mardi 14 décembre 2010

Choses vues au conseil PSE


Chers camarades,

sur le conseil de Varsovie qui s'est terminé vendredi 3 décembre, une rapide analyse politique et des impressions assumant leur subjectivité :

D'abord, et au risque de décevoir, le grand front populaire européenne de gauche que certains appellent de leurs voeux, et qui fait rêver nombre d'entre nous certainement sur ce forum, je ne l'ai pas vu poindre à Varsovie...

J'ai vu certes quelques prémices politiques heureux d'un changement de ton des partis sociaux démocrates :

J'ai trouvé les différents partis d'accord globalement sur l'objectif (changer de politique, faire reculer les populismes, développer une Europe plus sociale, combattre les dérèglements financiers par plus d'interventionnisme et par l'introduction d'une taxation financière), et sur l'analyse de la responsabilité de la crise, essentiellement financière et basée sur le dérèglement et la dérégulation mondiale...

J'ai en revanche constaté peu de convergence politique réelle sur sur les moyens politiques de parvenir à sortir de la crise et à s'unir politiquement :

Il me semblait y avoir une coupure, ou du moins un écart, entre une sorte de pragmatisme social démocrate développé par un Poul Rasmussen, sur la base du "soyons modestes, proches des gens, répondons à leurs préoccupations quotidiennes par des politiques économiques basées sur l'emploi et la protection sociale", en fait une social démocratie à la Scandinave (une sorte de 3eme voix comme tu l'indiques, Yves), et l'aspiration à un changement plus profond, qui toucherait bien sur à l'économique mais aussi aux conditions d'organisation de toute la civilisation occidentale et européenne, réformant l'éducation, la culture, les conditions d'échange entre nations, changeant de structure économique pour intégrer la dimension écologique pleinement, afin de provoquer un changement politique global...

Cette deuxième vision, plus ambitieuse, "la notre", me semble encore malheureusement isolée aujourd'hui au sein du PSE... ou du moins de ses leaders

Les activistes étaient plus audacieux et ouverts aux différentes formes d'expérimentations politiques y compris les plus réformatrices.

La présence d'Henri Weber dans la délégation française, et les développements sur le Juste échange que Weber a pu proposer avec bonheur lors de la dernier convention internationale, donnait le cadre d'un projet possiblement plus ambitieux, où l'Europe accepterait d'être plus protectrice à l'égard des peuples et de l'économie européenne, sans pour autant sombrer dans le protectionnisme le plus égoiste (Cf les paragraphes de la convention international du PS sur les écluses tarifaires temporaires et la relance d'une politique de coopération et d'aide au développement avec les pays les moins avancés qui ne doivent pas payer le prix de notre protection)...

J'ai eu plus de mal à situer les positionnements politiques des Allemands et des Britanniques :

du côté Allemand j'ai dit mon scepticisme face aux foucades de tribune d'un Martin Schultz, sans m'imaginer cependant qu'il représente réellement le coeur du parti SPD allemand...Il faudra regarder comment évolue le parti sous la direction de Sigmar Gabriel...Je me retourne d'ailleurs ici vers mes camarades d'Allemagne qui observent surement avec acuité la situation du pays et du parti social démocrate allemand.

Les britanniques sont encore sous le choc de leur perte de pouvoir et de repères, après les années Blair qui ont désorientées le parti travailliste, et l'intermède Brown qui en était une sorte d'épilogue...C'est du moins mon sentiment.

Parmi les autres grandes nations européennes, les espagnols pansent leurs plaies économiques (Valérie pourrait en parler beaucoup mieux que moi) et j'imagine que Zapatéro et les socialistes d'Espagne n'ont que peu le loisir de penser à l'Europe et à sa relance quand 20% de la population souffre de chomage ou de mal emploi et que le pays vacille...L'espagne est contrainte de rester "le nez dans le guidon" pour employer la métaphore cycliste au pays de Pedro Delgado et de Miguel Indurain.


Nos amis polonais, qui étaient les hôtes du conseil, avaient du mal à développer un discours d'envergure, dans un pays livré à un libéralisme sans grand contrôle où le SLD, le parti de gauche ex communiste, ne pèse que 15% des voix et est distancé par les deux partis dominants, le PIS du frère Kaszynski survivant du binôme (droite conservatrice) et PO (plateforme civique, centre libéral, au pouvoir) : le parti de Donald Tusk occupe aujourd'hui la présidence de la République, le poste de premier ministre et dispose aussi d'une bonne partie du pouvoir local...dans un pays qui est passé au travers de la crise économique en 2010 (pas de récession en Pologne) cela conforte ce pouvoir de centre droit libéral en place qui a gagné récemment sa 6eme ou 7eme élection d'affilée, et dont il ne faut rien attendre en matière idéologique (ce parti est caractérisé par son vide profond d'idéologie à mon sens...). La presse française se trompe d'ailleurs profondément quand elle qualifie PO de parti de centre gauche...ce qui supposerait tout de même un semblant de social démocratisme réformiste qui n'est pas présent dans ce parti.

En conclusion, j'ai eu le sentiment global qu'un grand évènement historique (la crise financière et écologique mondiale) n'arrivait pas à accoucher d'un grand évènement politique...

même si les intentions de changement existent et devraient éviter que les partis politiques européens ne s'enferment dans les impasses des gouvernements de centre gauche molassons et donc dans les pièges d'une troisième voix en forme d'impasse (Cf Blair encore ou l'expérience de retour au pouvoir de Prodi en 2006 qui chute après 20 mois d'une gouvernance de centre gauche hésitante qui remet sur pied Berlusconi), nous demeurons dans le brouillard, comme Fabrice à la bataille de Waterloo, conscient qu'un grand évènement se déroulait autour de lui, mais trop désorienté par la fumée des canons pour discerner une réelle signification à la bataille en cours...

Autant dire que, dans la bataille en cours contre le capitalisme financier sauvage, et contre son allié objectif, le conservatisme de droite, nous n' avons certainement pas encore pris toute la mesure politique de l'évènement au niveau des partis politiques européens dans leur ensemble, bien que le PS ne soit pas le plus mal engagé de tous dans la réfléxion collective pour arriver à guerroyer et gagner la bataille pour l'emploi et pour la relance économique.

Amitiés socialistes

Boris Compagnon

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