mardi 14 décembre 2010

Compte rendu éclair de la convention égalité réelle


Chers amis,

La convention de samedi a marqué un vrai moment d’unité parmi les socialistes. C’est surement une belle manière de conclure une année 2010 qui, telle les quatre saisons de Vivaldi, a vu notre parti jouer une partition politique collective sur un rythme enlevé :

Si les taux de participation à l’exercice des conventions n’ont pas toujours été à la hauteur des enjeux, on ne peut nier cependant que le parti a été au travail durant toute une année, se coltinant à l’exercice collectif de production d’idées, avec l’aspect parfois aride ou laborieux que celui-ci a pu revêtir parfois .

Les militants de notre fédération ont joué le jeu dans leur ensemble pour se pencher sur le texte du « nouveau modèle de développement » au printemps, pour définir les contours de la rénovation au début de l’été, pour s’interroger sur les questions européennes et internationales cet automne, alors que l’hiver nous apportait le texte sur l’égalité réelle et ses diverses déclinaisons programmatiques. Chacun des votes a conclu majoritairement à l’adoption démocratique des textes proposés.

Ce samedi, lors de la convention, le texte sur l’ égalité réelle a été voté a la quasi unanimité des délégués présents après avoir été adopté il y a une semaine par 80 pourcent des militants des différentes fédérations de l’hexagone.

C’est une victoire collective que d’avoir montré que les socialistes savaient se rassembler sans reprendre les vaines polémiques qui avaient émaillé le début du mois de novembre : uni, notre parti est plus fort, en interne, pour pouvoir travailler avec efficacité sur le projet socialiste à proposer en 2012, en externe, pour offrir le visage uni d’une opposition déterminée aux choix contestables du gouvernement.

Du cote de nos amendements fédéraux, deux amendements ont été finalement retenus dans le texte final : on peut certes regretter que davantage d’amendements n’aient été repris sur la quinzaine que notre conseil fédéral avait transmis au national. Cependant, les deux amendements retenus possèdent une charge politique forte, puisqu’ils touchent aux questions essentielles de l’accès à l’éducation à l’étranger et aux questions touchant le service public consulaire.

Sur ces deux thèmes de campagne, ne doutons pas que les candidat(e)s du PS dans les circonscriptions de l’étranger pourront ainsi se voir soutenus particulièrement par le parti pour porter des réformes qui préoccupent nos compatriotes résidents hors de l’hexagone.

En début d’année 2011, nous devrons continuer à travailler sur le projet fédéral et faire en sorte que notre travail collectif infuse largement dans le projet des socialistes qui devrait être adopté par le parti en avril/mai. Ce sera un des éléments clés de la victoire en 2012.

Amitiés socialistes

Boris Compagnon

PS : ci-joint les deux amendements fédéraux repris dans le texte « égalité réelle »

Rétablir plus de justice sociale dans l’accès à l’éducation à l’étranger.

« Nous supprimerons la prise en charge des frais de scolarité des élèves français à l’étranger instaurée par Nicolas Sarkozy en 2007. Cette mesure inéquitable et injuste n’a pas lieu d’être. La véritable équité, porteuse d’une réelle égalité des chances pour chacun des élèves français établis à l’étranger, ne peut résider que dans un retour à une aide à la scolarité fondée uniquement sur des critères sociaux et exclusivement sur ceux-ci. Nous substituerons donc à la prise en charge des frais de scolarité un renforcement du système des bourses attribuées sur critères sociaux »


Amendement sur les questions consulaires :
"L'universalité des services publics passe par un service consulaire adapté aux besoins des françaises et français dont le nombre est en progression constante hors de l’hexagone. L'action extérieure de l'Etat dans ce domaine devra être dotée de moyens prioritaires pour améliorer le service public rendu aux compatriotes demeurant en résidence à l’étranger. 1,5 millions de compatriotes sont enregistrés sur les listes consulaires en 2010, et 2.5 millions de françaises et français vivent aujourd’hui à l’international"

Choses vues au conseil PSE


Chers camarades,

sur le conseil de Varsovie qui s'est terminé vendredi 3 décembre, une rapide analyse politique et des impressions assumant leur subjectivité :

D'abord, et au risque de décevoir, le grand front populaire européenne de gauche que certains appellent de leurs voeux, et qui fait rêver nombre d'entre nous certainement sur ce forum, je ne l'ai pas vu poindre à Varsovie...

J'ai vu certes quelques prémices politiques heureux d'un changement de ton des partis sociaux démocrates :

J'ai trouvé les différents partis d'accord globalement sur l'objectif (changer de politique, faire reculer les populismes, développer une Europe plus sociale, combattre les dérèglements financiers par plus d'interventionnisme et par l'introduction d'une taxation financière), et sur l'analyse de la responsabilité de la crise, essentiellement financière et basée sur le dérèglement et la dérégulation mondiale...

J'ai en revanche constaté peu de convergence politique réelle sur sur les moyens politiques de parvenir à sortir de la crise et à s'unir politiquement :

Il me semblait y avoir une coupure, ou du moins un écart, entre une sorte de pragmatisme social démocrate développé par un Poul Rasmussen, sur la base du "soyons modestes, proches des gens, répondons à leurs préoccupations quotidiennes par des politiques économiques basées sur l'emploi et la protection sociale", en fait une social démocratie à la Scandinave (une sorte de 3eme voix comme tu l'indiques, Yves), et l'aspiration à un changement plus profond, qui toucherait bien sur à l'économique mais aussi aux conditions d'organisation de toute la civilisation occidentale et européenne, réformant l'éducation, la culture, les conditions d'échange entre nations, changeant de structure économique pour intégrer la dimension écologique pleinement, afin de provoquer un changement politique global...

Cette deuxième vision, plus ambitieuse, "la notre", me semble encore malheureusement isolée aujourd'hui au sein du PSE... ou du moins de ses leaders

Les activistes étaient plus audacieux et ouverts aux différentes formes d'expérimentations politiques y compris les plus réformatrices.

La présence d'Henri Weber dans la délégation française, et les développements sur le Juste échange que Weber a pu proposer avec bonheur lors de la dernier convention internationale, donnait le cadre d'un projet possiblement plus ambitieux, où l'Europe accepterait d'être plus protectrice à l'égard des peuples et de l'économie européenne, sans pour autant sombrer dans le protectionnisme le plus égoiste (Cf les paragraphes de la convention international du PS sur les écluses tarifaires temporaires et la relance d'une politique de coopération et d'aide au développement avec les pays les moins avancés qui ne doivent pas payer le prix de notre protection)...

J'ai eu plus de mal à situer les positionnements politiques des Allemands et des Britanniques :

du côté Allemand j'ai dit mon scepticisme face aux foucades de tribune d'un Martin Schultz, sans m'imaginer cependant qu'il représente réellement le coeur du parti SPD allemand...Il faudra regarder comment évolue le parti sous la direction de Sigmar Gabriel...Je me retourne d'ailleurs ici vers mes camarades d'Allemagne qui observent surement avec acuité la situation du pays et du parti social démocrate allemand.

Les britanniques sont encore sous le choc de leur perte de pouvoir et de repères, après les années Blair qui ont désorientées le parti travailliste, et l'intermède Brown qui en était une sorte d'épilogue...C'est du moins mon sentiment.

Parmi les autres grandes nations européennes, les espagnols pansent leurs plaies économiques (Valérie pourrait en parler beaucoup mieux que moi) et j'imagine que Zapatéro et les socialistes d'Espagne n'ont que peu le loisir de penser à l'Europe et à sa relance quand 20% de la population souffre de chomage ou de mal emploi et que le pays vacille...L'espagne est contrainte de rester "le nez dans le guidon" pour employer la métaphore cycliste au pays de Pedro Delgado et de Miguel Indurain.


Nos amis polonais, qui étaient les hôtes du conseil, avaient du mal à développer un discours d'envergure, dans un pays livré à un libéralisme sans grand contrôle où le SLD, le parti de gauche ex communiste, ne pèse que 15% des voix et est distancé par les deux partis dominants, le PIS du frère Kaszynski survivant du binôme (droite conservatrice) et PO (plateforme civique, centre libéral, au pouvoir) : le parti de Donald Tusk occupe aujourd'hui la présidence de la République, le poste de premier ministre et dispose aussi d'une bonne partie du pouvoir local...dans un pays qui est passé au travers de la crise économique en 2010 (pas de récession en Pologne) cela conforte ce pouvoir de centre droit libéral en place qui a gagné récemment sa 6eme ou 7eme élection d'affilée, et dont il ne faut rien attendre en matière idéologique (ce parti est caractérisé par son vide profond d'idéologie à mon sens...). La presse française se trompe d'ailleurs profondément quand elle qualifie PO de parti de centre gauche...ce qui supposerait tout de même un semblant de social démocratisme réformiste qui n'est pas présent dans ce parti.

En conclusion, j'ai eu le sentiment global qu'un grand évènement historique (la crise financière et écologique mondiale) n'arrivait pas à accoucher d'un grand évènement politique...

même si les intentions de changement existent et devraient éviter que les partis politiques européens ne s'enferment dans les impasses des gouvernements de centre gauche molassons et donc dans les pièges d'une troisième voix en forme d'impasse (Cf Blair encore ou l'expérience de retour au pouvoir de Prodi en 2006 qui chute après 20 mois d'une gouvernance de centre gauche hésitante qui remet sur pied Berlusconi), nous demeurons dans le brouillard, comme Fabrice à la bataille de Waterloo, conscient qu'un grand évènement se déroulait autour de lui, mais trop désorienté par la fumée des canons pour discerner une réelle signification à la bataille en cours...

Autant dire que, dans la bataille en cours contre le capitalisme financier sauvage, et contre son allié objectif, le conservatisme de droite, nous n' avons certainement pas encore pris toute la mesure politique de l'évènement au niveau des partis politiques européens dans leur ensemble, bien que le PS ne soit pas le plus mal engagé de tous dans la réfléxion collective pour arriver à guerroyer et gagner la bataille pour l'emploi et pour la relance économique.

Amitiés socialistes

Boris Compagnon

jeudi 9 décembre 2010

Primaires législatives 7eme Circo. = Mon soutien à Pierre Yves et Pascale


Chers amis et camarades,



Un deuxième tour très serré s’annonce sur notre circonscription ce jeudi soir. Chaque voix comptera.

Je voterai pour l’équipe constituée par Pierre Yves et Pascale, alliage politique réussi entre capacités, compétences, et convictions profondes en socialisme.

Cet alliage solide sera la garantie de résister aux coups portés par une Droite toujours plus populiste et odieuse, et qui se montrera féroce pendant la future campagne politique des législatives ; Ce sera aussi le plus sur moyen de faire valoir largement nos idées et thématiques de gauche auprès des français de l’étranger.

- Pierre Yves a pu développer longuement tout au long de l’année 2010 des thèmes et interventions pertinentes sur le forum FFE, lors des débats organisés dans les sections et pendant tout le temps de la campagne :

Les sujets consulaires, les questions sociales, la coopération éducative et culturelle ou les problématiques environnementales, tous thèmes qui sont chers à nombre d’entre nous à la FFE, sont portés avec efficacité dans le projet de Pierre Yves qui saura donner l’écho nécessaire à nos revendications auprès des français de cette circonscription.

-Pascale est une militante de grande valeur, elle possède une capacité de travail rare qu’elle a mise aux services de tous dans le cadre de ses fonctions au Bureau Fédéral pendant plus de deux années où elle n’a pas ménagé sa peine ; Ces valeurs de travail et d’endurance seront un carburant politique utile pour voyager loin pendant la longue campagne des législatives qui s’annonce.

Militant de gauche depuis mes 20 ans, en 1993, je suis entré en politique dans une période de défaite consécutive à des législatives qui avaient tourné à la déroute pour notre parti : cette année là était une année noire pour le Parti et pour la gauche en général. Prêt de 20 ans plus tard nous sommes en capacité de faire changer la donne politique qui nous a éloigné des responsabilités depuis trop longtemps :

Je sais que l’année 2012, avec Pierre Yves, Pascale et l’équipe de militants qui animeront notre campagne des législatives, avec les autres candidates et candidats de notre parti à l’étranger, sera une année heureuse pour nous tous, car nous irons vers la victoire et assurerons à la gauche le gain de sièges de députés, sur notre circonscription et dans les autres circonscriptions qui sont toutes par principe gagnables dès lors que l’unité et les capacités de rassemblement joueront à plein autour des candidat(e)s et des équipes de militant(e)s qui les accompagneront.

Une victoire éclatante de la gauche en 2012 permettra à nos idées de s’imposer pour « faire changer l’ordre des choses » dans une société française de plus en plus inégalitaire, dans un monde toujours plus fracturé, pour une société française plus apaisée, réformée de manière juste, où les inégalités seront réduites et où la France saura assumer un destin international et européen pour retrouver sa voix écoutée et respectée dans le concert des nations mondiales.

Je sais que Pierre Yves sera immédiatement opérationnel pour assurer un travail de fond au sein du palais Bourbon auprès des autres camarades députés, son expérience de militant, sa force de travail et sa maitrise technique des dossiers y seront un précieux viatique pour aller de l’avant politiquement et faire gagner nos idées.

J’appelle donc à voter et faire voter Pierre Yves et Pascale ce jeudi en section, avec toute ma conviction.

La campagne de Pierre Yves a été intitulée, « l’avenir est à écrire » : je ne doute pas que nous l’écrirons tous ensemble avec lui dès ce jeudi.

Amitiés Socialistes

Boris Compagnon
Varsovie

Mélenchon, ce populiste qui nous est cher


Chers amis et camarades,


La sympathie que l’on peut ressentir pour Jean Luc Mélenchon, pour son positionnement politique et sa verve tribunicienne, ne doivent pas nous faire oublier que les 7 ou 8% dont le candidat Mélenchon est aujourd’hui crédité pourraient nous faire défaut lors de la présidentielle de 2012 et donc conduire à un deuxième tour sans candidat de gauche si la configuration de 2002 devaient se reproduire (Programme socialiste déliquescent, division de la gauche en de nombreuses candidatures, présence d’une extrême droite requinquée)

Bien sur, cette hypothèse politique ne doit pas nous conduire, à mon sens, à notre tour, à tomber à bras raccourci sur le Front de gauche, comme à vouloir rendre coup pour coup, même si le Front de gauche veut aujourd’hui clairement siphonner les voix du PS (il n’est qu’à aller sur les forums où s’expriment les militants FdG pour s’en persuader, nous sommes le nouvel ennemi de classe)…Inutile cependant de tendre l’autre joue également…

1/ D’abord le front de Gauche n’est pas l’ennemi, ni l’adversaire mais un partenaire naturel de travail et de lutte. Nous devons bel et bien essayer de trouver des revendications communes, et le Parti devrait s’’inspirer du langage direct, de la multiplication des réunions publiques de terrain, de la proximité politique de JL Mélenchon avec les classes populaires. Assumons donc notre proximité d’idées socialistes avec le FdG…

2/ En restant réaliste cependant, je crains fort que le front de gauche, à l’image du Mouvement des citoyens de Chevènement, ne soit en grande partie que le parti d’un seul homme, et que son avenir soit donc très conditionné à l’évolution personnelle de ce dernier. Ainsi, si JL Mélenchon devait accepter de siéger un jour dans un gouvernement socialiste, nul doute qu’une grande partie de ses fidèles refuseraient cette entrée (ou plutôt ce retour) dans le « Système »politique pourtant dénoncé avec force, et que le Front perdrait largement audience et électeurs. Rester à l’écart du système condamne aussi à toujours plus de radicalité au risque d’un destin à la NPA, érodé par ses incantations révolutionnaires sous forme d’un grand soir qui n’advient pas.

3/ Il nous faut aussi défendre la boutique : les socialistes ne me semblent pas, selon la critique mélenchonienne classique (c’est aussi celle de la Droite ne nous le cachons pas), « en manque de leaders et en manque d’idées » :
La convention de ce samedi prouve justement que c’est plutôt l’excès d’idées, et leur non priorisation, qui peut nous être reproché. L’aspect « catalogue » souvent évoqué pour qualifier nos projets (pas seulement celui sur l’égalité réelle), me semble le propre d’un parti qui se creuse la tête, fait de sa diversité de courants une diversité de propositions, propose et tente de construire mais manque de colonne vertébrale idéologique pour cimenter le tout : nous avons donc les matériaux pour construire la maison, mais les fondations ne sont pas solides, ou la charpente à du jeu…

Il faut dire que la bourrasque financière vient de durablement ébranler l’édifice tout entier : La crise a abouti à ce que Slavoj Zizek appelle la « Farce » après la tragédie : soit le renforcement des pouvoirs conservateurs en place et le renversement idéologique porté par la Droite d’une crise dont les Etats seraient à l’origine (on s’étrangle au passage…)

La critique des médias et en particulier de la télévision, portée par Jean Luc Mélenchon me semble en grande partie valide, bien que pas nouvelle : Bourdieu dans un de ses derniers ouvrages sur le pouvoir télévisuel, avait pu démontrer clairement les limites d’un système médiatique où la fonction critique est réduite, les informations non hiérarchisées, la culture de décodage de l’image des spectateurs absente…Le temps d’exposition télévisuel est par ailleurs une grande constante dans les pratiques culturelles des français, qui ne varient que peu sur le long terme…Passer 4 heures par jour en moyenne devant le robinet à image ne rend pas forcément plus éclairé…Quant à la vieille connivence entre journalistes et classe politique…elle semble aussi une constante indiscutable…
Les médias et les journalistes politiques ont une responsabilité importante dans l’excès de personnalisation du débat politique, sa mise en spectacle induite en conséquence :

Ils participent largement de la « présidentialisation des esprits et du jeu politique» dont Jean Luc Mélenchon est d’ailleurs lui aussi également responsable, puisque c’est cette formidable tribune offerte par la présidentielle à toutes les personnalités fortes qu’il occupe en ce moment avec une belle vigueur.
Cette présidentialisation est nuisible à la construction d’un programme d’idées qui prend du temps, et qui oblige, dès lors qu’on ne veut pas faire comme Moscovici et les droitiers du parti, c’est-à-dire rendre une copie technocratique écrite à trois ou quatre autour d’une table, ou rendre une copie certes brillante mais trop personnelle comme Arnaud Montebourg, à continuer à plancher en collectif avec l’aspect laborieux que cela induit…

Amitiés socialistes

Boris Compagnon


PS : Je vous transmets cette chronique de l’édition électronique du journal « Le Monde » du 8/12/10

Analyse
Le "mélenchonisme" et le bon usage du populisme


"Je suis le bruit et la fureur." Reprenant William Faulkner, Jean-Luc Mélenchon ne cache pas qu'il veut déranger. Depuis deux mois, le président du Parti de gauche (PG) attaque au lance-flammes le Parti socialiste, développe un discours radicalement antisystème et multiplie les piques contre les médias. Ses anciens camarades le taxent de populisme, l'assimilent même à l'extrême droite. Et pourtant ce nouveau ton, faisant vibrer les souvenirs de la fierté de la classe ouvrière et de ses luttes, attaquant l'"oligarchie" et ses "laquais", porté dans cette posture de tribun façon IIIe République, ça marche. Le "mélenchonisme" a trouvé son public.
Porté par son envie présidentielle, le député européen est parti en campagne. Un jour contre les "patrons hors de prix", le suivant à l'assaut de la "caste médiatico-politique", fulminant encore contre les socialistes "politiquement stériles"... c'est un vrai festival. On l'a vu partout sur les plateaux de télévision, entendu à presque tout ce que le PAF (paysage audiovisuel français) compte d'émissions importantes et aperçu dans tous les défilés contre la réforme des retraites. Il frappe, il cogne et tape souvent juste. Tout en répétant : "Populiste ? J'assume." "Mélenchon" est presque devenu une marque.
Ce profil dérangeant commence à payer. Dans le dernier sondage TNS-Sofres pour Le Nouvel Observateur du 25 novembre, il obtient entre 6 % et 7 %, selon le candidat socialiste en lice. Pour Paris Match, IFOP le donne entre 6 % et 7,5 %. Soit un score égal ou supérieur à celui d'Olivier Besancenot. La campagne n'a pas encore démarré, le candidat du Front de gauche - l'alliance entre le Parti communiste, le Parti de gauche et la Gauche unitaire - n'a même pas été désigné. Mais on sent poindre un réel engouement à la gauche de la gauche.
Le député attire un public nouveau dans ses meetings. Le blog qu'il anime est l'un des plus visités dans la blogosphère radicale. Son livre, Qu'ils s'en aillent tous ! (Flammarion, 142 p., 10 euros), est devenu un best-seller politique. Et son passage à l'émission "Vivement dimanche" a attiré 3,7 millions de téléspectateurs, frôlant l'audience d'une Ségolène Royal. "C'est les petits miracles de la vie", se félicite l'ancien socialiste, qui préfère les "dialogues fracassants" parce que "le consensus c'est la mort".
Après le mouvement sur les retraites, la séquence politique semble propice aux discours radicaux assumés. Le PS prend son temps pour affiner son programme et se querelle sur ses primaires. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), en perte de vitesse depuis un an, n'est plus le seul sur les créneaux de la gauche radicale. Et le PCF tente de donner le change avec André Chassaigne, mais il ne convainc pas.
"Le discours tranchant et singulier de Mélenchon sort des codes et sa voix dissonante est clairement identifiée", remarque Jérôme Fourquet, directeur de l'IFOP. "Son écho est lié au creux du PS, sans leadership fort ni projet crédible", renchérit Stéphane Rozes, président de Conseil analyses et perspective. M. Mélenchon profite du vide à gauche et séduit à la fois les militants en quête d'une alternative au PS et ceux qui veulent le réveiller, le jugeant trop mou.
Et puis, son refrain antimédias rencontre un écho certain. On savait que chez les militants la méfiance vis-à-vis de la presse écrite et audiovisuelle était prégnante. Depuis le référendum de mai 2005, sur le projet de traité constitutionnel européen, où la majorité des médias ont suivi, voire relayé le discours favorable au oui, la défiance est palpable. Avec la crise, elle s'est élargie à des franges moins politisées. "Sa critique des médias est bien fichue. Les attaques contre son populisme ont donné une image d'une corporation qui ne sait pas se remettre en cause", souligne Vincent Tiberj, chercheur au Centre d'études européennes de Sciences Po. M. Mélenchon avait prévenu dès la Fête de L'Humanité, à la mi-septembre : "Ça va secouer !" Il voulait élargir son public. Atteindre les abstentionnistes et ne pas laisser les couches populaires, revenues de tout, au Front national. Mais le président du PG joue gros.
A force d'accentuer les divisions à gauche, de taper comme un sourd sur ses anciens camarades, il s'est attiré des critiques parmi ses alliés. "On ne peut mener une campagne sur le populisme", a prévenu Pierre Laurent, numéro un du PCF. M. Mélenchon risque de brouiller son image alors que l'aspiration à battre la droite est très forte dans l'électorat de gauche. Pour durer, il va falloir sortir d'un positionnement tourné contre le PS, parler à toute la gauche. Et convaincre que, avec lui, le Front de gauche a des solutions.
L'aspirant candidat semble l'avoir entendu. En marge du congrès de son parti le 19 novembre, il a remisé son slogan "Qu'ils s'en aillent tous !", préférant un "je ne suis pas avec le peuple, je suis du peuple". Sa cible au PS s'est recentrée sur le seul Dominique Strauss-Kahn, "bête noire" de la gauche radicale. Mais il prévient : "La violence des réactions me prouve que j'ai tapé juste. Ma manière d'être n'a pas fini de vous dérouter." Pour l'instant, ça marche. Mais il ne devrait pas oublier que le roman de Faulkner se termine mal.
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jeudi 2 décembre 2010

En direct de Varsovie : compte rendu subjectif du conseil PSE

Chers amis,

le conseil PSE a commencé ce matin. Il se déroule dans une atmosphère particulière, la neige tombant abondamment sur la capitale polonaise, certains leaders ou délégations ont du renoncer à leur voyage.

Pour la délégation française, Henri Weber, Catherine Trautman, ou Pouria Amirshahi sont bien présents. Martine Aubry n'a pas fait le déplacement.

Ce matin nous avons eu droit aux inévitables discours d'ouverture :

Les plus remarqués ont été ceux de Martin Schultz, président du groupe au Parlement et de Poul Rasmussen ;

Martin Schulz se montre égal à lui même, révolutionnaire de tribune, il a surement eu les mots les plus durs pour regretter que les leaders sociaux démocrates ne soient pas suffisamment présents à ce conseil, appelant à plus d'offensive et d'unité, stigmatisant le système financier et ses dérives : quel dommage que sa pratique du compromis parlementaire à Bruxelles le rende si peu crédible...Comme le disait avec ironie un de nos camarades de la FFE, c'est bien là le Guy Mollet allemand.

Poul Rasumussen a eu un discours plus équilibré, moins enflammé, mais avec plus de sincérité : il a par exemple martellé l'idée de la responsabilité de la finance dans le déclenchement de la crise, indiquant que la tendance actuelle au renversement fallacieux des responsabilités devait être dénoncée : Aujourd'hui, le discours politique dominant voudrait faire des Etats, désormais endettés, les responsables du déclenchement de la crise...

La crise est bel et bien en train d'aboutir au resserement du champ d'action public, fruit des restrictions budgétaires, tout comme au réveil des populismes : Poul a stigmatisé le racisme ou la xénophobie de certains gouvernements européens de droite actuels ou de leurs alliés parlementaires : l'Italie avec la Ligue du Nord, la Roumanie de Basescu, certains partis flamands de Belgique, et la France...bien que sur ce point Poul ait préféré cité le front national plutôt que Sarkozy (différence de degré ou de nature dans la xénophobie ?)...

Rasmusen a indiqué que les périls pour l'Europe étaient bien réels face aux extrèmismes, et que le "retour en arrière" est toujours possible, alors qu'on croyait le temps des périls pour l'Europe révolu depuis la guerre et l'installation de la paix durable en Europe.

Avoir plus de gouvernements sociaux démocrates est la condition d'un changement de politique européenne à Bruxelles, le programme du PSE étant désormais clair (manifesto) et formant une bonne plateforme de revendications : la taxe financière est la mesure phare de ce programme et le PSE continue à en faire abondamment la promotion.

En coulisse, les camarades permanents au PSE à Bruxelles ont décrit un Poul Rasmussen ayant retrouvé de l'énergie depuis une année, ayant multiplié les déplacements et les rencontres, après une année 2009 où la défaite aux européennes l'avait affecté.

Par contre, nul ne sait aujourd'hui s'il souhaitera être en lice en cas de primaires organisées au niveau des partis du PSE pour la désignation d'un candidat commun pour la présidence de la commission :

La grande affaire de ce conseil est d'arriver à voter le principe de primaires au niveau du PSE et de mettre en place un groupe de travail dès la fin du conseil pour en préciser les contours.

Visiblement tous les partis européens ne sont pas d'accord sur le principe et le contenu des primaires...Le suspense sur ce point est donc entier...

Amitiés socialistes

BorisCompagnon

Willy Brandt intime




Hier sur Arte a été diffusé le documentaire "les deux vies de Willy Brandt", insistant sur la personnalité extrêmement secrète de cet homme politique allemand, le premier chancelier à diriger un gouvernement Social démocrate en Allemagnedepuis la guerre (1969-1974).

Son parcours personnel est celui d'un être solitaire, à l'enfance douloureuse, s’étant construit dans une forme de lutte contre l’adversité permanente...un homme aussi dont l'engagement social-démocrate a commencé très tôt avec son adhésion chez les jeunesses ouvrières socialistes. Willy Brandt est un pseudonyme, adopté quand, résistant, il avait dû quitter l'Allemagne nazie, cet homme traqué ayant eu à s'inventer "une nouvelle identité" pour fuir à la fois les soldats nazis et également son enfance tourmentée. Son parcours a inspiré nombre de ses grands choix de politique intérieure et internationale.

L’ostpolitik a vraiment débuté avec la génuflexion de Varsovie le 7 décembre 1970, le jour où Brandt s’est agenouillé devant le monument aux morts du ghetto, donnant là un signal symbolique fort d’une Allemagne prête à regarder son passé en face, et tendant la main aux pays de l’Est, agissant ainsi pour l'unité de l'Europe. Cette politique internationale lui permis d'avoir le prix Nobel de la paix en 1971.

le documentaire montre aussi comme Brejnev et les soviétiques ont agi, y compris en mandatant des espions en Allemagne de l’Ouest, pour soutenir Brandt dans chacune des crises politiques qu’il a enduré.

Sa démission du poste de Chancelier en 1974, liée à la révélation qu’un de ses plus proches collaborateurs était un espion est allemand, révèle à la fois tout le sens de l’honneur de cet homme, mais aussi la complexité de son rapport avec la réalité :

En démissionnant, Brandt évitait que ses « secrets » privés soient révélés sur la place publique, préférant donc renoncer au pouvoir alors que son action gouvernementale était appréciée, plutôt que d’être confronté à sa part d’ombre.

Ses dernières paroles sur son lit de mort furent pour déshériter ses enfants…comme si la solitude de son destin devait définitivement être scellée aux portes de la mort

Amitiés

Boris Compagnon