samedi 13 mars 2010

Depuis la Montagne le monde est plus beau - Hommage à Jean Ferrat



Aujourd'hui où l'on annonce la disparition de Jean Ferrat, qui s'est éteint dans un hopital d'Aubenas, je veux dire l'émotion qui m'étreint et la partager avec celles et ceux, et ils seront nombreux sur ce forum des lecteurs, qui ont su écouter précieusement ce chanteur, et apprendre avec lui"à aimer à en perdre la raison".

Avec Ferrat on a d'abord aimé des mots et des paroles engagées car, décidemment "c'est un joli nom camarade, c'est un joli nom tu sais, qui marie cerise et grenade dans la chaleur du mois de mai"

"Potemkine", "Nuit et Brouillard", Ferrat nous a appris un peu d'histoire, la notre, celle du peuple de gauche, qui a pu être fasciné par les soleils souvent trompeurs venus de Cuba ou de l'Union soviètique, mais qui n'a jamais renoncé à chanter la révolte contre les ignominies des hommes, les inégalités les plus criantes d'un monde qui devient fou par faute de la folie des hommes. "Ils étaient des millions ils étaient des milliers, nus et maigres tremblants dans des wagons plombés", ces paroles résonnent aujourd'hui à mes oreilles de résidents de Pologne avec une acuité particulière et douloureuse.

Pourtant ce n'est pas seulement ce Ferrat là dont je voudrai toujours me souvenir.

Mais plutôt celui qui "sur la carte du tendre" a toujours su s'illustrer, et qui, au rayon de l'amour, nous a appris peut etre simplement à aimer l'existence avec témérité, celle que confère l'amour immodéré de ses semblables, cette fraiche ardeur fraternelle que même les petites médiocrités humaines ne doivent pas éteindre.

"Heureux celui qui meurt d'aimer" chantait il avec Aragon "dans un jardin d'eau fraiche et d'ombre"...Sans nul doute aujourd'hui est il heureux d'avoir tant aimé la vie et a t il trouvé un paisible jardin, au côté du grand Léo et du grand Georges, ce trio de chanteurs qui sont surement notre horizon musical indépassable, pour y prendre guitare et y chanter l'amour.

"Que serais je sans toi qui vient à ma rencontre, que serais je sans toi qu'un coeur au bois dormant. Que cette heure arrêtée au cadran de la montre, que serais je sans toi que ce balbutiement. J'ai tout appris de toi sur les choses humaines Et j'ai vu désormais le monde à ta façon.J'ai tout appris de toi, comme on boit aux fontaines comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines.Comme, au passant qui chante, on reprend sa chanson.J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson"

Alors aujourd'hui, de cet homme qui nous a tant appris, jusqu'au sens du frisson, je veux dédier ce message et avoir une pensée pour celui qui depuis sa "montagne", la chanson favorite de mon propre père qui a tant et tant bercé mes oreilles d'enfant , doit trouver peut etre aujourd'hui le monde plus beau, par delà les nuages, en tutoyant les nuées. Et s'il n'existe rien de ce monde plus beau, qu'il repose alors simplement et à jamais auprès d'un de ces chataigners de l'Ardèche qu'il aimait tant. Que la montagne soit toujours belle pour protéger de son ombre puissante la dernière demeure de ce chanteur aimé.

Amitiés fraternelles

Boris

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