mercredi 29 septembre 2010

Resté à Quai - à propos du Quai de Ouistreham de F. Aubenas

Le livre de Florence Aubenas, décrit des situations révoltantes, celle du « précariat » et des fameux travailleurs pauvres, qui tout en possédant un emploi, généralement fragile et mal rémunéré, vivent une situation d’exclusion…

A ce propos, une lectrice du blog m'écrit...


"c’est un livre tragique qui décrit des hommes et des femmes qui se battent au quotidien pour quelques heures de travail pour pouvoir manger des boites de conserve.

C’est la France de Zola, qui sent la pluie, la boue, la sueur, la violence, l’humiliation, et l’espoir perdu.

Mais en Face, il y a aussi ces rires et plaisanteries d’ouvrières, ces volontés absolues de travailler, ces amitiés, ces pudeurs aussi.

Ce livre est une leçon de vie !

Une France d’aujourd’hui qui se heurte à nos peurs… peurs que cela nous touche également… comme si la précarité pouvait être une maladie, une contagion !

Je suis tout simplement effarée et effrayée de voir que nous vivons dans un même pays.

Il y a donc bien la France d’en Haut et celle d’en Bas ! Que d’inégalités !"

amitiés
Boris

vendredi 24 septembre 2010

l'Europe selon ma grand mère - à propos de la convention internationale et Européenne du Parti Socialiste


Chers amis,

Hier ma grand-mère fêtait ses 80 ans en Provence ; Je l’ai appelé pour lui dire toute mon affection…

Une conversation téléphonique s’est engagée, sur la vie, le temps qui passe, sur l’éloignement géographique de l’expatriation, et sur les témoignages d’amour que l’on se porte malgré la distance…

Soudain, alors que je ne m’y attendais pas, la conversation a pris un tour…politique…et européen :

Ma grand-mère sait que je réside le Week-end à Bruxelles et que je milite politiquement avec des camarades de l’Europe toute entière.

Elle m’a donc dit que « j’avais bien de la chance de connaître des gens « importants » à la Commission à Bruxelles ». Elle venait juste d’adresser, la mort dans l’âme, une demande de subvention pour « prime à l’arrachage » des deux hectares de vigne de Côtes du Rhône que nous possédons dans notre famille depuis un bon siècle, et qu’elle n’arrive plus à faire cultiver, faute d’exploitants, l’activité n’étant aujourd’hui plus du tout rentable…

Les « côtes du Rhône village » ont subi, comme d’autres vignobles moins protégés par des AOC de prestige, la concurrence frontale des vins du « nouveau monde » dans une économie mondiale dérégulée…

Ma grand-mère a ainsi pu exprimer dans notre conversation téléphonique une vision d’une grande sagesse politique, que je vous livre avec mes mots :

- l’Europe est perçue très largement comme une bureaucratie, puissante et lointaine.

- Son rôle principal, quasi unique pour ma grand-mère, semble être la délivrance de subventions, notamment dans le domaine agricole.

- L’Europe est une économie ouverte, peu protectrice pour les marchés européens.

A l’heure où nous allons bientôt discuter du texte sur la convention internationale et européenne en section, je défendrai auprès des camarades de la section de Varsovie et du Conseil fédéral, tout amendement capable de proposer une vision plus sociale, plus humaine et plus démocratique de l’Europe. Je dois bien cela à ma grand-mère…

Certes, le texte de la convention marque un retour de la gauche à ses fondamentaux européens : la nécessité d’une directive sur les services publics y est inscrite noir sur blanc. La notion de « juste échange », base d’un protectionnisme européen, y figure en toute lettre, et son application introduirait donc des écluses sociales et environnementales aux frontières de l’Europe sur les produits d’économies peu soucieuses des normes. Ce sont là les deux mesures fortes de ce texte.

Cependant, ce texte ne va pas assez loin. Il pose la question du « pourquoi » (pourquoi le monde ou l’Europe fonctionnent mal), pose la question du « que faire ? » (pour que l’Europe et le Monde fonctionnent plus justement) mais ne se pose pas suffisamment la question du « comment » (comment faire pour politiquement créer les conditions du changement) et du « avec qui » (provoquer le changement)…

La question du rapport de force social européen n’y est pas évoquée, on creuse assez peu la question de la complexité institutionnelle européenne qui rend illisible un système où le PSE et le PPE se partagent le pouvoir en co-gestion parlementaire quel que soit le résultat électoral sorti des urnes…On ne tranche pas non plus la question cruciale de l’élargissement et donc du centre politique et géographique de l’Europe, en évacuant « la question qui fâche » (entre ténors du PS), celle de la Turquie.

Tous à nos plumes, donc, pour écrire des amendements nombreux sur ces questions, pour aller plus loin vers une Europe sociale et plus humaine, et surtout pour ne plus avancer seuls et de manière isolée au niveau franco-français, sur ces questions…

Un PSE s’assumant pleinement à gauche dans un super programme « manifesto » rénové et beaucoup plus audacieux serait surement une première entrée possible pour répondre aux questions du « comment » et de l’« avec qui »…Désigner politiquement un candidat commun de la gauche européenne pour la présidence de la Commission, en engageant un processus de primaires au sein du PSE, serait également un bon élément de réponse politique. Assumer aussi un rôle d’opposition minoritaire et déterminé au sein du Parlement, ne plus siéger politiquement à la Commission quand on a perdu les élections européennes, serait surement une manière de rendre la vie politique européenne beaucoup plus lisible qu’aujourd’hui. Gouverner à gauche l’Europe quand nous redeviendrons majoritaires serait la garantie d’une réforme sociale des législations européennes appliquées dans nos 27 pays membres...introduire la mobilisation sociale au niveau des syndicats européens, coordonner nos journées d’action et nos revendications sur des problématiques aussi essentielles que les retraites, le salaire minimum européen, les législations du travail protectrice, serait aussi un gage de succès social possible.

Puisse ma grand-mère voir ces changements aboutir de son vivant…


Amitiés socialistes

Boris

dimanche 19 septembre 2010

Ils sont tombés par terre, c'est la faute à...





Une réponse à la sénatrice Claudine Lepage, qui a fait une intervention remarquable au Sénat sur le navrant amendement voté par la majorité de droite, de suspension des allocations familiales aux familles dont les enfants pratiquent l'absentéisme scolaire.

Chère Claudine,

merci réellement pour la transmission de ton intervention au Sénat qui rappelle très pédagogiquement certaines réalités sur l'absentéisme scolaire et le décrochage, sur les stratégies d'évitement des élèves en difficulté face à l'apprentissage, sur les absents cognitifs, pourtant présents en classe, mais fermés au savoir :

Sur ce dernier point, il n'est que se rappeler le dernier plan illustratif du film "entre lesmurs" où une jeune élève vient signifier au professeur de français incarné par François Begaudeau, qu'elle n'a rien appris en classe à l'issue de l'année écoulée. A la réponse du professeur incrédule :"mais tu as bien retenu quelque chose ?" l'élève répond, avec une gène palpable, mais sans détour : "non rien". Etre présent en classe, mais rien en retirer, voilà une image cinématographique symbole d'une école qui reste pour certains un système trop codé et ne permet pas un égal accès au savoir par tous.

Je milite à titre personnel pour une rénovation de la carte des disciplines scolaires pour une simplification qui fasse davantage sens aux yeux d'élèves déroutés par le "morcellement des savoirs", en particulier lors du crucial passage du primaire au collège lors de l'arrivée en sixième où s'expriment souvent lourdement les premiers décrochages majeurs (réforme pour une bidisciplinarité des enseignants autour de 4 ou 5 poles d'enseignements distincts)

En lisant ton intervention, on mesure aussi combien la réponse répressive du gouvernemement sur les questions éducatives est profondément navrante :

Pour avoir assisté en tant que membre d'une direction de collège de Banlieue dans le Val de Marne, à plusieurs "conseils de discipline", je peux témoigner personnellement du désarroi des familles convoquées aux côtés de leurs enfants : l'équation absentéisme scolaire+ difficultés sociales dans les familles = difficultés d'apprentissage est malheureusement souvent la première étape du tristement fameux "décrochage scolaire" qui met des adolescents dans les rues, et les livre donc très jeune à l'échec d'une sortie de l'école sans diplome, et plus grave, sans apprentissage, sans clés de compréhension du monde et de la société, sans savoir pour s'y guider, sans compétence pour s'y insérer.

Il est évident que la "pénalisation des familles" par l'Etat ne sera qu'une stigmatisation sociale supplémentaire qui ne pourra que renforcer le sentiment des adolescents en décrochage de ne plus croire aux capacités de l'institution scolaire, de se défier d'une école pourtant là pour les aider à renouer avec un cursus scolaire apaisé.

"ils sont tombés par terre, ce n'était pas la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, pas même la faute à Rousseau" mais la faute aux inconséquences répressives en matière éducative, véritables "crimes contre la jeunesse" !

Amitiés associatives

Boris




Mme Claudine Lepage : M. Le ministre, les professionnels de l’éducation s’accordent à dire que l’élément déterminant dans la lutte contre l’absentéisme scolaire réside dans la relation avec le professeur. Logique empathique, tutorat, travail en réseau, suivi individuel…voilà ce qui fonctionne pour faire renouer un élève avec l’assiduité scolaire. Et non la stigmatisation et la culpabilisation par l’argent. Jamais vous ne restaurerez l’autorité de parents dépassés ou désemparés, par le biais de la suspension – suppression des allocations familiales. L’autorité parentale ne se monnaie pas. Ni le goût de l’école d’ailleurs ! Vous avez déjà dû faire marche arrière avec la fameuse cagnotte. Après la carotte, vous utilisez maintenant le bâton… qui est tout aussi inefficace ! Nous sommes totalement opposés à cette instrumentalisation de l’argent comme moteur d’une pseudo responsabilisation.
Votre dispositif répressif, qui ne vise que la seule présence en classe, ignore totalement ce qu’on appelle les « absents cognitifs ». La présence physique ne fait pas la présence aux apprentissages. Il ignore tout autant les stratégies d’évitement mises en œuvre par les élèves en souffrance à l’école : être présent physiquement dans l’établissement mais aller le plus souvent possible à l’infirmerie quand on a évidemment la chance de bénéficier de la présence d’une infirmière dans l’établissement. Or ces comportements appellent des interrogations essentielles pour qui veut vraiment lutter contre l’échec scolaire ? Comment redonner envie d’apprendre à des élèves qui ne comprennent pas le sens des apprentissages, le sens de ce qui leur est demandé en classe ? Pour lesquels la relation à la culture scolaire voire à la communauté scolaire même est problématique ?

Avec ces questions nous touchons au cœur de la problématique de l’absentéisme scolaire. Nous ne le réduirons pas si nous n’apportons pas un panel de réponses pragmatiques et diversifiées, centrées sur l’acte pédagogique et sur le suivi par la communauté éducative au sens large, des élèves qui ont le désamour de l’école. L’ennui à l’école, l’impression de ne pas pouvoir y trouver sa place, voilà le point de départ de l’absentéisme scolaire, auquel peut s’ajouter des difficultés familiales de tous ordres.

Vous allez nous répondre, Monsieur le Ministre, par votre nouveauté de la rentrée et une énième annonce : le « programme CLAIR ». Il s’inscrit dans la continuité des états généraux de la sécurité à l’école et a été présenté comme un outil de lutte contre la violence scolaire. Faut-il donc rappeler qu’il s’adresse aux élèves perturbateurs, et non pas aux décrocheurs ? Là encore vous êtes dans la stigmatisation.

Tout comme les internats de réussite, ou la nouvelle organisation des rythmes scolaires, ce programme ne s’adressera qu’à une infime portion d’élèves. Une politique d’expérimentations sur des publics ciblés et très limités ne fait pas une politique éducative d’égalité des chances. Elle accentue même les inégalités car c’est sur les moyens destinés à la masse des établissements extérieurs à toute expérimentation que sont pris ceux destinés aux « happy few ». Sans parler de l’assouplissement de la carte scolaire qui aboutit à la ghettoïsation des établissements les plus fragiles…

Quant à la prévention de l’échec scolaire, vous nous répondrez « plan de prévention de l’illettrisme ». M. Le Ministre, le meilleur plan de prévention de l’illettrisme, et surtout le plus efficace, c’est la préscolarisation à l’école maternelle, tout particulièrement pour les enfants les plus éloignés de la culture scolaire.

L’étendue et la diversité du vocabulaire d’un enfant sont la condition sine qua non d’une bonne entrée dans la lecture. L’école maternelle joue un rôle fondamental dans l’acquisition et la maîtrise de ce vocabulaire.

C’est là que doit se réduire l’écart entre des enfants qui entrent en maternelle avec un nombre de mots acquis déjà important, une maîtrise de la langue orale déjà conséquente et les autres. Après, c’est déjà trop tard.

M. le Ministre, vous faites fausse route. L’objectif de notre école républicaine doit être la réussite de tous. Un objectif de justice sociale, d’émancipation et de promotion collective, qui ne peut être atteint que par une politique éducative de réduction des inégalités ambitieuse. C'est pourquoi, mes chers collègues, nous vous demandons la suppression de l'article 2 de cette proposition de loi.

--CLAUDINE LEPAGE

Vichy hier, la République aujourd'hui - sur la qualification politique des dérives du gouvernement





A la suite de la publication de mon message sur les "forces et limites de l'indignation", un camarade de Washington, René, a indiqué que la responsabilité du gouvernement aujourd'hui dans l'évacuation des Roms, et plus importante que celle de Vichy dans la déportation des juifs, Vichy n'ayant pas eu de réelle indépendance souveraine face au diktat Allemand.

Ma réponse pose les limites des comparaisons historiques, et rappelle, que si la République aujourd'hui souffre des incartades du gouvernement, de son populisme, il ne saurait être question de qualifier de fasciste, ou de Vichyste, la politique gouvernementale actuelle, même si cette dernière fait reculer l'état de droit et les libertés publiques.


Cher René, Chers tous,

merci pour ta réaction et précision sur Vichy et la rafle du Vel d'Hiv.

Là encore l'encre historique n'est pas encore sec sur cette question. Le débat est encore souhaitable et possible, et je partage le rappel que tu exprimes, d'un Etat Vichyste ayant agi sous contrainte, mettant en oeuvre par volonté d'indépendance un antisémitisme d'exclusion, même si je crois que je mettrai des responsabilités beaucoup plus accablantes que tu ne le fais sur les épaules des responsables de l'Etat français, et notamment par exemple sur un Pierre Laval capable de distinguer entre les juifs français et les juifs étrangers, pour se "débarasser" clairement de ces derniers :

"Vichy par lacheté et par intérêt s'est rendu complice des Nazis, mais la volonté de tuer n'était pas présente à Vichy. Cela ne veut pas dire qu'il faut exonérer Vichy. Un quart des juifs doivent leur perte au régime de Vichy, et trois quart doivent leur vie à la population française" c''est la conclusion d'une conférence donnée par Serge Klarsfeld le 17 février 2010 à Varsovie.

Klarsfeld a pu préciser que les français se sont réveillés de leur léthargie au moment où l'on a touché aux femmes et aux enfants. Les protestations, les résistances de la population pour empécher les rafles se sont multipliées, ce qui a été déterminant car l'Etat vichyste a senti l'opinion publique vent debout contre les déportations et a du changer d'attitude.

J'en viens maintenant au parallèle avec la situation d'aujourd'hui : j'ai eu beaucoup d'échanges avec des camarades sur la question de la qualification de la politique actuelle du gouvernement, et plus largement, sur l'état de la République aujourd'hui en France :

Au risque de me répéter auprès des camarades qui m'ont déja entendu sur cette question, j'indique qu'il n'y a pas d'analogie possible avec le fascisme d'Etat pratiqué en Italie, avec la politique de l'Etat de Vichy agissant sous contrainte allemande et victime de "l'idéologie française" décrite en son temps par bernard Henri Lévy, et donc que la politique française actuelle ne saurait être qualifiée de fasciste, ce qui n'est à mon sens qu'un excès langagier, qu'elle n'a pas réellement de soubassement idéologique fort, et qu'elle est avant tout le signe d'un pouvoir aux accents populiste, qui par opportunisme électoral s'en prend aux "étrangers" en agitant le foulard rouge sécuritaire et qui n'hésite pas non plus, par absence de culture juridique, à faire reculer l'état de droit en piétinant certaines les libertés publiques :

Oui l'Etat de droit a subi de nombreux accrocs ces dernières années, et les libertés publiques me semblent en recul : liberté de la presse, avec une indépendance des journalistes qui subit les lois économiques de groupe de presse aux mains des puissants, liberté d'expression qui chancèle, quand on voit des citoyens inquiétés pour leurs propos quand ils sont relatifs au gouvernement et au président de la République, liberté d'aller et venir, qui est aujourd'hui au coeur de l'affaire des Roms ou les gens du voyage pris pour cible dans leur mode de vie nomade. Les gardes à vue se multiplient, la police est soumise à la loi du chiffre et de la rentabilité, la RGPP, révision des politiques publiques en forme de réduction générale de l'Etat, affaiblit bien des politiques sociales, éducatives et culturelles, sur le mode d'un Etat démissionnaire, un Etat qui n'assure plus que difficilement sa mission élémentaire de protection des plus faibles, de recherche de plus d'égalité pour tous, d'éducation à la citoyenneté.

La justice a été affaiblie également, et son indépendance n'est plus que très relative, tant les pouvoirs des magistrats du parquet ont été augmentés, tant les juges d'instruction ont été privés de la plupart de leurs compétences.

Le parlement est également plus que jamais victime du parlementarisme majoritaire et aux ordres, qui donne à la majorité en place le pouvoir de passer en force sur la plupart des textes de lois.

Tout ces éléments font que nous avons aujourd'hui, surement, une République française très largement affaiblie, un état de droit en recul, une France peu à peu marginalisée à l'échelon international ou européen.

Cependant, qu'on ne me fasse pas croire que nous serions revenus en 1940, et qu'un péril fasciste ou nazi nous menace. Les français ont appris de leur histoire sur les bancs de l'école, ils connaissent les malheurs inouis provoqués par Vichy, ils n'oublient pas aussi les crimes de la République qui, en Algérie, dans les" colonies françaises" a également fait verser le sang et n'a donc pas, elle non plus, les mains propres. Leur vigilance historique est réelle. Il n'y aura pas de retour vers ce passé honteux en France.

Si le pays légal ne correspond plus au pays réel en 2010, il sera temps, en 2012, et par notre vote, de remettre en phase ces deux France.

Et d'ici là, la mobilisation de tous, la mobilisation des esprits, la mobilisation dans la rue aux côtés des syndicats, la vigilance citoyenne au quotidien, nous permettront de nous faire entendre très largement d'un gouvernement qui ne saurait plus longtemps rester aveugle et sourd au malaise des français qui ne se retrouvent plus dans une politique actuelle contraire à nos valeurs républicaines...

la République glorieuse des Jaurès, Gambetta et Mendès, cette République qui nous honore, nous l'avons dans le coeur, et c'est notre plus grande liberté, celle qu'on ne pourra jamais nous ravir.

Amitiés socialistes

Boris


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Boris,



Globalement d’accord avec toi. Juste une petite précision toutefois : cette comparaison entre l’expulsion des Roms et les déportations en France sous l’Occupation est d’autant moins justifiée que d’une certaine façon (je dis bien « d’une certaine façon »), ce qui se passe est actuellement encore plus accablant pour nous. Car nous sommes ici en présence d’un Etat libre et souverain.

On oublie souvent de préciser que la fameuse rafle du Vel d’Hiv en 1942 a été voulue, décidée, et imposée par les Allemands à un Etat fantoche, dans un pays occupé. Les autorités de Vichy furent horrifiées quand les Allemands, sous la direction d’Heydrich, présentèrent leurs exigences. L’antisémitisme d’Etat sous Vichy était un antisémitisme d’exclusion de la communauté nationale, de discrimination, de stigmatisation. Mais en aucun cas il ne visait à déporter, et encore moins à exterminer les Juifs. Par ailleurs, le Gouvernement de Vichy refusa le port de l’étoile jaune pour les Juifs en zone libre (moins par conviction, il est vrai, que par crainte des réactions de l’opinion publique). Certes, parmi les antisémites français sous Vichy, il y avait quelques extrémistes, genre Darquier de Pellepoix ; mais la quasi totalité d’entre eux considéraient les Nazis comme des fous furieux et des malades mentaux.

Le drame du Vel d’Hiv, et de ce qui a suivi, est essentiellement lié à la politique de Collaboration, et non à l’antisémitisme d’Etat de Vichy. Les autorités vichystes, voyant qu’elles ne pouvaient pas éviter cette déportation, ont proposé de faire le travail à la place des Allemands car ils ne voulaient pas que ces derniers s’immiscent dans les affaires de police sur le territoire national. L’immense paradoxe de cette affaire, c’est que c’est la volonté d’indépendance de Vichy par rapport à l’occupant (totalement illusoire bien sûr) qui a amené à faire effectuer la rafle par la police française. C’est malheureux à dire, mais quelqu’un comme Bousquet pensait sincèrement servir son pays en agissant comme il l’a fait. D’où le drame affreux, dont d’ailleurs nous ne nous sommes toujours pas remis, 70 ans après.


René

mercredi 15 septembre 2010

forces et limites de l'indignation : à propos de la stigmatisation des Roms


Chers tous,

La Commission européenne a eu parfaitement raison de tancer sévèrement le gouvernement français au sujet de la circulaire administrative stigmatisant clairement les Roms.

DE LA FORCE DE L INDIGNATION

La force de l’indignation, à l’échelle européenne et hexagonale soulevée par cette malheureuse affaire aura permis aux citoyens européens et français de donner d’ailleurs une réalité morale à la Commission, gardienne des traités et donc pouvant faire appel au juge européen pour la bonne application de leurs principes, loin de l’image systématique d’une super bureaucratie uniquement productrice de normes techniques et obscures. Nous avons là une Europe qui prend ses responsabilités politiques et il faut s’en féliciter.

DES LIMITES DE l’INDIGNATION - ANACHRONIQUE

En revanche, en tant qu’historien de formation, je réfute tout raccourci historique en rapport avec la seconde guerre mondiale ; Je veux donc évoquer ici les limites de l’indignation quand elles aboutissent à l’anachronisme historique ou aux comparaisons erronées ou politiquement trop faciles : une expulsion de Roms, même stigmatisante et abusive, ne peut se comparer ni par nature ni par échelle à l’extermination programmée des Roms pendant la deuxième guerre mondiale.

La commissaire Viviane Reding a commis malheureusement une maladresse historique quand elle affirme « J'ai été personnellement interpellée par des circonstances qui donnent l'impression que des personnes sont renvoyées d'un Etat membre juste parce qu'elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l'Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la Deuxième guerre mondiale »


Si expulser des Roms sur la seule base de leur appartenance ethnique est un acte moralement et juridiquement inadmissible, politique honteux, ce n’est en rien un acte fasciste ou nazi, comme malheureusement la commissaire Reding peut le laisser supposer dans sa déclaration.

DE l’UTILISATION TROP SYSTEMATIQUE DU REGIME DE VICHY COMME REFERENCE HISTORIQUE UNIQUE

Par ailleurs, à mon sens, la comparaison avec le régime de Vichy ne doit pas constituer la borne unique de référence historique en France chaque fois que l’on s’indigne et recherche des parallèles historiques, comme on a un peu trop tendance à le faire sur certains forums politiques de gauche quand on évoque la stigmatisation des Roms :

La République française sous la 4eme et 5eme République a eu malheureusement beaucoup de chose à se reprocher en s’en prenant en fait ou en droit à des minorités « ethniques » : ainsi les algériens-musulmans sous le régime de l’Algérie française étaient considérés, en droit, comme des citoyens de deuxième ordre. En octobre 1961, la République n’a pas hésité à ordonner à son préfet Maurice Papon, de fait, de réprimer des manifestants pro-algériens dans le sang…On pourrait aussi donner des exemples de ce que la République française a pu faire de mal, dans les DOM-TOM contre les populations locales en matière de répression ou de stigmatisation de l’autre, d’infériorisation de certaines catégories de population…

La stigmatisation de minorités ethniques n’a donc pas subitement cessé après la seconde guerre mondiale par la seule grâce de la construction européenne et elle n’est donc pas, loin s’en faut, une spécialité française. La paix d’une Europe sans guerre, n’a jamais été synonyme parfait de paix des esprits et des cœurs, surtout quand le populisme s’en mêle

Jacques Julliard dans son livre « pour repartir du pied gauche » indique d’ailleurs qu’il n’y a plus de périls nazis ou fascistes dans nos sociétés, très largement éduquées et renseignées sur les horreurs de ces régimes pendant la seconde guerre mondiale, même si des groupes ou groupuscules nazis et facistes (la distinction est importante sur un plan historique) existent ça et là, mais sans possibilité réelle de prise de pouvoir.

UNE UTILISATION POPULISTE DE LA PEUR A STIGMATISER

Il y a par contre clairement une utilisation populiste de la peur de l’autre par certains pouvoirs politiques en Europe, par pur électoralisme opportuniste. En Italie le Berlusconisme nous en donne un aperçu régulier, tout comme certains partis Flamands séparatistes, ou des partis en Europe Centrale qui tels le PIS en Pologne ou certains partis de droite en Hongrie ou Roumanie, ont pu utiliser la peur de l’autre comme une arme politique, sans pouvoir forcément être classés à l’extrême droite de l’échiquier politique, mais en se rendant coupable de dérives par rapport aux principes républicains ou constitutionnels inscrits dans le marbre des lois nationales ou européennes de nos démocraties.

UN AVERTISSEMENT CITOYEN QUI FERA DATE

En conclusion, Il me semble que l’avertissement européen, l’indignation collective suscitée en Europe mais aussi en France bien au-delà du seul peuple de gauche, feront date dans notre histoire, à condition que l’indignation suscitée par cette affaire ne prenne pas la pente de l’anachronisme historique.

Au final, les français montreront à cette occasion qu’ils ne sont pas le peuple xénophobe qu’une caricature facile voudrait voir en eux, et qu’il reste encore beaucoup de Républicains prêts à promouvoir la patrie des droits de l’homme que nous chérissons tous, une terre de France fraternelle et accueillante qui est bien réelle.

Amitiés

Boris

mardi 7 septembre 2010

Flaubert, Les Bohémiens et la Haine...


G. Flaubert, lettre à G. Sand, 12 juin 1867 (Correspondance, éd. de la Pléiade tome 5, pp. 653-654) "(...) Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. — Voilà la troisième fois que j’en vois — Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la Haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols — Et j’ai entendu de jolis mots à la Prud’homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre.C’est la haine que l’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au poète — Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère — Il est vrai que beaucoup de choses m’exaspèrent. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton. (…) »

A propos de l'initiative de soutien de DSK, "Antoine Pinay c'est moi"







chers tous,

Au sein de la fédération des français de l'étranger du PS, deux sénateurs et un groupe de militants ont pris l'initiative de lancer un comité de soutien à la candidature de DSK. Nous avons été un certains nombre à trouver cette initiative prématurée et mal venue : les socialistes doivent penser à batir leur projet d'idées avant de désigner celle ou celui qui le portera et le défendra.

Un camarade des Etats Unis, René F., a pu interpeller publiquement le sénateur Richard Jung, à l'initiative du comité de soutien pro DSK pour critiquer vertement le procédé. René F. a pu ainsi analyser "qu'à défaut de pouvoir diffuser les idées et la parole de Strauss Kahn, on va essayer de faire monter la mayonnaise. On va créer une attente, raconter une histoire. Et cette histoire, on la connait, c’est un grand classique de la vie politique française : c’est le fameux truc de l’homme providentiel. Dans les années 30, il y avait la version de droite et réactionnaire de l’homme providentiel. Le slogan de l’époque : « C’est Pétain qu’il nous faut ». Maintenant, c’est fait, nous avons une version de gauche et démocratique de l’homme providentiel : « C’est Strauss Kahn qu’il nous faut ». Comme quoi, on n’arrête pas le progrès".

Le mythe de l'homme providentiel est une figure récurrente de la vie politique française. De Napoléon, à Pétain, en passant par Antoine Pinay, on retrouve ce mythe politique, particulièrement présent en période de crise politique, sociale ou morale...

Je reviens donc dans le texte d'aujourd'hui sur le mythe politique d'Antoine Pinay, à laquelle une candidature DSK pourrait s'apparenter.

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Chers tous

La référence à l'homme providentiel est un des grands mythes politiques par excellence, décrit par Raoul Girardet, historien français dans son classique "mythes et mythologies politique"

C'est une lecture qui a participé de la formation du jeune étudiant en sciences politiques que j'ai été jadis.

Le "mythe du sauveur"dont Pétain est identifié comme une figure majeure, au même titre qu'Antoine Pinay d'ailleurs, qui est cité dans le livre, a donc une grande place dans le panthéon d'idées français. Et c'est comme cela que j'ai perçu la référence de notre camarade René, sans penser une seconde que DSK pourrait être un tenant de l'idéologie frelatée du "travail famille patrie"...René, mais on le connait très bien, joue cependant avec adresse de l'ambiguité, en esprit fin et ironique qu'il est authentiquement :

Antoine Pinay est la figure politique par excellence du bon gestionnaire rassurant, du bon père de famille, de l'homme qui possède la science économique, qui plait au marché et sait en imposer aux puissances économiques qui gouvernent le pays et l'Europe d'alors.

Les grands emprunts Pinay, en 1952 et 1958, laissèrent ainsi son nom dans l'histoire, tout comme le passage au nouveau franc qu'il organisa en tant que ministre des finances du général De Gaulle.

Nous devons donc puiser dans les trésors de notre culture politique, pour regarder avec distance tout mythe du sauveur organisé; Un mythe que l'on ressort souvent en temps de crise et de doute profonde (avec d'ailleurs ses corollaires, le mythe de l'age d'or, ou celui de l'unité...). Jacques Julliard dans "pour repartir du pied gauche", n'a t il pas analysé la crise actuelle comme une crise de civilisation qui a mis à bas les valeurs qui fondaient notre société (et que je veux voir comme celle de l'égalité, et de la fraternité...)


Notre culture politique, celle notamment de ceux qui comme moi viennent au départ de la "deuxième gauche", a toujours préféré s'attacher d'abord aux idées avant de penser au choix des hommes pour les incarner.

Je constaterai simplement, et pour en revenir à DSK dans cette conclusion, que notre "socialiste du FMI" (laformule étant déja sujette à controverse tant cette institution a contribué à la mise en place de politiques libérales) s'est gardé de toute intervention publique trop fréquente dans le champ du débat public ces dernières années, et qu'on ne connait ni ses intentions, ni a fortiori les bases de son programme détaillé d'action ou d'idées à l'heure qu'il est...Certes, certains lui font confiance, et DSK de s"écrier en se rasant le matin, devant sa glace, "Antoine Pinay, c'est moi".

Finalement, à deux ans du terme de 2012, et alors que le projet socialiste ne sera connu qu'en Mars comme nous l'a annoncé Martine Aubry, nous en sommes finalement réduits à commenter des rumeurs...et nous avons surement mieux à faire : par exemple lire le texte sur la convention internationale qui est discuté aujourd'hui en BN !!

Amitiés socialistes

Boris

Remerciements suite à l'élection du Samedi 28 Aout (Assemblée générale ADFE-FDM à Paris)




Chers françaises et français du Monde,

je voudrais exprimer ici toute ma reconnaissance pour celles et ceux qui m'ont fait confiance en me permettant d'entrer au conseil d'administration de notre association lors de notre assemblée générale du samedi 28 Aout.

Les membres du Conseil d'administration ont désigné leurs représentants au sein du Bureau national, et j'y siègerai pour m'occuper des secteurs culturels et sociaux.

Qu'il me soit donné de remercier particulièrement Mona, qui n'a pas ménagé sa peine pour m'apporter conseils et soutien lors de l'assemblée générale et qui me « passe le témoin » sur le secteur culturel dont elle aura assumé la responsabilité avec efficacité.

J'associerai également à mes remerciements François Nicoulaud, qui en décembre 2006, alors que je venais de m'installer en Pologne après quatre années à l'ile Maurice, m'avait soufflé l'idée de relancer les activités associatives en Pologne, et avait pu éclairer mon analyse sur le réseau culturel français, lui qui en a été un des plus hauts représentants au sein du Quai d'Orsay.

Monique Cerisier Ben guiga, notre présidente, Elisabeth, notre secrétaire général, m'ont fait également l'honneur de leur confiance, et je tacherai de m'en montrer digne.


Enfin, mes amis Pascale Seux et Jean Yves Leconte, ma chère Helene Conway, mon épouse delphine qui a été une brillante présidente de la section de Pologne jusqu'à ce mois de juin, Anne qui lui a succédé, ainsi que tous les membres de la section ADFE/FDM de Pologne, sont naturellement associés à ces remerciements.


Les sections qui ont pu soutenir ma candidature, que je ne citerai pas dans le détail, mais à qui j'ai pu directement adresser mes remerciements, sont aussi ici au centre de ma reconnaissance.

En Belgique, qui est désormais ma « résidence secondaire », je sais que je trouverai de nombreux amis. Je pense aussi à ceux d'Afrique et de Maurice, mon ancien pays de résidence tant aimé, et à mes amis nord américains.

J'arrêterai là la salve des remerciements qui , j'en ai bien conscience, est en train de transformer ce message en discours digne de la cérémonie des Césars ;)

Je suis tout simplement heureux d'entrer au sein d'un collectif compétent et expérimenté, j'apprendrais certainement beaucoup de mes pairs, tout en apportant ce que je crois être mon expertise sur les secteurs dont j'ai désormais la charge, et ma conviction de militant associatif particulièrement déterminé.


Mes huit années d'exercice professionnel dans le secteur culturel français de l'étranger trouveront je l'espère à s'employer, tout comme ma sensibilité « sociale » représentant des personnels au sein du MAE qui m'ont permis de développer une base de connaissance sur un domaine vaste que je devrais explorer avec l'aide de celles et ceux qui possèdent une expérience avancée sur ce secteur.

J'essaierai d'être à l'écoute de toutes et tous, et de faire avancer les dossiers au sein d'un Bureau national et d'un conseil d'administration riches de leurs talents tout en restant en contact avec nos sections de l'étranger, riches de leur diversité humaine et militante.

Avec toutes mes amitiés associatives et de gauche


Boris