seul écrivain à développer une analyse du monde et de la France, même si ce monde est désenchanté et que ce n’est pas le monde de gauche dont on rêve... qui peut prétendre comme lui porter en soit un univers romanesque aussi cohérent aujourd'hui dans notre paysage littéraire si excessivement nombriliste et maniériste ?

Après « extension du domaine de la lutte» et l'approche quasi sociologique sur les dégâts que provoque l’entreprise libérale déshumanisée sur ses employés, après « Les particules élémentaires» et les éclairs de génie sur les manipulations génétiques, après « Plateforme » et ses attentats terroristes d’un monde livré à la violence ordinaire, après « la possibilité d’une ile » et l’anticipation d’une humanité vivant sur le mode de la fusion des genres masculins féminins dans un monde post apocalyptique, je trouve que ce cher « mimi » a bien mérité son Goncourt, être prophète tous les 3 ou 4 ans dès qu’on publie un livre, cela doit être épuisant à la fin... Qu’on lui donne la force de continuer…...vers le Nobel de littérature...

On me répondra qu'il n'est pas gauche ? et alors ? nous parlons de littérature...Céline était un vieux collabo faisandé, cela ne l'a pas empêché d'écrire "le Voyage"...

En cadeau, une photo souvenir de ma rencontre avec ce cher Michel qui a toujours sur lui le même parka usé depuis environ 10 ans…

Amitiés

Boris

Pour une Turquie européenne




La réunion en Autriche de cinq partis extrémistes et populistes en ce début de mois de novembre pose plus que jamais la question de l’intégration de la Turquie au sein de l’UE. Le parti socialiste ne peut abandonner la question turque aux seuls extrémistes qui jouent avec la xénophobie et la peur de l’islam pour tenter de transformer l’Europe en une citadelle d’égoïsmes nationaux et faire progresser l’intolérance.

Il semble plus que jamais nécessaire de mettre l’accent sur les raisons politiques pouvant justifier une entrée de la Turquie dans l’Europe, qui serait envisagée à terme et sous conditions :

Si une entrée de la Turquie dans l’UE aujourd’hui ne semble pas envisageable à une majorité de citoyens européens, il est nécessaire de militer politiquement à l’échelle des différents partis sociaux démocrates d’Europe pour unir à terme notre destin avec ce pays, sous conditions politiques de changement : Les efforts que nous demandons à la Turquie pour changer et aller vers plus de transparence, de démocratie et de respect du droit des minorités, nous devons nous les imposer aussi à nous même, en changeant de regard politique collectivement : en cessant de traiter la Turquie en cas particulier, en cessant la valse hésitation que l’on impose aux turcs depuis trop longtemps, et en abandonnant toute vision irrationnelle liée à la peur de l’islam.

Une Turquie dans l’UE = une Turquie plus démocratique :

Une entrée de la Turquie dans l’Europe provoquerait des changements politiques importants, dès lors que les conditionnalités dites de Copenhague, qui obligent tout nouvel entrant à favoriser la mise en place d’ « institutions stables garantissant l'état de droit, la démocratie, les droits de l'homme, le respect des minorités et leur protection » joueraient à plein : ne doutons pas d’ailleurs du chemin parcouru depuis la signature des accords d’association avec la Turquie en 1963, la Turquie d’aujourd’hui est certainement beaucoup plus européenne qu’elle ne l’était jadis, et si les atteintes aux droits de l’homme y continuent, il semble cependant que les progrès vers un rapprochement des « standards politiques européens » soit en cours. l’UE doit donc se montrer résolument interventionniste et volontariste dans l’application de « l’acquis communautaire démocratique » aux nouveaux entrants. Il ne semble pas que la Serbie soit en ce sens dans une situation démocratique pire que celle de la Turquie aujourd’hui. L’entrée de la Serbie dans l’UE à terme ne semble pas constituer un obstacle insurmontable, envisager dans quelques années une adhésion turque ne doit pas constituer davantage un « Everest diplomatique ».

Une Turquie au « kémalisme mis à jour » dans l’UE = une UE renforcée dans sa dimension laïque

Les atermoiements du CHP (parti social démocrate turc) sur la question du voile, ne semblent pas si différents des atermoiements de la classe politique française à ce sujet, et la ligne de partage entre les partisans d’un renforcement d’une laïcité militante, et les tenants d’un respect d’une société « multiculturelle », le voile étant un signe d’appartenance autant culturel que cultuel à l’islam comme religion et culture, dépassent ainsi largement le traditionnel clivage droite/gauche. Si le kémalisme peut se définir comme un « laïcisme combattant », assis sur le pouvoir fort de l’armée comme gardien de l’unité nationale et de la tradition laïque, gardons nous bien d’y voir un particularisme turc dans une Europe qui accueille déjà en son sein une tradition laïque profonde. Mustapha Kemal ne prenait il pas en son temps la France de la 3eme République comme son modèle laïc de référence ? Un « Kémalisme désarmé », avec une armée qui rentrerait dans le rang et normaliserait ses rapports avec l’Etat et avec la société civile turque, serait tout à fait européo-compatible. Si l’héritage laïc en Europe coexiste avec l’héritage des religions chrétiennes ou juives aujourd’hui, on ne voit pas ce qui empêcherait une Turquie ayant réussi son aggiornamento laïc à prendre toute sa place dans notre communauté européenne.

Pour un islam modéré dans l’UE : la voie turque, un laboratoire ?

Avec la Turquie, rentre toujours une part d’irrationnel autour de la question de l’islam.

Irrationnel car les partis extrêmes, réunis hier en Autriche et demandant un référendum pour interdire l’entrée de la Turquie dans l’Europe, jouent évidemment sur la peur de l’autre, jouent de la confusion entre islam et islamisme et militent activement pour une Europe fermée aux « envahisseurs turcs » réveillant par là la vieille peur d’un empire ottoman conquérant et dévastateur.

Pourtant la tradition de l’islam est présente dans de nombreux pays européens depuis plusieurs siècles : qu’on songe ici seulement à l’islam Andalous, à l’islam balkanique. L’islam composite porté par les populations ayant immigré en Europe pendant tout le 20ème siècle est présent désormais en Europe de façon très large à l’exception peut être de pays de l’est comme la Pologne, la république Tchèque ou les pays baltes qui n’ont pas eu recours à l’immigration économique issue du Maghreb et ne possèdent pas de liens historiques particuliers avec l’Islam. Il reste cependant une majorité de pays parmi les 27 qui accueillent de large communauté de citoyens pratiquant l’islam comme religion, parfois depuis plusieurs siècles déjà.

La Turquie d’aujourd’hui est un vrai laboratoire de la coexistence entre une tradition laïque forte, et une tradition islamique profonde. Qu’on le veuille ou non, l’Europe devra donner à l’islam européen sa juste place et faire tomber les tabous autour de cette religion qui est celle de millions de citoyens européens. La voie turque doit donc être observée de prêt et si l’AKP aujourd’hui semble encore très partagé entre islamistes revanchards et tenants d’un islam assagi et modéré, ne doutons pas que la laicisation de la société turque soit à l’œuvre en profondeur/

Si l’écrivain nobélisé Orhan Pamuk a pu souffrir en 2005 d’une campagne politique délétère dans son pays, liée à la liberté de ses propos sur la question arménienne notamment, et à sa critique générale de la classe politique du pays et de l’armée (Cf « Neige » comme métaphore romanesque du rôle oppressif de l’armée sur la société civile ), ne doutons pas que les turcs qui, comme lui, souhaitent voir une normalisation démocratique aboutir et une entrée dans l’UE rendue possible à terme, formeront bientôt une majorité politique importante.

La Turquie peut jouer dans les années à venir ce rôle de « pont entre deux rives » dont parle Orhan Pamuk, afin de nourrir le dialogue des civilisations entre l’Europe et l’Asie et susciter la coexistence pacifique et la bonne entente mutuelle entre les peuples. La Turquie occuperait certes une place particulière dans l’UE par sa géographie, mais si certains ont pu rêver d’une Europe s’étendant de l’Atlantique à l’Oural, étendre le rêve vers le Mont Ararat ne semble pas si insensé. Pour faire taire au passage les extrémistes de tout bord.

Amitiés socialistes

Boris Compagnon



« J'ai passé ma vie à Istanbul, sur la rive européenne, dans les maisons donnant sur l'autre rive, l'Asie. Demeurer auprès de l'eau, en regardant la rive d'en face, l'autre continent, me rappelait sans cesse ma place dans le monde, et c'était bien. Et puis un jour, ils ont construit un pont qui joignait les deux rives du Bosphore. Lorsque je suis monté sur ce pont et que j'ai regardé le paysage, j'ai compris que c'était encore mieux, encore plus beau de voir les deux rives en même temps. J'ai saisi que le mieux était d'être un pont entre deux rives. S'adresser aux deux rives sans appartenir totalement à l'une ni à l'autre dévoilait le plus beau des paysages. » Orhan Pamuk