vendredi 26 mars 2010

Le Gaullisme social, mort et enterré ? Sur Dominique de Villepin




Qui propose ?

« D’abroger le bouclier fiscal, de rédiger une charte pour réduire l’écart entre les salaires, d’augmenter la plus haute tranche d’impôt sur le revenu » ?

Martine Aubry ? Benoit Hamon ?

Non. Dominique de Villepin (cité par Libé) qui présentait hier les grandes lignes de son projet politique, inspiré d’un Gaullisme social bon teint, à l’appui du lancement de son « mouvement politique » en création.

Bien entendu Gallouzeau propose également de réduire les déficits publics au passage (cela ne mange pas de pain), et là c’est plus le fantôme d’Antoine Pinay qui est invoqué au baptême politique de ce nouveau parti de Droite.


Pourtant, que De Villepin se réfère au mythe du bon gestionnaire placide de l’Etat ou à la légende du Gaullisme social, il est toujours difficile de croire un homme de droite quand il prétend défendre une politique de justice sociale/

On se souvient parfaitement de Dominique de Villepin premier ministre d’un Chirac en fin de règne. Le deuxième mandat Chirac ayant incarné l’immobilisme le plus absolu, tout en ayant réussi à fédérer contre lui une très large partie de la jeunesse et de la société civile lors des mouvements anti-CPE.

Que l’on pense que le Gaullisme social est mort il y a quelque semaines avec la disparition de Philippe Séguin, qu’on le croit disparu, il y a 10 ans, avec le passage de vie à trépas d’un Jacques Chaban Delmas, il nous faut peut être craindre « le radical socialisme potentiel » d’un Villepin qui pourrait parler un langage de gauche en période électorale pour préparer une politique traditionnellement de droite.

Si ce positionnement politique ne ferait pas du bien à une candidature socialiste du centre de type DSK (mais faut il s’en plaindre ?), on peut cependant se féliciter que Nicolas Sarkozy ait trouvé un adversaire coriace dans son propre camp, et qu’une lutte fratricide soit de nature à diviser durablement la Droite ; Cependant, comme la division historique entre Chirac et Balladur n’avait pu accoucher d’une victoire de gauche aux présidentielles de 1995, la gauche étant sortie affaiblie des années Mitterrand, on ne peut uniquement se gargariser des divisions de l’adversaire pour parier sur nos victoires potentielles tant que nous n’aurons pas repris durablement des couleurs dans notre propre camp.

Compagnons, Camarades, il est temps de se retrousser les manches pour bâtir un projet socialiste cohérent en 2010.

Alors que les régionales sont passées, il serait certainement temps de parler aujourd’hui un peu plus ouvertement des conventions thématiques qui se préparent, semble t il, dans une trop grande discrétion qui n’est pas des plus réjouissantes…

Amitiés depuis « la gauche de la bordure » ;)


Boris

lundi 22 mars 2010

Scepticisme critique des militants PS pendant la campagne des régionales ?




Alors qu'on vient de nous annoncer une belle victoire de la gauche en ce dimanche d'élection, un article, écrit avant la proclamation des résultats, sur un scepticisme possible critique des militants PS de la FFE (fédération des français de l'étranger du PS). Ce message a été adressé en réponse au Sénateur Richard Yung, qui déplorait une certaine atonie de nos échanges publics à la fédération, sur ces régionales.


Cher Camarade,

tu as certainement raison de nous rappeler l'intérêt de voter pour le scrutin de dimanche et notamment l'objectif de réinventer la gauche au passage.

Dommage tout de même que l'on n'ait pas pensé également à réinventer la démocratie locale et régionale au passage. Il y a eu une grande faiblesse de contre proposition du PS au projet porté par la droite d'introduire des conseillers territoriaux : ce projet, s'il passe en l'état, conduira d'ailleurs les conseillers régionaux pour lesquels on votera dimanche, à s'effacer à terme devant un nouveau type d'élu, désigné sur des bases cantonales, donc sur les bases d'un découpage, le canton, qui ne correspond que très peu à un "espace vécu". Le professeur de Science politique Rémi Lefebvre ne s'y est d'ailleurs pas trompé, qui voit dans cette réforme un "impensé démocratique". Le PS aurait dû fournir un contre projet, et pour avoir rapidement parcouru le site du PS sur ce sujet, il me semble que l'argumentaire bati par le PS était faible, ou trop axé sur la défense du dispositif institutionnel régional en l'état, comme si le fait d'être "aux affaires" dans les Régions devait nous conduire à une position nécessairement conservatrice (je renvois à la lecture sur le site du PS des interventions de Laurent Fabius et d'Elisabeth Guigou qui ont pu "monter au créneau" sans réelle consistance, sur ce thème).

Ainsi donc, l'atonie sur le forum est peut etre aussi une forme d'abstention : abstention d'enthousiasme, ou scepticisme critique pour celles et ceux qui pensent qu'il n'y a de victoire que d'idées, et que par la refonte idéologique du PS. Celle ci aurait passé par de solides contre proposition pour fonder ou refonder les démocraties locales - régionales :

Permettre par exemple d'introduire la notion de motion de censure pour mettre en minorité politique les exécutifs régionaux quand ils défaillent, ou davantage introduire de lisibilité sur les désignations de conseillers régionaux par un scrutin plus direct car le scrutin actuel par le biais des alliances et fusion de listes, fait que les les électeurs ayant voté au premier tour ne connaissait pas précisément le détail des listes de conseillers régionaux qui seront réellement élu au bout du deuxième tour. Voter donc avec l'incertitude dans la désignation porté par le modèle actuel de désignation est aussi un "impensé démocratique" à mon sens. Le besoin de démocratie directe, participative, nécessaire contre feu à une démocratie représentative qui s'épuise, aurait dû être porté par le PS au niveau régional : les dispositions introduite par la réforme constitutionnelle de 2008 en matière de référendum populaire, aurait pu certainement trouver une déclinaison pour des référendums à base régionale, pour ne prendre qu'un seul exemple de chantier de réforme en matière de démocratie directe.

Atonie du forum ou au contraire Scepticisme actif et critique porté par notre silence relatif sur les régionales ?

Nous nous réjouissons bien entendu d'une possible victoire ce dimanche, mais il n'y aura pas de réinvention de la gauche unie sans socle de projet d'idées devant nous conduire à réformer à gauche. Repenser la démocratie locale serait une des bases possibles de ce projet d'idées.

Amitiés socialistes

Boris



MESSAGE DU SENATEUR RICHARD YUNG

Chers camarades,

Je suis surpris de l'atonie du forum sur les régionales. C'est pourtant un vote important : les régions interviennent fortement dans les transports régionaux, les lycées, l'économie, ... et la gestion des régions par les socialistes et la gauche permet de contrebalancer (en partie) la casse sociale de l'UMP. Le résultat de dimanche soir n'est donc pas indifférent pour la vie de millions de Français, surtout à revenus modestes. C'est bien sûr plus difficile pour les Français de l'étranger de se sentir concernés mais c'est justement ce qui fait le sel de notre attachement à la vie politique française. Il est donc important de mobiliser le plus possible : c'est le dernier coup de collier de la campagne pour ceux d'entre nous qui peuvent y participer, mais aussi à l'étranger, en parler et rappeler à nos concitoyens de voter par procuration : une France avec 21 (22 ?) régions rose-verte-rouge, c est tout de même un beau signal d'encouragement que nous enverrait le pays.

La droite agite effrontément les 52% d abstentions comme pour priver ce vote de signification. Pourtant il y a un an l'abstention aux européennes était de 60%, mais cela avait en quelque sorte échappé à M. Fillon et consorts. Le nombre de voix recueillies par le PS est tout de même passé de 2,6 millions aux européennes à 5,8 millions à ce premier tour : plus que le double alors que le Front national reste constant et que le Modem disparait des écrans. Reste un message fort de désespérance envoyé par les banlieues et par le monde rural en grande partie, mais pas seulement, à Sarkozy, à ses mensonges, son inefficacité, son indifférence.

Ce scrutin est aussi une occasion splendide de réinventer l'union des gauches, la gauche plurielle. C'est bien de notre stratégique essentielle dont il s'agit et qui nous échappait depuis 13 ans : elle est maintenant affirmée, mise en pratique et les tentations de flirt avec le centre et ses avatars écartée. Reste que " l'union sera un combat " pour les deux années à venir.
Enfin, certains s'agitent beaucoup sur le cas de M. Frêche. Rappelons que ce Caligula au petit pied a été exclu du PS il y a 2 ans, François Hollande étant premier secrétaire. Il eût été curieux de le soutenir au premier tour d autant qu'il est en opposition avec la ligne d'union que nous suivons, excluant tout accord avec les Verts et une partie de la gauche, en pratique avec tous ceux qui ne viennent pas baiser sa babouche.
Voter pour sa liste au second tour pour faire opposition à la droite et à l'extrême-droite est simplement raisonnable. Et puis M. Frêche, qui parle trop, on le sait, n'a-t-il pas montré le bout de son (gros) nez dans son interview au Parisien de mardi : " Je ferai tout pour que Mme Aubry ne soit pas candidate à l élection présidentielle ".
Il en a le droit, c est clair et moi j ai le droit de dire qu'il n est pas mon idée du socialisme moderne.

À dimanche soir et pour une belle victoire régionale !

Richard Yung

Combattre - préparation législatives à l'étranger



A la suite de la déclaration de candidature interne de Pierre Yves leborgn' pour la désignation de notre candidat PS aux primaires sur la 7eme circonscription de l'étranger (Allemagne, Pologne et pays d'Europe Centrale), Pascale Seux a accepté d'être sa suppléante. Pascale est notre camarade de Varsovie, et nous lui souhaitons bonne chance dans cette belle aventure.

Boris



Chers amis,

Pascale a toujours été sincère et droite dans ses engagements; Cet engagement et cette rectitude sont ses atouts pour apporter au ticket formé avec Pierre Yves toute sa densité.

Lors du dernier congrès, nous avons été un certain nombre derrière elle pour faire entendre une voix discordante et alternative afin d’éviter l'assoupissement idéologique de la fédération. Et tirer une fédération excessivement consensuelle, et sociologiquement uniforme, vers sa gauche.

Ce défi de la "Ré - idéologisation" reste d'actualité. La gauche fédérale est toujours autant isolée, sinon plus désormais, sur cette gauche de la gauche en forme de parapet très étroit. Le défi qui intéresse le plus « ces militants de la bordure » est de Gauchir la fédération, penser la rénovation idéologique et les idées, avant de savoir qui doit porter et incarner ces idées parmi nous.


Notre ambition, au niveau des pratiques politiques, est de faire cesser le caporalisme, le culte des chefs, d’oublier parfois la bienséance que les gens bien nés, ou bien éduqués, semblent se devoir aux uns les autres, pour savoir faire parler « la poudre » car parler socialement juste c’est savoir parler fort au risque d’agacer. Les petits arrangements, les petites médiocrités, les tricheries de coulisse, nous les dénoncerons. Au risque de passer pour des St Just d’opérette. Car le culte de la vérité nous anime.

Cela n’exclue pas, non plus les moments de camaraderie, le respect dû aux personnes, la fraternité fédérale, mais le devoir critique reste pour nous une vertu sur laquelle nous ne pouvons transiger.


Pour les législatives qui s’annoncent, et comme le signale Pascale, il sera question de battre la droite avant toute chose. La rénovation des idées au niveau fédéral doit donc certainement passer au second plan devant l'impératif de combat, celui d'écraser cette droite obscène qui nous gouverne.

Par réalisme, j'ai également soutenu Pierre Yves qui me semble, parmi les trois candidatures en présence, le seul à avoir l'épaisseur politique pour faire gagner le PS sur cette circonscription. Je lui réitère ici mon soutien. Ce soutien n’exclue pas un devoir critique, une obligation d’interpellation. Elle est nécessaire au nom de la démocratie interne, elle est vitale si l’on veut véritablement faire émerger une vraie diversité d’idées au-delà du champ étroit des motions.

En tant que numéro deux de Pierre Yves, Pascale sera soutenue avec conviction, elle pourra sans doute apporter sa sensibilité à la candidature Pierre Yves, lui apporter un surcroit d’énergie, un soutien, quand les coups de l’adversaire pleuvront sur nous.

Au-delà de l’élection aux législatives, c'est aussi une certaine conception de faire la politique qui sera en jeu tout au long de la campagne et surtout au delà.

La démocratie représentative porte en elle le piège du caporalisme : L'élection au suffrage universel direct apportera une réelle légimité au candidat élu. Attention au piège subséquent de la sanctification du suffrage universel qui pourrait faire taire toute critique ou toute interpellation des élus dans l'après élection : Si Pierre Yves devait être élu, et je le souhaite, il faudra que les militants et la fédération soient toujours capable de jouer un rôle d'aiguillon d'idées, une sorte de contre pouvoir, si nécessaire, pour rappeler les engagements de campagne, et faire changer la politique au passage. Pierre Yves s’est engagé à rendre compte de son mandat, à inscrire sa candidature sur le terrain, à n’oublier aucun citoyen dans ses préoccupations sociales. Nous lui faisons confiance et lui rappellerons cette exigence si elle devait faire défaut.

Il faudra savoir penser l’après élection, et les rapports entre les députés et les militants, les rapports entre les représentants et les représentés. Pas de mandat impératif, certes, mais pas de chèque en blanc non plus accordé pour 5 ans. Démocratie directe dès que possible ; Transparence toujours.

La démocratie représentative en France est à bout de souffle
. 80% des citoyens de banlieue ne votent plus. L'abstention hors présidentielle se situe à 50% en étiage moyen. Les pouvoirs locaux font le lit des baronnies locales, y compris à gauche. La démocratie régionale est à réinventer (à inventer ?). La démocratie sociale est à terre, les syndicats peinent à définir des réformes socialement justes et à faire entendre autre chose qu'un discours qui prend des accents souvent trop conservateurs.

Autant dire que nous devons faire changer la politique et la démocratie, sous peine de nous retrouver dans un système purement oligarchique où l'on élit toujours les mêmes, avec très peu de voix, avec très peu d'envie et donc plus aucun espoir de changement pour la société. Au risque de la désespérance généralisée.

Je souhaite à Pascale de participer, avec toutes les énergies collectives en présence sur la gauche fédérale, avec tous nos autres camarades frères et sœurs en socialisme, à ce changement de la politique.

Dans la campagne, au prochain congrès, et quoi qu'il advienne, je serai de ceux qui continueront à se battre pour le combat idéologique pour le socialisme en appliquant la doctrine « Highlander » : s’il ne doit en rester que quelques uns sur le parapet de la gauche, je serai avec les camarades sur cette corniche étroite.

Amitiés fraternelles


Boris

dimanche 14 mars 2010

reflexions sur la campagne des régionales





Chers tous,

en ce dimanche de vote de premier tour des régionales, je vous transmets cet article, tiré du blog de Jean Michel Normand, journaliste au monde...L'article relativise parfaitement l'impression d'une campagne qui aurait été couverte timidement par la presse nationale, et que nous évoquions en section, impression par rapport à laquelle, François Gault (correspondant France Info Pologne), notre observateur éclairé et éclairant de la presse, a apporté un démenti.

Je veux aussi à mon tour donner davantage raison à François et ne pas focaliser sur le rôle des médias dans l'impression générale d'une campagne décrite par certains journalistes comme "atone"(Olivier Duhamel sur France culture qui a évoqué dans de nombreuses chroniques quotidiennes la campagne) ou "peu "enthousiasmante"(JM Normand dans l'article ci dessous)

Au fond je crois que ce ne sont pas les journalistes qui sont en cause dans l'intérêt tout relatif ressenti pour cette campagne, ce ne sont d'ailleurs pas même les hommes politiques qui doivent être stigmatisés durement, car la classe politique a tenté d'apporter du débat sur des questions techniques et parfois difficiles à appréhender selon un clivage droite gauche (développement économique local, formation professionnelle, transports).

Au fond, le problème de l'atonie relative de la campagne tient davantage à une relative absence de suspens, largement commentée, avec la victoire annoncée de la gauche et du PS, qui risque de favoriser l'absention et les absentionnistes qui s'imposeraient ainsi comme le premier des partis de France, une nouvelle fois.



Par ailleurs, le sous dimensionnement financier des collectivités régionales, et leur relative limitation dans leurs moyens d'action est, à mes yeux, tout aussi en cause : Olivier Duhamel rappelait ainsi que la région bretagne a un budget dix fois moindre que la région catalane...et cinq fois moindre que les régions irlandaises...Certes avec un Etat français encore largement centralisé il est logique de retrouver des moyens financiers moindre que dans un Etat largement décentralisé comme l'Espagne. Mais la disproportion des moyens est ici trop criante et on peut logiquement s'inquiéter de la disparition annoncée de la taxe professionnelle et donc du levier des ressources propres pour les collectivités. Les citoyens électeurs ne s'y tromperaient pas, qui voient bien que les régions ne sont qu'un des maillons du millefeuille de la décentralisation...l'évolution des structures de la décentralisation atteste d'une réelle montée en puissance des institutions de l'intercommunalité, institutions qui restent encore largement absente du champ électoral , puisque ce sont les élus qui votent pour la désignation des exécutifs intercommunaux...



Ce serait donc, à mes yeux, plus les structures régionales, et leur relative faiblesse, que la faiblesse des acteurs politiques dans la campagne, qui serait donc la cause d'une forme d'atonie politique constatée au long de la campagne.



j'espère que les chiffres de la participation me feront mentir. Comme vous j'attends les premiers résultats à mi journée dans ce domaine.



Amitiés et bon vote (par procuration)


Boris

Article de J.M. NOrmand :

http://partisocialiste.blog.lemonde.fr/2010/03/13/les-dix-mots-cle-de-la-campagne-socialiste

samedi 13 mars 2010

Depuis la Montagne le monde est plus beau - Hommage à Jean Ferrat



Aujourd'hui où l'on annonce la disparition de Jean Ferrat, qui s'est éteint dans un hopital d'Aubenas, je veux dire l'émotion qui m'étreint et la partager avec celles et ceux, et ils seront nombreux sur ce forum des lecteurs, qui ont su écouter précieusement ce chanteur, et apprendre avec lui"à aimer à en perdre la raison".

Avec Ferrat on a d'abord aimé des mots et des paroles engagées car, décidemment "c'est un joli nom camarade, c'est un joli nom tu sais, qui marie cerise et grenade dans la chaleur du mois de mai"

"Potemkine", "Nuit et Brouillard", Ferrat nous a appris un peu d'histoire, la notre, celle du peuple de gauche, qui a pu être fasciné par les soleils souvent trompeurs venus de Cuba ou de l'Union soviètique, mais qui n'a jamais renoncé à chanter la révolte contre les ignominies des hommes, les inégalités les plus criantes d'un monde qui devient fou par faute de la folie des hommes. "Ils étaient des millions ils étaient des milliers, nus et maigres tremblants dans des wagons plombés", ces paroles résonnent aujourd'hui à mes oreilles de résidents de Pologne avec une acuité particulière et douloureuse.

Pourtant ce n'est pas seulement ce Ferrat là dont je voudrai toujours me souvenir.

Mais plutôt celui qui "sur la carte du tendre" a toujours su s'illustrer, et qui, au rayon de l'amour, nous a appris peut etre simplement à aimer l'existence avec témérité, celle que confère l'amour immodéré de ses semblables, cette fraiche ardeur fraternelle que même les petites médiocrités humaines ne doivent pas éteindre.

"Heureux celui qui meurt d'aimer" chantait il avec Aragon "dans un jardin d'eau fraiche et d'ombre"...Sans nul doute aujourd'hui est il heureux d'avoir tant aimé la vie et a t il trouvé un paisible jardin, au côté du grand Léo et du grand Georges, ce trio de chanteurs qui sont surement notre horizon musical indépassable, pour y prendre guitare et y chanter l'amour.

"Que serais je sans toi qui vient à ma rencontre, que serais je sans toi qu'un coeur au bois dormant. Que cette heure arrêtée au cadran de la montre, que serais je sans toi que ce balbutiement. J'ai tout appris de toi sur les choses humaines Et j'ai vu désormais le monde à ta façon.J'ai tout appris de toi, comme on boit aux fontaines comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines.Comme, au passant qui chante, on reprend sa chanson.J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson"

Alors aujourd'hui, de cet homme qui nous a tant appris, jusqu'au sens du frisson, je veux dédier ce message et avoir une pensée pour celui qui depuis sa "montagne", la chanson favorite de mon propre père qui a tant et tant bercé mes oreilles d'enfant , doit trouver peut etre aujourd'hui le monde plus beau, par delà les nuages, en tutoyant les nuées. Et s'il n'existe rien de ce monde plus beau, qu'il repose alors simplement et à jamais auprès d'un de ces chataigners de l'Ardèche qu'il aimait tant. Que la montagne soit toujours belle pour protéger de son ombre puissante la dernière demeure de ce chanteur aimé.

Amitiés fraternelles

Boris

mercredi 10 mars 2010

Europe : stratégie de gestion des flux migratoires et solidarité




Au niveau Européen, c’est l’impression persistante d’une excessive priorité donnée au contrôle des flux migratoires qui demeure, alors que l’agence Frontex, chargée de la gestion intégrée des frontières extérieures de l’Union est placée en première ligne de la lutte contre l’immigration clandestine.


Cette agence « a été créée en 2004 pour coordonner le contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne. L’agence, basée à Varsovie, emploie 220 personnes. Elle forme les gardes-frontières et centralise les données de surveillance communiquées par les pays membres. Elle aide les États membres à mener des opérations de retour conjointes » comme le rappelle un article récent paru sur le site de RFI. http://www.rfi.fr/contenu/20100224-frontex-premiere-ligne-lutte-contre-immigration-clandestine



Or, si les gouvernements français et italiens ont demandé le renforcement des moyens de Frontex suite aux débarquements récents en janvier dernier d’une centaine de demandeurs d’asiles Kurde sur les plages Corse, la dimension intégratrice de l’action de l’Union européenne en matière migratoire ne doit pas pour autant être occultée. C’est cette dimension que la Gauche revenue aux affaires devrait promouvoir en priorité, pour tourner ainsi le dos au « mythe de l’invasion » des immigrés en l’Europe, mythe que l’initiative militante que nous menons avec Cédric Fouilland et les camarades contributeurs de la FFE s’est employée à dissiper.



Ainsi, le programme cadre de solidarité et de gestion des flux migratoires pour la période 2007-2013 prévoit l’existence d’un fonds européen d'intégration des ressortissants de pays tiers dont l’existence doit être soulignée, même si l’insuffisance de ses moyens doit aussi être mise en avant.



« Ce fonds, dont l'idée remonte à une conférence interministérielle sur l'intégration organisée par la présidence néerlandaise au deuxième semestre 2004, s'inscrit dans le cadre du programme de La Haye. Sa mise en place répond au constat selon lequel l'insuffisante intégration des immigrants serait à l'origine d'une dislocation de la cohésion sociale et de performances économiques médiocres » http://www.senat.fr/ue/pac/E2935.html



Si l’idéologie libérale qui sous tend ici la notion d’intégration parait évidente, on ne doit pas pour autant tourner le dos à cet instrument qui pourrait permettre d’accélérer le processus d’intégration des nouveaux migrants en France.


Il faut en revanche stigmatiser la disproportion des moyens, au niveau Européen, entre les fonds destinés à l’intégration et ceux dévolus au contrôle et à l’aide aux reconduites aux frontières (politiques qui demeurent du domaine des Etats membres mais que l’UE peut financer en complément);



On voit là clairement s’affirmer une logique plus répressive qu’intégratrice dans une Europe cherchant avant tout à renforcer l’étanchéité de ses frontières extérieures : Parmi les 4 fonds de référence du programme cadre de solidarité et de gestion des flux, 63% des crédits sont destinés au contrôle des flux (Fonds pour les Frontières Extérieures : 1820 millions + Fonds pour les Retours : 676 millions €) alors que seulement 40% des crédits sont fléchés sur l’aspect « solidarité » et intégration ( Fonds pour l'Intégration des ressortissants de pays tiers : 825 millions € et Fonds Européen pour les Réfugiés (FER) : 699, 37 millions)



Ainsi, une proposition politique pour une réforme de l’action européenne en matière migratoire devrait d’abord inverser ces proportions, en privilégiant l’axe de solidarité de renforcer significativement les fonds destinés aux actions d’intégration.



Les moyens sont bels et bien la traduction de choix politiques. On voit que l’Europe actuelle est tournée davantage vers le contrôle de flux de migrants considérés avant tout comme une menace ; Changer les moyens dévolus aux actions intégratrices, par le financement systématique de cours de langue française par exemple destinés systématiquement au primo-arrivants, par la création d’une journée d’accueil des migrants menée conjointement par les préfectures et les mairies (cf initiative militante « mondialisation et migration » sur ce point) et qui pourrait être étendue au niveau européen par la création d’une journée européenne d’accueil des migrants permettrait de donner le signal d’un changement de cap plus général, pour faire de l’Europe, non plus une citadelle assiégée, mais un espace ouvert « aux autres » et à la circulation et à l’installation facilitée des migrants. Changer les moyens, un premier pas, qui ne devra pas faire l’économie d’un changement global d’attitude, et de politiques à l’échelle des 27, pour promouvoir une approche plus ouverte à l’égard de l’immigration.

Boris

lundi 1 mars 2010

la force de la vérité - sur les petites tricheries humaines


Chers tous,


Nous sommes un certain nombre de militants et de militantes à être inquiets du climat qui entoure la préparation des primaires.

Nous savons pertinemment que les primaires pour les législatives ou les sénatoriales, sont un moment important de la vie d’une fédération comme la notre puisqu’il s’agira de désigner celles et ceux qui vont porter nos couleurs, et notre voix, dans les deux chambres parlementaires pendant un ou plusieurs mandats. Pour beaucoup de candidat(e)s à ces primaires, c’est le combat d’une vie qui se jouera pendant quelques semaines, ce sera le résultat de longs efforts militants, de plusieurs années d’engagement associatif, syndical et politique. La sensation donc existe, chez ces camarades en lice pour l’investiture, de certainement « jouer entièrement leur avenir politique et personnel » pendant quelques semaines. En ce sens nous n’éviterons pas une forme de crispation collective pendant cette période cruciale.

Dans ce contexte, les frontières entre ce qu’il est ordinairement permis de faire dans une section, sur un plan éthique et statutaire, et ce qu’il faudrait faire pour maximiser ses chances de l’emporter, commencent à se mélanger, à se flouter. Chacun sait que l’on peut respecter a minima les statuts, et jouer pour autant avec les règles éthiques. Ne pas frauder à proprement parler, mais fauter. Ne pas tricher, mais truquer.

« Si vous ne voulez pas que les défenseurs des principes obtiennent quelque influence dans cette lutte difficile de la liberté contre l'intrigue, vous voulez donc que la victoire demeure à l'intrigue »

Voilà ce que Robespierre disait dans son dernier discours devant la Convention , en 1793, discours historique qui allait mener à sa chute faute d’avoir pris le soin de donner la liste des députés qu’il visait dans son discours de principe. Chacun s’étant senti visé par ses propos, une majorité de députés renversa donc Robespierre, le tyran qui menait jusque là une politique de terreur au nom de la vérité et de la liberté.

Il faut donc tirer parti de l’Histoire, la grande, pour mener à bien notre propre histoire politique, beaucoup plus modeste, mais qui relève des mêmes enjeux moraux :

Voilà donc quelques enseignements que nous pouvons tirer de l’histoire :


- Evitons de mener une politique de terreur parmi nous, alors que nous devons rester, pour les uns et pour les autres, et malgré les oppositions de personne et les rivalités d’égos, dans le cadre des règles fraternelles qui s’imposent à une famille de militants qui partagent un même idéal.

- Ne renonçons pas pour autant à mener cette lutte difficile de la « liberté contre l’intrigue » et n’ayons donc pas peur de révéler les intrigues de coulisses et les petites tricheries, finalement très humaines.

- Faisons confiance à des juges de moralité, sinon au dessus de tous soupçons, au moins à des personnes qui n’ont pas un intérêt personnel à agir durant ces primaires, qui ne sont pas eux-mêmes candidats et donc en position d’être juges et parties : ces juges de moralité sont les militants qui apporteront leurs suffrages aux candidats aux primaires ; Faisons confiance à leur faculté de jugement, de discernement, mais n’ayons pas peur de leur révéler les dessous de la politique, les coulisses des intrigues, au nom de la force de la vérité.


De ces enseignements je tire plusieurs propositions politiques :


- Demandons aux sections de la fédération de nous communiquer les chiffres du nombre de cartes au 31 décembre 2009. En leur demandant, également, la communication du nombre de cartes au 31 décembre 2008. Demandons aux secrétaires de section de nous expliquer le contexte qui aura conduit, certaines sections, à voir leurs effectifs grossir dans des proportions intrigantes.

- Une fois ces chiffres communiqués, interrogeons nous sur la faculté des uns et des autres, à rassembler, à faire adhérer des camarades, pendant une année entière, ce qui peut expliquer des augmentations légitimes d’adhésions, et sur la tentation d’adhésions de complaisance, d’adhésions qui n’entrainent pas de démarche militante, d’adhésions dévoyées, donc.

- Interrogeons nous ensuite, en notre âme et conscience, sur ces adhésions de complaisance. Méritent elles qu’on disqualifie systématiquement un candidat ou une candidate qui, trop soucieux de maximiser ses chances d’être élu, aura fait adhérer quelques uns de ses amis ou proches pour gonfler son nombre de cartes ? Où se situent les bornes de l’acceptable, du tolérable, et celles de l’intolérable et de l’inacceptable ? Doit-on, au contraire, donner une « prime morale » à celle ou celui qui, tout en étant candidat(e) n’aura pas succombé à la tentation des « petits arrangements moraux » en section ?



Une fois cette prise de conscience faite et murie, nous pourrons aller aux urnes en Juin le cœur plus léger.



« Que d'autres vous tracent des tableaux flatteurs : je viens vous dire des vérités utiles. Je ne viens point réaliser des terreurs ridicules répandues par la perfidie ; mais je veux étouffer, s'il est possible, les flambeaux de la discorde par la seule force de la vérité. Je vais défendre devant vous votre autorité outragée et la liberté violée »

Je crois qu’il est temps de dire quelques vérités utiles aujourd’hui. Sans se prendre pour Robespierre, sans jouer donc aux tyrans d’opérettes, mais, simplement, au nom de principes éthiques finalement assez ordinaires et simples à comprendre, demander qu’une forme d’exigence sur la vérité qui est due aux militants, s’impose. Un militant qui s’apprête à accorder sa confiance à un candidat à l’investiture, doit pouvoir se prononcer en ayant à l’esprit quelques vérités utiles sans quoi il n’y a pas d’authentique liberté de vote démocratique.

Amitiés socialistes

Boris

l'école du vice - récit fictionnel



Chers tous,

Le parti socialiste n’est pas le monde des bisounours ; Il serait certes injuste d’y voir une Cour des Borgia où se cache derrière chaque tenture un assassin prêt à « daguer » son prochain. Mais on ne peut être naïf au point de penser que des élections à fort enjeu, politique et personnel, comme le sont les élections législatives, n’aiguisent pas, pour certains, des passions délétères, des appétits voraces qui incitent à jouer avec les règles statutaires, à approcher les bornes de ce qui est moralement correct et politiquement légitime, pour parfois franchir les limites et les transgresser.

Il est bon d’être déniaisé très vite, quand on a la passion du militantisme, pour éviter de trop grandes déceptions personnelles, et pour toujours savoir agir quand une violation possible des règles collectives se prépare, et quand il est déjà trop tard pour les éviter, pour corriger alors ces entorses élémentaires à nos lois internes ;

Voilà donc le récit, bien évidemment fictif, d’une certaine manière de faire de la politique, un récit depuis l’« école du vice », que je vous demande de voir comme un anti modèle démocratique :

Prenons donc une section. Dans un pays, et sur une circonscription qui vote plutôt à gauche. Cette section possède des effectifs théoriques importants. Elle est une des 2 ou 3 plus grosses sections d’une fédération lambda. Et elle a pris l’habitude de voter « comme un seul homme » au moment de chaque scrutin. Une section de militants aimables pour leur secrétaire de section ? Qui font confiance ? Ou disons des militants qui aiment bien « rendre service ». Car pour eux la politique se résume à se mettre au service d’un « chef ». Et à suivre ses consignes. D’ailleurs, c’est le chef qui leur a expliqué cette définition de la politique. Ils ont été à bonne école. Le chef le leur rend bien d’ailleurs. Il leur rend de menus services ; Les défend quand ils sollicitent une bourse pour leur fille qui veut faire ses études en France. Plaide de sa plus belle voix quand l‘aide sociale n’arrive pas ou est insuffisante. Leur donne le coup de pouce auprès du consulat pour aider la famille qui veut voyager en France ; Il est vraiment sympa le chef. Il a un bon réseau de connaissance. Il sait aider ses amis. Ses camarades. On est dans une grande famille.

En septembre 09, le Chef fait « ses comptes » : même avec plusieurs dizaines de cartes à son actif, « le compte n’y est pas ». Ce Chef, qui est bon en arithmétique, se dit qu’il doit mettre toutes les chances de son côté pour remporter des primaires, être investi. Après tout, n’est il pas le meilleur ? Le plus apte à l’emporter ? Il est le plus apte puisqu’il est déjà à la tête d’une section qui compte plusieurs dizaines d’encartés. Des gens qui lui doivent tout. Qu’il défend. Qu’il chérit. « Ses » gens. Mais il lui faut multiplier les cartes pour être certain de remporter les primaires. Cela tombe bien, il a du temps devant lui avant l’organisation de ces primaires.

Alors il va voir son meilleur copain ; C’est important d’avoir des copains dans la vie. Surtout dans la même section. Ce bon copain est un sage. C’est l’Elu. Un Chef, aussi, qui sait comment remporter des élections ; En plus, le destin a été généreux avec lui. Il possède l’Argent.

L’Elu explique : « L’arithmétique c’est fort simple. Pour 2000 euros, de nos jours t’as plus rien. Que dalle. Même pas une bagnole. Alors que chez nous, dans la fédé, 2000 euros c’est une belle somme ; Un bel investissement ; je vais investir avec toi, le Chef, et comme cela on aura 100 cartes de plus ».

Le Chef – « non, on ne peut pas faire cela, ce serait trop voyant. Faut trouver un autre moyen »

L’Elu « laisses - moi réfléchir »

Le Chef « j’ai une idée ! »

L’Elu « oui ? »

Le Chef « avec tous les services qu’on a rendu à nos gens depuis toutes ces années, il est temps de leur demander un coup de pouce. »

L’Elu « tu as raison. Ils nous doivent bien cela ; Avec tout ce qu’on a fait pour eux ; Vont pas être ingrats. Pis moi aussi je veux être élu cette année ; C’est mon tour tu comprends ; Cette élection pour les sénatoriales, je veux pas la rater »

Le Chef « oui, aller on va appeler tous ceux qu’on connaît, et ils appelleront à leur tour, leurs copains, leurs amis, leurs cousins et cousines, et ensemble on va les avoir nos 100 cartes.»

L’Elu « on va leur expliquer que c’est un investissement. Qu’avec un Sénateur. Un député pour les protéger ; Ils seraient bien protégés. Qu’on leur rendrait plein de service. De nos jours faut savoir investir dans un petit capital. 20 euros c’est quoi ? pas grand-chose. Alors qu’avoir un député comme copain, c’est un super capital anti risque pour être protégé dans la vie »

Le Chef « aller, je les appelle, on y va, Tu seras sénateur mon ami, et je serai député ! ! » (enthousiasme partagé)


… … … … Le temps passe. Une semaine. Deux semaines ; Vient l’heure des comptes

L’Elu : « alors, le compte est bon ? »

Le Chef « mieux qu’espéré ! Ils ont compris que pour 20 euros c’est un bon investissement qu’on leur propose. J’ai 45 cartes potentielles »

L’Elu « et moi, j’ai mieux 55 ! »

Le Chef et l’Elu « Alors là, on va gagner. C’est sûr. On est les meilleurs ; C’est pas de la triche. C’est réglo. On a nos gens avec nous. Ils sont nos amis. Ils voteront pour nous. On va gagner. Un sénateur et un député. Tu te rends compte ! historique ! On est les meilleurs je te dis »

… … … … … … …

« La politique est comme la chasse, on entre en politique comme on entre dans l'association des chasseurs. La grande brousse où opère le chasseur est vaste, inhumaine et impitoyable comme l'espace, le monde politique »


[Ahmadou Kourouma] [+]
Extrait de En attendant le vote des bêtes sauvages