vendredi 24 septembre 2010

l'Europe selon ma grand mère - à propos de la convention internationale et Européenne du Parti Socialiste


Chers amis,

Hier ma grand-mère fêtait ses 80 ans en Provence ; Je l’ai appelé pour lui dire toute mon affection…

Une conversation téléphonique s’est engagée, sur la vie, le temps qui passe, sur l’éloignement géographique de l’expatriation, et sur les témoignages d’amour que l’on se porte malgré la distance…

Soudain, alors que je ne m’y attendais pas, la conversation a pris un tour…politique…et européen :

Ma grand-mère sait que je réside le Week-end à Bruxelles et que je milite politiquement avec des camarades de l’Europe toute entière.

Elle m’a donc dit que « j’avais bien de la chance de connaître des gens « importants » à la Commission à Bruxelles ». Elle venait juste d’adresser, la mort dans l’âme, une demande de subvention pour « prime à l’arrachage » des deux hectares de vigne de Côtes du Rhône que nous possédons dans notre famille depuis un bon siècle, et qu’elle n’arrive plus à faire cultiver, faute d’exploitants, l’activité n’étant aujourd’hui plus du tout rentable…

Les « côtes du Rhône village » ont subi, comme d’autres vignobles moins protégés par des AOC de prestige, la concurrence frontale des vins du « nouveau monde » dans une économie mondiale dérégulée…

Ma grand-mère a ainsi pu exprimer dans notre conversation téléphonique une vision d’une grande sagesse politique, que je vous livre avec mes mots :

- l’Europe est perçue très largement comme une bureaucratie, puissante et lointaine.

- Son rôle principal, quasi unique pour ma grand-mère, semble être la délivrance de subventions, notamment dans le domaine agricole.

- L’Europe est une économie ouverte, peu protectrice pour les marchés européens.

A l’heure où nous allons bientôt discuter du texte sur la convention internationale et européenne en section, je défendrai auprès des camarades de la section de Varsovie et du Conseil fédéral, tout amendement capable de proposer une vision plus sociale, plus humaine et plus démocratique de l’Europe. Je dois bien cela à ma grand-mère…

Certes, le texte de la convention marque un retour de la gauche à ses fondamentaux européens : la nécessité d’une directive sur les services publics y est inscrite noir sur blanc. La notion de « juste échange », base d’un protectionnisme européen, y figure en toute lettre, et son application introduirait donc des écluses sociales et environnementales aux frontières de l’Europe sur les produits d’économies peu soucieuses des normes. Ce sont là les deux mesures fortes de ce texte.

Cependant, ce texte ne va pas assez loin. Il pose la question du « pourquoi » (pourquoi le monde ou l’Europe fonctionnent mal), pose la question du « que faire ? » (pour que l’Europe et le Monde fonctionnent plus justement) mais ne se pose pas suffisamment la question du « comment » (comment faire pour politiquement créer les conditions du changement) et du « avec qui » (provoquer le changement)…

La question du rapport de force social européen n’y est pas évoquée, on creuse assez peu la question de la complexité institutionnelle européenne qui rend illisible un système où le PSE et le PPE se partagent le pouvoir en co-gestion parlementaire quel que soit le résultat électoral sorti des urnes…On ne tranche pas non plus la question cruciale de l’élargissement et donc du centre politique et géographique de l’Europe, en évacuant « la question qui fâche » (entre ténors du PS), celle de la Turquie.

Tous à nos plumes, donc, pour écrire des amendements nombreux sur ces questions, pour aller plus loin vers une Europe sociale et plus humaine, et surtout pour ne plus avancer seuls et de manière isolée au niveau franco-français, sur ces questions…

Un PSE s’assumant pleinement à gauche dans un super programme « manifesto » rénové et beaucoup plus audacieux serait surement une première entrée possible pour répondre aux questions du « comment » et de l’« avec qui »…Désigner politiquement un candidat commun de la gauche européenne pour la présidence de la Commission, en engageant un processus de primaires au sein du PSE, serait également un bon élément de réponse politique. Assumer aussi un rôle d’opposition minoritaire et déterminé au sein du Parlement, ne plus siéger politiquement à la Commission quand on a perdu les élections européennes, serait surement une manière de rendre la vie politique européenne beaucoup plus lisible qu’aujourd’hui. Gouverner à gauche l’Europe quand nous redeviendrons majoritaires serait la garantie d’une réforme sociale des législations européennes appliquées dans nos 27 pays membres...introduire la mobilisation sociale au niveau des syndicats européens, coordonner nos journées d’action et nos revendications sur des problématiques aussi essentielles que les retraites, le salaire minimum européen, les législations du travail protectrice, serait aussi un gage de succès social possible.

Puisse ma grand-mère voir ces changements aboutir de son vivant…


Amitiés socialistes

Boris

2 commentaires:

  1. Cher Boris,

    Une campagne Europeenne pour des primaires au PSE est en cours avec plus de 1800 soutiens individuels, 4 MEPs et des politiciens nationaux comme Pierre Moscovici. Voici la page Facebook de la campagne:
    http://www.facebook.com/group.php?gid=139773746044558
    Questions:
    Le texte de la convention "International et Europe" est-il en ligne. Y a-t-il une chance pour qu'un amendement en faveur de primaires soit adopte?

    George Brunt

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  2. Cher George,

    je viens de voir seulement aujourd'hui ton commentaire. Difficile de savoir si un amendement aurait été possible sur la question fondamentale des primaires. Je sais qu'il sera difficile, meme au sein du conseil PES de décembre, de faire adopter une primaire par toutes les composantes du PES. C'est pourtant une bonne manière de doper les scores électoraux et d'intéresser les européens aux institutions de l'UE que de leur proposer un candidat commun PSE pour la succession de Barroso.
    Amitiés

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