mardi 30 juin 2009

Karachigate, une affaire d'Etat ?


Chers tous,

Je vous transmets un article sur le « Karachigate », une possible affaire d’Etat qui éclabousse les rangs de la Droite puisque Edouard Balladur et Jacques Chirac sont notamment directement mis en cause. L’origine de l’attentat qui a couté la mort à onze ingénieurs de l’armement en mission au Pakistan est trouble puisqu’il pourrait s’agir d’une action en représailles à la suspension du versement de commissions (et de rétro commissions) par la France au Pakistan sous fond de rivalités Balladur-Chirac.

Les déclarations récentes de Nicolas Sarkozy qui parle de « fable » sont également troublantes car contredites par les enquêteurs ou par le ministre de la défense de l’époque Charles Millon.

IL est également troublant de constater combien cette affaire reste relativement peu médiatisée pour l’heure alors qu’il s’agit possiblement d’une véritable bombe politique.

Le Parti socialiste et la FFE auraient peut être intérêt à se positionner dès maintenant sur cette affaire bien sombre…en demandant que toute la lumière soit faite sur le rôle des acteurs français agissant en coulisses d’un attentat qu’on a peut être trop vite mis sur le compte exclusif d’Al Qaeda…

Bonne lecture

Boris







http://www.lesinrocks.com/actualite/actu-article/t/1245956641/article/karachigate-vers-une-affaire-detat/



Karachigate" : vers une affaire d'Etat ?

Encore discrètement traitée par la majorité des médias, l'affaire pourrait se révéler être une véritable bombe. Et si une lutte entre Edouard Balladur et Jacques Chirac était à l'origne des quatorze morts (dont onze français) de l'attentat de Karachi au Pakistan, en 2002 ?

Le « Karachigate ». Voilà le nom que l’on commence à donner à l’affaire politico-financière qui pourrait être en lien avec l’attentat de Karachi du 8 mai 2002 – attentat qui coûta la vie à quatorze personnes, dont onze français. Sept ans plus tard, l’affaire pourrait, suite à de récentes révélations, faire des ravages jusqu’au plus haut de l’Etat - et toucher directement Nicolas Sarkozy, alors ministre du Budget d’Edouard Balladur, soupçonné dans certaines versions. Récemment interrogé sur le sujet lors d’une conférence de presse du Conseil européen à Bruxelles, voici ce qu’a répondu Nicolas Sarkozy.


KARACHI 2002 : ONZE FRANÇAIS TUES DANS UN ATTENTAT
Rappel des faits : le 8 mai 2002, à 7h 45 (soit trois jours seulement après la réélection de Jacques Chirac), une bombe explose à Karachi, au Pakistan, sur le passage d’un bus transportant des employés de la Direction des constructions navales français (DCN). Ils travaillent à la réalisation pour le Pakistan de trois sous-marins. Le contrat portant sur ces sous-marins a été signé en 1994 par François Léotard, ministre de la Défense d’Edouard Balladur, et rapporte à la France plus de 800 millions d’euros.

LA PISTE TERRORISTE REMISE EN CAUSE ?

Juste après l’attentat, les autorités pakistanaises accusent un groupe terroriste affilié à Al-Qaeda. En France l’enquête est confiée au juge anti-terroriste Bruguière. Pendant sept ans, la piste d’un attentat terroriste sera retenue par la justice et les médias. Mais l’affaire est aujourd’hui relancée par l’instruction des juges antiterroristes Yves Jannier et Marc Trévidic, qui ont remplacé sur le dossier Jean-Louis Bruguière, et qui accréditent la thèse d’un attentat dont le détonateur pourrait être un règlement de compte franco-français.
Maître Olivier Morice, avocat des victimes françaises de l’attentat de Karachi, a lui aussi récemment créé la polémique en affirmant le 19 juin dernier que la bombe qui a coûté la vie à onze ingénieurs français à Karachi serait le résultat d’un imbroglio politique mettant en cause des politiques français : « La piste cruellement la plus crédible, c’est que l’attentat a eu lieu car la France n’avait pas versé les commissions sur lesquelles elle s’était engagée, dans le cadre de la vente de sous-marins ».


UN REGLEMENT DE COMPTE CHIRAC/BALLADUR ?

Maître Morice va même plus loin, en mettant en avant une possible guéguerre chiraco-balladurienne, concernant un versement de commissions et de rétro-commissions : arrivé au pouvoir en 1995, Chirac aurait en effet fait en sorte que des commissions dealées par les équipe Balladur soient coupées – et les rétro-commission par la même occasion. Le non versement ce ces commissions pourrait alors être à l’origine de l’attentat.


Pour étayer son propos, l’avocat se base sur une note (le rapport « Nautilus ») saisie à la DCN et publié par Mediapart, qui affirme que l'attentat de Karachi pourrait être lié à une affaire de commissions occultes mettant en cause des hommes politiques français. Son auteur : Claude Thévenet, un ancien membre des services secrets français, également ex-employé par la DCN. Selon le rapport « Nautilus » et les dires de Thévenet, des commissions auraient bien été versées à deux « réseaux » locaux chargés de faciliter la mise en place de la construction des trois sous-marin au Pakistan. Des commissions qui auraient pu servir, via des rétro-comission occultes, à alimenter le clan Balladur lors de l’élection présidentielle de 1995.


Lundi 22 juin, le parquet déclare pourtant de son côté que l'enquête antiterroriste sur l'attentat contre des employés de la DCN n’avait pas apporté à ce jour « d'élément objectif » pour le relier à un contentieux franco-pakistanais en marge d'un contrat de fourniture de sous-marins. Si l’existence de commissions semble pouvoir être avéré, il n’existe pour le moment aucune preuve concrète de l’existence de rétro-comissions.


COMMISSIONS, RETRO-COMMISSIONS ?

Lors de la période 1993-1995, on retrouve autour d’Edouard Balladur Nicolas Bazire, alors directeur de cabinet du Premier ministre. Bazire aurait selon Bakchich autorisé la DCN à créer en 1994 une société offshore basée au Luxembourg et nommé « Heine SAAA », qui aurait eu pour but de gérer des contrats d’ingénierie, et donc servir à verser des commissions et rétro-commissions. Autre membre stratégique de cette « équipe », Nicolas Sarkozy, alors Ministre du Budget , qui à ce titre peut autoriser ou ne pas autoriser les commissions auprès de l’administration douanière. Nicolas Bazire et Nicolas Sarkozy étaient également à cette époque les piliers de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur.


En 1995, juste après son élection à la Présidence, Jacques Chirac aurait décidé, toujours selon le rapport « Nautilus », de ne pas verser ces commissions et « d’assécher les réseaux de financement occultes ». Il aurait chargé Charles Millon, alors Ministre de la Défense, de faire ce travail.


LE TEMOIGNAGE DE CHARLES MILLON

Une information que Charles Millon a confirmé dans une interview accordée à Paris-Match le 25 juin, et dans laquelle il évoque le blocage de certaines rétro-comissions : « Ce qui est certain, c’est que peu après ma nomination au ministère de la Défense, en 1995, Jacques Chirac m’a demandé de passer en revue les différents contrats de vente d’armes en cours et de stopper le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétro-commissions : c’est ce qui a été effectué : chacun d’entre eux a fait l’objet d’une expertise particulière », a ainsi expliqué Charles Millon à Paris-Match.


Une déclaration de Charles Millon que reprend à son compte Maître Olivier Morice, avocat des familles des onze victimes, et joint au téléphone par Rue89 : « La déclaration du Ministre de la Défense de l’époque ne me surprend pas. Nous sommes bien en présence d’une affaire d’Etat. La volonté politique d’arrêter le versement de commissions était due à l’existence de rétro-commissions illicites », dit l’avocat.


LES « CURIEUX OUBLIS » DE L’ENQUETE

En parallèle à ces déclarations de Millon, le journaliste Guillaume Dasquié révèle lui dans l’édition du 25 juin de Libération comment la justice Française a fait part à de « curieux oublis » dans cette affaire des attentats de Karachi.
Selon Dasquié, qui a eu accès au dossier d’instruction, le 2 septembre 2002, Philippe Japiot, patron de la branche internationale de la DCN, aurait écrit au juge Jean-Louis Bruguière pour que sa société se constitue partie civile.



« C’est à raison de l’exécution de ce contrat que les onze ingénieurs et techniciens ont été assassinés dans des conditions particulièrement odieuses et que douze de leurs collègues ont été gravement blessés dans l’exercice de leur mission » écrit Philippe Japiot. Qui poursuit en affirmant que la DCN « se trouvait directement visée par les faits de terrorisme». Et qui conclut ainsi : « C’est parce que DCN-International a conclu et mené à bien le contrat du 21 septembre 1994 que des personnels ont été pris pour cible. »



Dans son article, Guillaume Dasquié évoque aussi le fait que les services américains auraient informé le consulat que la piste d'Al-Qaeda n'était visiblement pas crédible. Mais ces pièces ont été curieusement rayées du dossier judiciaire.

ET SARKOZY DANS TOUT CA ?
Ces informations entretiennent l’idée que l’attentat de Karachi ne serait donc pas lié à un groupe terroriste, mais peut-être être à guéguerre chiraco-balladurienne autour de la présidentielle de 1995, guéguerre qui pourrait alors être responsable de la mort de onze ingénieurs français dans un attentat. Le témoignage de Charles Millon semble aujourd’hui apporter un peu plus de crédit à cette thèse, et peuvent donner à réfléchir sur le rôle de Nicolas Sarkozy en tant que ministre du Budget et sur ses récents propos concernant l’affaire.

Interrogé sur le sujet à Bruxelles le 19 juin dernier, lors de la Conférence de presse du Conseil européen, Nicolas Sarkozy avait en effet publiquement considéré comme « grotesque » et qualifié de « fable » l’idée qui attribuerait l'attentat de Karachi contre les ingénieurs français de la DCN à une suspension du versement de commissions par la France.

FAIBLES REPRISES

« Quand j’ai vu la vidéo j’ai pensé qu’elle allait faire l’ouverture des journaux télé », s’exclame le journaliste d’investigation François Arfi qui, dès septembre 2008, avait sorti sur le site Mediapart l’affaire des versements de commissions et de rétro-commissions qui auraient servi à alimenter la campagne de Balladur lors des élections de 1995. Raté. Les Journaux télé n’ont retenu de l’explosive minute, que les quelques secondes où Sarko parle de « farce ». Côté presse écrite, à l’exception de Libé, le traitement reste assez light. « Je pense qu’on est potentiellement face à une des très grandes affaires de la Ve République », conclut Arfi.

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