jeudi 30 avril 2009

A Lire dernier numéro de la Revue TAUSEND AUGEN



Une très bonne revue de cinéma lancée en 1995 années par des universitaires engagés de Lille, dans laquelle je viens de publier un article sur le film Katyn d'Anrzej Wajda.

A acheter dans les meilleures librairies

A lire aussi ce blog http://ta.hautetfort.com/ par les rédacteurs de Tausend Augen



SOMMAIRE

A la Recherche du Point G. L'identité de Gauche au cinéma. Dossier coordonné par Mehdi Derfoufi et Jean-Marc Génuite
Introduction. Par Jean-Marc Génuite
La République lave plus Blanc. Indigènes, aux sources de l'identité nationale. Par Mehdi Derfoufi
« Ma mère est black, mon père est noir et je suis un homme de couleur. »
Performances individuelles, performances collectives de la race dans le Jamel
Comedy Club. Par Nelly Quemener
« Comment tirer parti de la culture du pouvoir acquise à travers le SM ? »
Entretien avec Marie-Hélène Bourcier. Par Mehdi Derfoufi et Jean-Marc Génuite
Expression de la race et de la classe dans une analyse « postcoloniale ». L'exemple de Paris Couleurs. Par Justine Ylargnin Bazie
« Si vous êtes tellement révolutionnaires, anti-establishment et tout, vous devriez être capables d'accepter l'idée qu'on puisse être homosexuel, bisexuel et même transgenre. » Entretien avec Bruce LaBruce et Jürgen Brüning. Par Pierre-Emmanuel Finzi
L'Ecole, point aveugle de l'universalisme républicain : Être et avoir et L'Esquive, deux films rassurants. Par Geneviève Sellier
« Je me demande pourquoi les hommes sont si passifs par rapport à leur virilité ! » Entretien avec Virginie Despentes. Par Céline Robinet
« Rendre des fragments de monde lisibles ». Entretien avec Claire Fontaine. Par Pierre-Emmanuel Finzi
Massacre dans une forêt de symboles. A propos de Katyn d'Anrzej Wajda. Par Boris Faure
Nos meilleures années communistes. Les camarades de François Luciani (2007). Par Arnaud Devillard
« Il ne peut y avoir de renouvellement si on ne sort pas du « ghetto artistique » pour replonger au coeur même de la matrice sociale ». Entretien avec la revue Cassandre (Nicolas Roméas et Valérie Saint-Do). Par Mehdi Derfoufi et Jean-Marc Génuite
(...) puisqu'il faut bien l'appeler par son nom. (A partir de lls ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés). Par Sébastien Hoët
D'une certaine tendance de la critique cinématographique française. Par Vincent Joos
« La fin de l'utopie ? » ou le devenir contractuel des espaces collectifs. Par Séverine Steenhuyse
Cinéma et idéologie. Panorama de la critique marxiste en France. Par Régis Dubois
Pute ou jaguar chez Vollmann. Par Alban Lefranc
L'Obersturmführer sans ombre. Black Book de Paul Verhoeven. Par Arnaud Devillard


Lettre ouverte aux syndicats européens par Poul Nyrup Rasmussen
Président du Parti Socialiste Européen


Le 1er mai 2009

Chères/Chers camarades,

Je souhaiterais profiter de ce jour pour envoyer mes vœux les plus sincères à tous les syndicalistes européens en cette Journée Internationale du Travail. Pour moi, le 1er mai a toujours célébré ce qu’il y a de plus fort dans le mouvement des travailleurs : la solidarité, l’égalité et la coopération. Je me souviens encore de mes 1er mai d’adolescent à Esbjerg, ma ville natale, dans les années 1950, un âge d’or, celui de syndicats puissants, alors que l’Etat Providence danois voyait le jour. Mais c’est aussi à cette époque-là que j’ai été confronté aux dures réalités du chômage et à son impact sur des familles ordinaires comme la mienne, alors que je grandissais.

Cette année, la Journée Internationale du Travail tombe au début de la campagne pour les élections européennes, et au milieu de la pire récession que nous ayons connue depuis les années 1930. Les prévisions économiques se dégradent de jour en jour : nous risquons d’avoir 27 millions de chômeurs début 2010 si rien n’est fait pour arrêter cette spirale infernale.

Vendredi dernier j’étais à Toulouse, où j’ai rencontré des salariés d’Airbus et de Molex, dont les emplois et les salaires sont actuellement menacés, sans compter tout l’abattement et l’incertitude que cela implique. Dans toute l’Europe, des millions de salariés se trouvent dans cette situation, des salariés qui ne sont en aucun cas responsables de cette crise dont ils payent aujourd’hui le prix fort. La droite – et parmi elle la Chancelière Merkel, le Président Sarkozy ou le Premier Ministre Juncker – dit qu’elle en a assez fait. Mais moi je dis qu’il y a 27 millions de raisons d’en faire plus. Nous avons besoin d’un nouveau plan de relance économique fort, pour sauvegarder l’emploi et empêcher que le chômage de masse ne frappe les familles des travailleurs de toute l’Europe.

Ces cinq dernières années, la droite a été majoritaire en Europe – à la tête des institutions européennes et de la plupart des Etats membres. Elle était au pouvoir quand les droits des travailleurs et les services publics ont connu des attaques nombreuses et répétées. La Commission Barroso n’a pas réussi à empêcher la liberté de mouvement des travailleurs d’être prise comme prétexte pour diminuer les acquis sociaux. La Cour de Justice européenne a rendu une série de jugements discutables (Laval, Viking, Rüffert, Luxemburg) sur la directive sur le détachement des travailleurs, remettant en cause les principes d’égalité des salaires, de négociations collectives et de droit de grève. Le cas Laval est celui d’une entreprise lettone construisant une école en Suède et ne respectant pas les règles locales en matières de salaires et de conditions de travail – entreprise à qui la Cour a donné raison à cause d’ambiguïtés dans la directive. Le Parti socialiste européen croit fermement que ce nivellement par le bas des conditions sociales est inacceptable. Cependant, la Commission a plusieurs fois refusé d’agir pour pallier ces lacunes juridiques.

Nous nous efforcerons aussi de créer une atmosphère de respect nouvelle, pour des emplois et des conditions de travail décents. Pendant trop longtemps, les acteurs des marchés financiers tels que les fonds privés ont traité les entreprises où nous travaillons comme une somme d’actifs qui peut être achetée et vendue à volonté, sans penser à l’impact que cela aurait sur les salariés. Ils criblent les entreprises en bonne santé de dettes, au profit de bénéfices à court terme, ce qui conduit à des pertes d’emplois, à des conditions de travail dégradées et à des retraites qui diminuent pour les salariés. La réglementation dans ce domaine est clairement, déplorablement, inadéquate. Mon rapport sur les fonds privés a été adopté par le Parlement en septembre, néanmoins la Commission européenne a ignoré nos demandes. Ce n’est que cette semaine qu’elle a publié sa première proposition pour réglementer les fonds privés, qui comporte tellement d’échappatoires et de lacunes qu’elle ne sert à rien.

Voici le type de problèmes auxquels nous sommes confrontés en cette Journée du Travail, et lors de chaque journée de travail, à cause d’une Union européenne dominée par la droite.

Mon Parti, le Parti socialiste européen, a un plan clair et concret pour changer cela. Nous avons mis au point, pour lutter contre la crise, 7 propositions politiques que nous voulons mettre en œuvre dans les 100 jours qui suivent les élections européennes :

1. Un nouveau plan de relance renforcé pour l’Europe
2. Un Pacte Européen pour l’Emploi
3. Une nouvelle Charte des Droits de la Femme
4. Un Pacte du Progrès Social
5. Une réglementation et une surpervision efficaces des marchés financiers
6. Une nouvelle solidarité mutuelle entre tous les Etats membres
7. Une feuille de route européenne pour un nouvel accord mondial

Notre manifeste pour les élections à venir comporte 71 propositions spécifiques pour mettre l’Europe sur de nouveaux rails pendant les cinq prochaines années. Comme je l’ai dit mardi lors d’une discussion organisée par la Confédération Européenne des Syndicats (CES), c’est un manifeste qui correspond par beaucoup d’aspects à ce que réclame le manifeste de la CES, avec un engagement réel à combattre la récession grâce à un plan européen de relance plus fort, une révision de la directive sur le détachement des travailleurs, avec un cadre européen pour des négociations et des conventions collectives transfrontalières, avec un droit des travailleurs à l’information et à la consultation renforcé, avec un Pacte européen sur les salaires, avec un cadre européen pour les services publics et une réglementation pour assurer tous les acteurs financiers. Les syndicats doivent également vraiment avoir leur mot à dire dans les prises de décisions de demain.

C’est pourquoi je vous pousse à aller voter les 4-7 juin. Cette élection a lieu à un moment où l’Europe se trouve à un carrefour, confrontée à deux visions politiques très différentes. Je me réjouis de travailler main dans la main avec vous pour nous assurer que les salariés de l’Union européenne aient enfin le changement en Europe qu’ils méritent.

Amitiés sincères,



Poul Nyrup Rasmussen
Président
Parti Socialiste Européen

Des maisons culturelles de l'Europe ?


Un camarade vient de suggérer l’ouverture de maisons de l’Europe pour relancer notre politique culturelle au niveau français.

Voici quelques réflexions pour accompagner cette analyse :

L'existant : des expériences limitées de centres culturels franco-allemands


Les expériences de centres culturels franco-allemands ont été menées à Karlsruhe et à Ramallah en Palestine. On peut les considérer comme des embryons possibles de futures maisons de l’Europe construites selon l’axe fort germano français. Pour l’instant, leur localisation géographique et leur nombre limité montrent qu’on travaille essentiellement à un échelon symbolique sur des expériences vues avant toute chose comme de la Co-localisation sur un bâtiment commun, c'est-à-dire comme une façon de réduire les couts de fonctionnement de ces structures, et également comme une tentative de dégager une programmation culturelle commune, qui n’a rien d’évidente quand les institutions de rattachement de ces centres culturels restent respectivement le ministère des affaires étrangères et le Goethe institut, avec leurs logiques politiques propres.

Les difficultés d'une action culturelle commune à deux nations :

Il n’est pas évident de penser et d’agir dans le domaine culturel au niveau de plusieurs nations : La création d’un manuel historique franco-allemand est par exemple une initiative que je connais pour dégager les points de convergences, et aussi les divergences, que l’Histoire a offertes à nos deux nations. Elle s’est appuyée sur le fond franco-allemand géré par le MAE, qui aide les projets culturels communs à nos deux nations culturelles. On voit là que faire une programmation culturelle commune ne peut se résumer à célébrer chacun dans son coin, ou à tour de rôle, les trésors ou le patrimoine culturel national en bon voisins. Créer une programmation culturelle ensemble suppose donc un regard historique commun, une pensée du monde commune. Si les horreurs de la deuxième guerre mondiale ont abouti, via la construction européenne, à une quête historique pour faire une paix durable, je n’ose dire infinie, je crois que les visions de l’Etat, les conceptions de la Nation, et même la vision de l’Europe comme puissance, ont encore de grandes dissonances en France et en Allemagne.

Une initiative sur les Maisons de l'Europe à prendre au plus haut niveau européen et national ?

Le développement progressif de maisons de l’Europe devrait donc se situer au plus haut niveau politique et symbolique pour dépasser donc ces divergences, ou créer une nouvelle borne historique entre les peuples européens. Créer, pour commencer, une ou des maisons de l’Europe dans des lieux phares de l’UE, à l’occasion des saisons culturelles qui mettent en avant, chaque année, deux villes culturelles phare nommées capitales de la Culture, pourrait être quelque chose d’envisageable.

Les maisons de l’Europe seraient aussi certainement des têtes de pont de notre Culture, ou de nos cultures, vers les pays où le rayonnement Culturel de l’Union Européenne peut sembler essentiel. On imagine tout l’intérêt que pourrait avoir l’installation d’une maison de l’Europe en Chine, aux USA ou dans une grande capitale culturelle Africaine pour ne prendre que quelques exemples évidents.

La création éventuelle de ces maisons culturelles européennes doit relever plusieurs défis :

un défi politique d’abord : la culture française est pour l’instant perçue comme un élément du Soft Power national, et appréhendée comme un élément de notre politique extérieure ; Monter une maison de l’Europe serait évidemment faire un pas vers une sorte de fédéralisme culturel, ce qui suppose donc de se déposséder d’une partie de notre pouvoir au profit d’une mutualisation ou d’une intégration de celui-ci avec d’autres nations. La France est elle prête symboliquement, à mettre sur un même pied d’égalité toutes les cultures Européennes en sortant ainsi de la perspective héritée des 18-19 ème siècles français d’être un phare unique qui éclaire les autres nations de son rayonnement, en sortant ici de sa belle exception ? Cela semble assez improbable pour l’heure. Il faut donc imaginer qu’un projet de maisons de l’Europe serait le fruit d’une double initiative portée au plus haut niveau de l’Etat…et au plus haut niveau Européen.

S’il existe au niveau européen « la stratégie de Lisbonne », une stratégie culturelle et politique, qui vise à faire de l’UE une puissante « économie de la connaissance », on perçoit instinctivement que le mariage entre les sciences et l’économie, s’il est nécessaire, ne correspond pas pleinement à notre vision plus large « des humanités », socle de la Culture, c'est-à-dire du mariage des Arts et des Sciences dans une vision civilisationnelle visant à élever l’homme vers ce qu’il a de meilleur. On voit donc là que pour mettre sur pied des maisons culturelles européennes, un approfondissement de la stratégie de Lisbonne serait nécessaire dans le sens d'un élargissement du contenu même du mot Culture et de l'ambition qu'on lui attribue.


un défi institutionnel ensuite : La France n’aurait aucune vocation à porter seule ce projet de maisons de l’Europe et on voit bien que l’Union aurait certainement vocation à prendre en charge cette gestion avec plus de sens. Faudrait il se limiter, pour accompagner la création de telles maisons, à mettre la main au porte monnaie en augmentant encore notre contribution au budget de l’UE ? le volontarisme est peut être, déjà et pour commencer, à ce prix.


Pour avoir récemment passé un concours européen et m’être intéressé aux « métiers » de la commission européenne, je peux affirmer que le métier « de conseiller culturel européen »n’existe pas, de prêt ou de loin, dans la gamme de métiers que propose la commission. La gestion de la Culture au niveau européen doit elle prendre appui sur une vision intégrée, la commission étant le lieu de la gestion de ces maisons de l’Europe, ou dans une vision nettement plus coopérative, avec la création d’un comité interministériel qui piloterait cette coopération mais en laisserait la gestion à chaque Etat membre ?


A l’heure actuelle le commissaire Jan Figel est en charge du portefeuille global de l’Education, de la jeunesse, de la formation et de la culture, un ensemble vaste qui ne correspond pas à la gestion dissociée française des affaires culturelles et éducatives…Ce grand fourre-tout actuel n’a pas grand sens à mon avis.

il y a aussi surement enfin un défi historique et culturel à relever pour voir la création de ces maisons de l’Europe, celui de réconcilier les cultures latines européennes, des cultures Germaniques, Slaves et anglo-saxonnes. Ici en Pologne on enseigne la « romanistique » c'est-à-dire l’enseignement de toutes les langues latines, avec le français et l’espagnol en tête, sous un angle culturel commun. Ne faudrait il pas commencer à bâtir des maisons de l’Europe latine, des maisons de l’Europe Germanique et slave, pour trouver des programmations « régionales » faisant sens, avant d’imaginer bâtir des maisons de l’Europe ? En allant trop vite, en mettant sur pied des maisons de l’Europe dès maintenant, ne prendrait on pas le risque d’en faire uniquement des vitrines très institutionnelles des activités de la commission ? de proposer uniquement une vitrine à notre diversité culturelle ? en manquant la cible essentielle au passage : car ce qui manque justement à l’Europe actuelle ceux ne sont pas des institutions de plus, ce sont un peu de chair et d’âme, de sortir des logiques culturelles nationales pour enseigner en quoi la civilisation européenne est originale, elle qui se fonde sur l’humanisme des lumières, la force du droit comme modalité de régulation sociale, et sur la confrontation entre philosophie laïque et héritage chrétien sur le partage des affaires temporelles et spirituelles…

Un dernier défi, celui de la place de la culture islamique dans la civilisation européenne :

il faudrait évidemment parler, quand on cherche à définir la Culture Européenne ou la civilisation européenne à travers des maisons de l’Europe, en quoi le dialogue permanent et complexe avec l’islam, en quoi la confrontation ou la relation avec la civilisation islamique, présente sur le sol européen dans les Balkans ou dans le Sud de l’Espagne pendant des siècles, et qui aujourd’hui constitue un des éléments d’identité de nombreux citoyens européens, en quoi donc ce lien culturel a pu enrichir et innerver notre culture européenne commune…Il y a là une richesse culturelle qu’il ne faut pas non plus ignorer.

Boris

mercredi 22 avril 2009

Nina is alive



Aujourd'hui ce blog rend hommage à la grande artiste noire, engagée dans le combat des droits civiques aux USA, qui aura lutté toute sa vie contre le racisme sous toutes ses formes, Nina Simone. Décédée un 21 avril...2003. en France. A carry le Rouet. Sur ce coin de Provence méditerranéenne qu'on nomme la Côte Bleue...cela ne s'invente pas;