mardi 30 juin 2009

Karachigate, une affaire d'Etat ?


Chers tous,

Je vous transmets un article sur le « Karachigate », une possible affaire d’Etat qui éclabousse les rangs de la Droite puisque Edouard Balladur et Jacques Chirac sont notamment directement mis en cause. L’origine de l’attentat qui a couté la mort à onze ingénieurs de l’armement en mission au Pakistan est trouble puisqu’il pourrait s’agir d’une action en représailles à la suspension du versement de commissions (et de rétro commissions) par la France au Pakistan sous fond de rivalités Balladur-Chirac.

Les déclarations récentes de Nicolas Sarkozy qui parle de « fable » sont également troublantes car contredites par les enquêteurs ou par le ministre de la défense de l’époque Charles Millon.

IL est également troublant de constater combien cette affaire reste relativement peu médiatisée pour l’heure alors qu’il s’agit possiblement d’une véritable bombe politique.

Le Parti socialiste et la FFE auraient peut être intérêt à se positionner dès maintenant sur cette affaire bien sombre…en demandant que toute la lumière soit faite sur le rôle des acteurs français agissant en coulisses d’un attentat qu’on a peut être trop vite mis sur le compte exclusif d’Al Qaeda…

Bonne lecture

Boris







http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/1245956641/article/karachigate-vers-une-affaire-detat/



Karachigate" : vers une affaire d'Etat ?

Encore discrètement traitée par la majorité des médias, l'affaire pourrait se révéler être une véritable bombe. Et si une lutte entre Edouard Balladur et Jacques Chirac était à l'origne des quatorze morts (dont onze français) de l'attentat de Karachi au Pakistan, en 2002 ?

Le « Karachigate ». Voilà le nom que l’on commence à donner à l’affaire politico-financière qui pourrait être en lien avec l’attentat de Karachi du 8 mai 2002 – attentat qui coûta la vie à quatorze personnes, dont onze français. Sept ans plus tard, l’affaire pourrait, suite à de récentes révélations, faire des ravages jusqu’au plus haut de l’Etat - et toucher directement Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget d’Edouard Balladur, soupçonné dans certaines versions. Récemment interrogé sur le sujet lors d’une conférence de presse du Conseil européen à Bruxelles, voici ce qu’a répondu Nicolas Sarkozy.


KARACHI 2002 : ONZE FRANÇAIS TUES DANS UN ATTENTAT
Rappel des faits : le 8 mai 2002, à 7h 45 (soit trois jours seulement après la réélection de Jacques Chirac), une bombe explose à Karachi, au Pakistan, sur le passage d’un bus transportant des employés de la Direction des constructions navales français (DCN). Ils travaillent à la réalisation pour le Pakistan de trois sous-marins. Le contrat portant sur ces sous-marins a été signé en 1994 par François Léotard, ministre de la Défense d’Edouard Balladur, et rapporte à la France plus de 800 millions d’euros.

LA PISTE TERRORISTE REMISE EN CAUSE ?

Juste après l’attentat, les autorités pakistanaises accusent un groupe terroriste affilié à Al-Qaeda. En France l’enquête est confiée au juge anti-terroriste Bruguière. Pendant sept ans, la piste d’un attentat terroriste sera retenue par la justice et les médias. Mais l’affaire est aujourd’hui relancée par l’instruction des juges antiterroristes Yves Jannier et Marc Trévidic, qui ont remplacé sur le dossier Jean-Louis Bruguière, et qui accréditent la thèse d’un attentat dont le détonateur pourrait être un règlement de compte franco-français.
Maître Olivier Morice, avocat des victimes françaises de l’attentat de Karachi, a lui aussi récemment créé la polémique en affirmant le 19 juin dernier que la bombe qui a coûté la vie à onze ingénieurs français à Karachi serait le résultat d’un imbroglio politique mettant en cause des politiques français : « La piste cruellement la plus crédible, c’est que l’attentat a eu lieu car la France n’avait pas versé les commissions sur lesquelles elle s’était engagée, dans le cadre de la vente de sous-marins ».


UN REGLEMENT DE COMPTE CHIRAC/BALLADUR ?

Maître Morice va même plus loin, en mettant en avant une possible guéguerre chiraco-balladurienne, concernant un versement de commissions et de rétro-commissions : arrivé au pouvoir en 1995, Chirac aurait en effet fait en sorte que des commissions dealées par les équipe Balladur soient coupées – et les rétro-commission par la même occasion. Le non versement ce ces commissions pourrait alors être à l’origine de l’attentat.


Pour étayer son propos, l’avocat se base sur une note (le rapport « Nautilus ») saisie à la DCN et publié par Mediapart, qui affirme que l'attentat de Karachi pourrait être lié à une affaire de commissions occultes mettant en cause des hommes politiques français. Son auteur : Claude Thévenet, un ancien membre des services secrets français, également ex-employé par la DCN. Selon le rapport « Nautilus » et les dires de Thévenet, des commissions auraient bien été versées à deux « réseaux » locaux chargés de faciliter la mise en place de la construction des trois sous-marin au Pakistan. Des commissions qui auraient pu servir, via des rétro-comission occultes, à alimenter le clan Balladur lors de l’élection présidentielle de 1995.


Lundi 22 juin, le parquet déclare pourtant de son côté que l'enquête antiterroriste sur l'attentat contre des employés de la DCN n’avait pas apporté à ce jour « d'élément objectif » pour le relier à un contentieux franco-pakistanais en marge d'un contrat de fourniture de sous-marins. Si l’existence de commissions semble pouvoir être avéré, il n’existe pour le moment aucune preuve concrète de l’existence de rétro-comissions.


COMMISSIONS, RETRO-COMMISSIONS ?

Lors de la période 1993-1995, on retrouve autour d’Edouard Balladur Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet du Premier ministre. Bazire aurait selon Bakchich autorisé la DCN à créer en 1994 une société offshore basée au Luxembourg et nommé « Heine SAAA », qui aurait eu pour but de gérer des contrats d’ingénierie, et donc servir à verser des commissions et rétro-commissions. Autre membre stratégique de cette « équipe », Nicolas Sarkozy, alors Ministre du Budget , qui à ce titre peut autoriser ou ne pas autoriser les commissions auprès de l’administration douanière. Nicolas Bazire et Nicolas Sarkozy étaient également à cette époque les piliers de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur.


En 1995, juste après son élection à la Présidence, Jacques Chirac aurait décidé, toujours selon le rapport « Nautilus », de ne pas verser ces commissions et « d’assécher les réseaux de financement occultes ». Il aurait chargé Charles Millon, alors Ministre de la Défense, de faire ce travail.


LE TEMOIGNAGE DE CHARLES MILLON

Une information que Charles Millon a confirmé dans une interview accordée à Paris-Match le 25 juin, et dans laquelle il évoque le blocage de certaines rétro-comissions : « Ce qui est certain, c’est que peu après ma nomination au ministère de la Défense, en 1995, Jacques Chirac m’a demandé de passer en revue les différents contrats de vente d’armes en cours et de stopper le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétro-commissions : c’est ce qui a été effectué : chacun d’entre eux a fait l’objet d’une expertise particulière », a ainsi expliqué Charles Millon à Paris-Match.


Une déclaration de Charles Millon que reprend à son compte Maître Olivier Morice, avocat des familles des onze victimes, et joint au téléphone par Rue89 : « La déclaration du Ministre de la Défense de l’époque ne me surprend pas. Nous sommes bien en présence d’une affaire d’Etat. La volonté politique d’arrêter le versement de commissions était due à l’existence de rétro-commissions illicites », dit l’avocat.


LES « CURIEUX OUBLIS » DE L’ENQUETE

En parallèle à ces déclarations de Millon, le journaliste Guillaume Dasquié révèle lui dans l’édition du 25 juin de Libération comment la justice Française a fait part à de « curieux oublis » dans cette affaire des attentats de Karachi.
Selon Dasquié, qui a eu accès au dossier d’instruction, le 2 septembre 2002, Philippe Japiot, patron de la branche internationale de la DCN, aurait écrit au juge Jean-Louis Bruguière pour que sa société se constitue partie civile.



« C’est à raison de l’exécution de ce contrat que les onze ingénieurs et techniciens ont été assassinés dans des conditions particulièrement odieuses et que douze de leurs collègues ont été gravement blessés dans l’exercice de leur mission » écrit Philippe Japiot. Qui poursuit en affirmant que la DCN « se trouvait directement visée par les faits de terrorisme». Et qui conclut ainsi : « C’est parce que DCN-International a conclu et mené à bien le contrat du 21 septembre 1994 que des personnels ont été pris pour cible. »



Dans son article, Guillaume Dasquié évoque aussi le fait que les services américains auraient informé le consulat que la piste d'Al-Qaeda n'était visiblement pas crédible. Mais ces pièces ont été curieusement rayées du dossier judiciaire.

ET SARKOZY DANS TOUT CA ?
Ces informations entretiennent l’idée que l’attentat de Karachi ne serait donc pas lié à un groupe terroriste, mais peut-être être à guéguerre chiraco-balladurienne autour de la présidentielle de 1995, guéguerre qui pourrait alors être responsable de la mort de onze ingénieurs français dans un attentat. Le témoignage de Charles Millon semble aujourd’hui apporter un peu plus de crédit à cette thèse, et peuvent donner à réfléchir sur le rôle de Nicolas Sarkozy en tant que ministre du Budget et sur ses récents propos concernant l’affaire.

Interrogé sur le sujet à Bruxelles le 19 juin dernier, lors de la Conférence de presse du Conseil européen, Nicolas Sarkozy avait en effet publiquement considéré comme « grotesque » et qualifié de « fable » l’idée qui attribuerait l'attentat de Karachi contre les ingénieurs français de la DCN à une suspension du versement de commissions par la France.

FAIBLES REPRISES

« Quand j’ai vu la vidéo j’ai pensé qu’elle allait faire l’ouverture des journaux télé », s’exclame le journaliste d’investigation François Arfi qui, dès septembre 2008, avait sorti sur le site Mediapart l’affaire des versements de commissions et de rétro-commissions qui auraient servi à alimenter la campagne de Balladur lors des élections de 1995. Raté. Les Journaux télé n’ont retenu de l’explosive minute, que les quelques secondes où Sarko parle de « farce ». Côté presse écrite, à l’exception de Libé, le traitement reste assez light. « Je pense qu’on est potentiellement face à une des très grandes affaires de la Ve République », conclut Arfi.

vendredi 26 juin 2009

Les primaires au PS ne rénoveront pas tout : comment "Changer la vie" sociale et la vie dans le parti ?


Chers tous,

Il y a indubitablement un phénomène de fascination qui est en train de naitre pour les primaires ouvertes qui semblent devenir, apparemment, la solution miracle à tous nos maux politiques depuis quelques jours. L e nombre de messages sur le forum sur ce sujet en est un des témoins.

Mais à la suite d’un certain nombre de camarades (dont William, René, ou JY Leconte) je tiens à apporter quelques commentaires, voir quelques réserves politiques qui porteront, non sur le principe même des primaires, mais sur les mesures complémentaires nécessaires pour faire aboutir, enfin, la rénovation de notre parti…entendue comme la rénovation de notre composition sociologique et de nos idées.

La question technique de la désignation d’un candidat à la présidentielle, choix crucial dans un régime à tendance présidentialiste marquée, ne doit pas cacher les mesures à prendre pour sortir enfin de l’incantation vide sur la rénovation (dont nous entendons parler depuis 1993…au moins) pour rentrer dans l’ère des changements en profondeur. Deux questions de fonds doivent être tranchées avant l’entrée dans le processus de désignation des primaires.

A ces deux questions j’apporterai quelques propositions politiques de bon sens, qui sans être particulièrement originales, pourraient permettre de sortir de l’ornière profonde où nous semblons enlisés collectivement.

Les bonnes idées nous les connaissons toutes et tous. Tout comme nous connaissons malheureusement le manque de courage pour changer l’ordre des choses à Solférino…

La claque des Européennes a certainement créé les conditions objectives d’un sursaut, une sorte de reflexe de survie qui devrait inciter nos élites au courage qui leur a tant fait défaut ces dernières années…

*Comment imposer un projet de changement social avant l’organisation des primaires ?

La principale lacune de notre parti est de ne plus porter de projet global de changement de société. Nous réussissons laborieusement à bâtir, à la hâte, des programmes techniques dans les périodes pré électorales, mais ceux-ci manquent généralement de profondeur, ne contiennent aucune mesure phare de changements (qui serait capable de résumer en deux – trois mesures saillantes le programme présidentiel des candidats Jospin ou Royal ?) , et sont le fruit opportuniste des états majors électoraux des candidats plus soucieux d’afficher une communication politique maquillée sous les atours de la gauche que de proposer aux militants de trancher sur les principaux choix de société afin de bâtir un projet politique capable de « changer la vie »

Sur un certain nombre de questions clés, il est quasi impossible de connaître la position nette du PS, car l’essentiel des questions clivantes, questions politiques essentielles, sont occultés soit par paresse intellectuelle soit par crainte d’introduire de nouvelles failles idéologiques dans notre parti : connaissez vous par exemple la position du parti sur les questions suivantes ? :

Une politique d’immigration alternative est elle possible et comment ? Faut-il être fédéraliste pour relancer l’Europe sociale ? Qu’est ce que l’ordre juste et comment l’appliquer ? Faut il partager le temps de travail pour créer des richesses et lutter contre le fléau du chômage et le drame des exclusions dans une période de crise mondiale ? Doit-on introduire une politique protectionniste au niveau européen ? doit on passer à une 6ème république parlementaire ? comment transformer l’école en une machine à produire de l’égalité ? l’Etat moderne est il seulement un Etat modeste ? Comment défendre nos services publics au niveau national et européen ? Quelle réforme fiscale appelons-nous de nos vœux ? Une politique étrangère de gauche est elle possible ? Doit-on sortir d’un schéma économique productiviste pour introduire une croissance verte ?

Sur toutes ces questions nous ne connaissons pas réellement la position officielle du parti qui n’a pas su trancher ces questions en son sein alors que ces questions ont été généralement posées parmi nous…mais qu’aucune ligne politique ou réponse politique globale sous forme de projet de changement social n’a pu aboutir …


Je crains, comme René, que le choix d’un homme ou d’une femme pour porter nos couleurs à la présidentielle ne résoudra pas la question du programme de gouvernement sauf à se résigner à ce que ce soient les états majors des candidats au primaire qui porteront seuls la définition du programme présidentiel ce qui serait contraire à la tradition démocratique de notre parti qui voit les militants investis de ce rôle.

De plus, Il y a le risque évident, dans un régime effectivement présidentialiste, où l’élection présidentielle intervient avant les législatives et où le président est indéboulonnable et irresponsable politiquement (au sens qu’aucune motion de censure ne peut l’amener à la démission), que le programme présidentiel ne se transforme jamais en programme de gouvernement. Avec un programme conçu comme un simple cap général non impératif, une vague référence politique qui sera vite oubliée dès lors que le prétexte de la rigueur ou l’excuse du pragmatisme nécessaire dans le gouvernement des affaires de la France seront mis en avant.

Les militants du PS seront donc, dans l’élaboration du programme et dans le suivi de son application, définitivement enfermés dans le rôle de spectateurs, comme les soldats serviles d’un parti croupion du candidat président ou comme un banal réservoir de supporters appuyant sur commande sur le bouton poussoir des primaires pour le temps d’un vote à 2 euros (Cf le message de William Gueraiche)…

Il me semble nécessaire d’abord qu’une convention se tienne en 2010 pour définir les contours de notre projet politique : à nous militants de définir par un vote préalable si cette convention prendra la forme d’états généraux de la gauche ou si elle sera réservée aux militants du PS.

Ensuite, les candidats aux primaires auront la possibilité de se positionner sur ce programme qui aura vocation à devenir notre plate forme d’idées communes à la gauche

Il me semble, comme le suggérait Jean Yves Leconte, qu’il faudrait donner toute la place aux syndicats dans ce travail de réflexion et d’écriture d’un projet, quitte à provoquer une profonde révolution de la tradition syndicale de notre pays qui sépare la démocratie sociale de la démocratie politique en instaurant une indépendance syndicale héritée du début du siècle dont on doit interroger aujourd’hui la pertinence

La condition nécessaire pour bâtir un projet de changement social, reposerait donc sur l’équation suivante : les idées d’abord, le choix des candidats pour les porter, ensuite.

A titre complémentaire, et pour avoir une chance de voir ce projet politique appliqué en cas d’élection présidentielle, nous devons imposer un changement de régime ou en tout cas sortir du « ni-ni institutionnel » actuel : rappelons que dans un authentique régime présidentiel, il y a, pour contrebalancer le poids d’un exécutif fort, un puissant parlement pour contrôler et même limiter les pouvoirs du président (Cf aux USA où les parlementaires votent sur l’engagement du pays en cas de conflit, ont des pouvoirs budgétaires extrêmement forts et ont un pouvoir d’enquête renforcé). Les avantages d’un régime parlementaire sont eux connus, puisque le chef de l’exécutif doit répondre de sa politique devant le parlement, et que ce sont les élections législatives qui permettent de dégager une majorité politique et de donner un mandat clair aux gouvernants.

Je n’ai pour ma part aucun choix définitif sur le changement de régime que le PS devrait porter, même si la 6ème république développé par le NPS est clairement parlementaire et que ce travail de réflexion déjà avancé devra être pris en compte dans notre reflexion. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’il n’y a aucune garantie dans le système actuel qu’un projet de gouvernement fruit du travail militant soit appliqué par un président de gauche élu, étant donné le faible poids institutionnel des élus et la faiblesse militante au sein de notre parti.

Ouvrir les rangs de notre parti aux militants syndicaux, en faire un vrai parti de militants sociaux et politiques donnerait un poids puissant au parti qui serait de nature à influencer un président élu, président soumis au contrôle d’un parlement qui devrait être renforcé (qu’on soit pour un régime présidentiel ou parlementaire)

*Comment changer le parti ?

- Sortir du modèle SFIO et introduire de l’hétérogénéité sociale à tous les niveaux…

Le congrès d’Epinay avait voulu tourner la page de la SFIO et donner du poids politiques aux militants face aux élus en instaurant un large renouvellement des cadres.

Des règles simples mais draconiennes avaient ainsi été mises en place alors comme l’interdiction faite aux maires d’occuper les fonctions de secrétaire de section, ou la limitation du poids des élus locaux dans les instances nationales avec quota à l’appui.

Rémi Lefebvre a montré dans son livre « la société des socialistes » que le poids des élus est désormais devenu massif dans notre parti capable de gagner les élections locales mais qui se fracasse sur les consultations nationales en devenant alors une somptueuse machine à perdre : un parti où l’âge moyen des parlementaires, en hausse, est de 54 ans, où le nombre d’élus ayant commencé « leur carrière » dans les années 80 est encore majoritaire, où l’homogénéité de classe porte aux responsabilités des cadres supérieurs en priorité, où le cumul des mandats fait encore des ravages, un parti où les charges politiques semblent se transmettre parfois entre héritiers, entre grands féodaux et en toute connivence…Un parti donc désespérément fermé sur lui-même…

Avec moins de trois militants pour un élu, nous sommes redevenus la SFIO en un peu plus de 30 ans …avec une maire de grande ville à notre tête, qui fait certes de son mieux, mais qui doit composer avec un emploi du temps d’élu à Lille accaparant une grande partie de son temps, avec, à tous les niveaux, des élus locaux accaparés par la charge de gestion que représentent les mandats dans des collectivités territoriales, et qui ont généralement peu de temps pour s’investir dans les débats et les impératifs de l’animation de sections et fédérations PS…qu’ils ne renoncent pas pour autant à investir dans une optique de contrôle…

Nous vidons donc progressivement le parti de son sens premier, celui de fournir des idées nouvelles, de dégager à chaque niveau politique une ligne politique claire, d’être au contact des mouvements sociaux, de situer les lignes de force qui traversent notre société pour les faire bouger, d’être un lieu de socialisation politique et de formation militante, un lieu aussi de sélection pour les élections mais selon des critères clairs de désignation…

Le rôle donc d’un laboratoire et d’un creuset d’idées, d’une école des cadres et de désignation des candidats conçus comme des portes paroles du parti...

Là aussi, deux règles simples à introduire pour faire changer l’ordre des choses : le mandat unique à tous les niveaux et la limitation du nombre de mandats dans la durée.

Ces mesures portent en elles un potentiel de renouvellement de nos cadres important…

Pour conclure, car j’ai déjà été trop long, l’idée d’une primaire ouverte ne doit pas être la seule idée innovante de notre parti…qui a besoin de beaucoup plus de changements pour sortir de sa tendance naturelle au délitement…

Je reste de ceux qui croient encore possible un réveil…de la belle assoupie qu’est devenue notre grande maison depuis tant d’années…

Les primaires ouvertes sont une piqure aux fesses du parti. De celles qui imposent un mouvement. Mais pour nous mettre en mouvement, il faudra administrer d’autres remèdes, et des plus radicaux.

Amitiés fraternelles
Boris

mercredi 3 juin 2009


La politique culturelle européenne introuvable ? Des maisons européennes de la Culture comme lieu possible d’incarnation de l’identité culturelle européenne



Depuis le traité de Maastricht, la gestion de la Culture a été reconnue, non sans mal devant la résistance des Etats, comme un domaine communautaire auquel deux objectifs sont assignés: l’épanouissement des cultures des Etats membres, ainsi que la mise en évidence d’un héritage culturel européen.



Un fragile équilibre existe entre ces deux objectifs qui peuvent se révéler contradictoires dans leur mise en œuvre : Miser sur la promotion de la diversité culturelle en mettant en avant les cultures régionales et locales ou insister sur la singularité culturelle européenne face au reste du monde ne relèvent pas des mêmes logiques : Dans un cas, on cherchera les éléments de distinction culturelle des nations ou des peuples en mettant en avant la variété de leurs richesses culturelles entendues au sens large, patrimoines historiques et littéraires, langues nationales, cultures populaires ou folklores locaux, alors que dans l’autre, on cherchera au contraire à mettre en avant ce qui les relie, en insistant souvent sur les grands noms et les grandes œuvres du patrimoine littéraire ou artistique européen. Il y a là deux visions et donc deux projets politiques potentiels bien différents, quoi que complémentaires.



A l’ambigüité des objectifs s’ajoute la faiblesse des moyens communautaires puisque le programme communautaire Culture (2007-2013) dispose de 57 millions d’euros par an soit 0.04 % du budget communautaire pour améliorer la circulation transfrontalière des artistes et des œuvres ainsi que le dialogue interculturel. Même si l’on ajoute la part des fonds structurels qui aide la constitution de projets culturels locaux (estimée à environ 400 millions d’euros en 2002 par la délégation pour l’UE du Sénat en France), on n’atteint pas tout à fait les 0.5% du budget communautaire destinés à la Culture. C’est essentiellement donc sous l’angle symbolique que l’UE tente d’enraciner l’idée d’une culture européenne partagée, à travers par exemple le choix médiatisé de Capitales européennes de la Culture depuis 1999 ou par la remise des plus confidentiels « prix européens ».



Alors que la France est reconnue comme une puissante nation culturelle, la présidence française de l’Union Européenne n’a pas placé la Culture parmi les thèmes prioritaires à traiter, et la gestion nationale des politiques culturelles semble donc fortement privilégiée par ce pays, notamment, au nom de son exception culturelle. De forts enjeux diplomatiques nationaux restent attachés à la politique culturelle extérieure des principales nations d’Europe qui est un élément du rayonnement de ces nations dans le monde.



Le traité de Lisbonne s’il était adopté, placerait d’ailleurs la Culture dans les champs de coopération communautaire où la règle de l’unanimité prévaudra. La règle de l’unanimité rendra donc difficile les initiatives partagées pour un renforcement d’une politique culturelle européenne car il existe des conceptions distinctes de la Culture au niveau européen, celle-ci étant vue plutôt comme une activité relevant d’initiatives privées dans les pays anglo-saxons, comme une activité destinée à être gérée par l’échelon régional en Allemagne, ou comme un élément important de la politique nationale et internationale de la France.



Au niveau de la commission européenne, le portefeuille de la Culture est dilué avec d’autres thématiques portées par le commissaire Jan Figel comme l’Education, la formation ou la jeunesse. Et on voit donc qu’un risque réel existe de cantonner la Culture au niveau européen à quelques initiatives symboliques et de ne pas s’investir totalement pour bâtir une véritable politique culturelle européenne qui serait dès lors introuvable.



Agir pour la reconnaissance d’une identité culturelle européenne à travers des maisons de la Culture Européenne ?



Etre un européen convaincu c’est ne pas se résigner à voir l’Europe traiter la Culture comme une question de deuxième ordre. Ou à laisser uniquement aux réseaux des instituts culturels nationaux la gestion politique et diplomatique des diverses cultures européennes présentées hors de leur pays d’origine.



Donner de la chair à une identité culturelle européenne serait par exemple mettre en place des maisons de la Culture européenne qui pourraient être des lieux d’incarnation possibles.



Elles pourraient être le lieu de présentation d’une « galerie de portraits » de grandes figures de la culture européenne mêlant grands penseurs et figures littéraires légendaires où Goethe, Erasme ou Copernic côtoieraient Achille, Faust, Don Juan ou Don Quichotte.



Ces maisons européennes de la Culture auraient vocation à incarner la présence de l’identité culturelle européenne dans des lieux phares de l’UE. Elles seraient ainsi des têtes de pont de notre Culture européenne vers les pays où le rayonnement Culturel de l’Union Européenne peut sembler essentiel. On imagine tout l’intérêt que pourrait avoir l’installation d’une maison de l’Europe en Chine, aux USA ou dans une grande capitale culturelle Africaine pour ne prendre que quelques exemples évidents.



Elles permettraient de sortir des logiques culturelles nationales pour enseigner en quoi la civilisation européenne est originale, elle qui se fonde sur l’héritage Gréco-romain, sur l’humanisme des lumières, sur la force du droit comme modalité de régulation sociale, et sur la confrontation entre philosophie laïque et héritage chrétien sur le partage des affaires temporelles et spirituelles. Le dialogue permanent et complexe avec la civilisation islamique présente sur le sol européen dans les Balkans ou dans le Sud de l’Espagne pendant des siècles devrait également être mis en exergue, car la culture islamique constitue un des éléments d’identité de nombreux citoyens européens aujourd’hui, et ce lien culturel a pu enrichir et innerver notre culture européenne commune.



La campagne actuelle pour l’élection du parlement européen atteint sa dernière extrémité cette semaine. Quand en temps de crise mondiale la Culture reste un refuge possible pour des citoyens européens soucieux d’oublier leurs difficultés matérielles, ne serait il pas temps que les principaux partis de la gauche européenne se saisissent d’une relance de l’action culturelle Européenne ? La balle est dans notre camp.

Boris