lundi 1 mars 2010

la force de la vérité - sur les petites tricheries humaines


Chers tous,


Nous sommes un certain nombre de militants et de militantes à être inquiets du climat qui entoure la préparation des primaires.

Nous savons pertinemment que les primaires pour les législatives ou les sénatoriales, sont un moment important de la vie d’une fédération comme la notre puisqu’il s’agira de désigner celles et ceux qui vont porter nos couleurs, et notre voix, dans les deux chambres parlementaires pendant un ou plusieurs mandats. Pour beaucoup de candidat(e)s à ces primaires, c’est le combat d’une vie qui se jouera pendant quelques semaines, ce sera le résultat de longs efforts militants, de plusieurs années d’engagement associatif, syndical et politique. La sensation donc existe, chez ces camarades en lice pour l’investiture, de certainement « jouer entièrement leur avenir politique et personnel » pendant quelques semaines. En ce sens nous n’éviterons pas une forme de crispation collective pendant cette période cruciale.

Dans ce contexte, les frontières entre ce qu’il est ordinairement permis de faire dans une section, sur un plan éthique et statutaire, et ce qu’il faudrait faire pour maximiser ses chances de l’emporter, commencent à se mélanger, à se flouter. Chacun sait que l’on peut respecter a minima les statuts, et jouer pour autant avec les règles éthiques. Ne pas frauder à proprement parler, mais fauter. Ne pas tricher, mais truquer.

« Si vous ne voulez pas que les défenseurs des principes obtiennent quelque influence dans cette lutte difficile de la liberté contre l'intrigue, vous voulez donc que la victoire demeure à l'intrigue »

Voilà ce que Robespierre disait dans son dernier discours devant la Convention , en 1793, discours historique qui allait mener à sa chute faute d’avoir pris le soin de donner la liste des députés qu’il visait dans son discours de principe. Chacun s’étant senti visé par ses propos, une majorité de députés renversa donc Robespierre, le tyran qui menait jusque là une politique de terreur au nom de la vérité et de la liberté.

Il faut donc tirer parti de l’Histoire, la grande, pour mener à bien notre propre histoire politique, beaucoup plus modeste, mais qui relève des mêmes enjeux moraux :

Voilà donc quelques enseignements que nous pouvons tirer de l’histoire :


- Evitons de mener une politique de terreur parmi nous, alors que nous devons rester, pour les uns et pour les autres, et malgré les oppositions de personne et les rivalités d’égos, dans le cadre des règles fraternelles qui s’imposent à une famille de militants qui partagent un même idéal.

- Ne renonçons pas pour autant à mener cette lutte difficile de la « liberté contre l’intrigue » et n’ayons donc pas peur de révéler les intrigues de coulisses et les petites tricheries, finalement très humaines.

- Faisons confiance à des juges de moralité, sinon au dessus de tous soupçons, au moins à des personnes qui n’ont pas un intérêt personnel à agir durant ces primaires, qui ne sont pas eux-mêmes candidats et donc en position d’être juges et parties : ces juges de moralité sont les militants qui apporteront leurs suffrages aux candidats aux primaires ; Faisons confiance à leur faculté de jugement, de discernement, mais n’ayons pas peur de leur révéler les dessous de la politique, les coulisses des intrigues, au nom de la force de la vérité.


De ces enseignements je tire plusieurs propositions politiques :


- Demandons aux sections de la fédération de nous communiquer les chiffres du nombre de cartes au 31 décembre 2009. En leur demandant, également, la communication du nombre de cartes au 31 décembre 2008. Demandons aux secrétaires de section de nous expliquer le contexte qui aura conduit, certaines sections, à voir leurs effectifs grossir dans des proportions intrigantes.

- Une fois ces chiffres communiqués, interrogeons nous sur la faculté des uns et des autres, à rassembler, à faire adhérer des camarades, pendant une année entière, ce qui peut expliquer des augmentations légitimes d’adhésions, et sur la tentation d’adhésions de complaisance, d’adhésions qui n’entrainent pas de démarche militante, d’adhésions dévoyées, donc.

- Interrogeons nous ensuite, en notre âme et conscience, sur ces adhésions de complaisance. Méritent elles qu’on disqualifie systématiquement un candidat ou une candidate qui, trop soucieux de maximiser ses chances d’être élu, aura fait adhérer quelques uns de ses amis ou proches pour gonfler son nombre de cartes ? Où se situent les bornes de l’acceptable, du tolérable, et celles de l’intolérable et de l’inacceptable ? Doit-on, au contraire, donner une « prime morale » à celle ou celui qui, tout en étant candidat(e) n’aura pas succombé à la tentation des « petits arrangements moraux » en section ?



Une fois cette prise de conscience faite et murie, nous pourrons aller aux urnes en Juin le cœur plus léger.



« Que d'autres vous tracent des tableaux flatteurs : je viens vous dire des vérités utiles. Je ne viens point réaliser des terreurs ridicules répandues par la perfidie ; mais je veux étouffer, s'il est possible, les flambeaux de la discorde par la seule force de la vérité. Je vais défendre devant vous votre autorité outragée et la liberté violée »

Je crois qu’il est temps de dire quelques vérités utiles aujourd’hui. Sans se prendre pour Robespierre, sans jouer donc aux tyrans d’opérettes, mais, simplement, au nom de principes éthiques finalement assez ordinaires et simples à comprendre, demander qu’une forme d’exigence sur la vérité qui est due aux militants, s’impose. Un militant qui s’apprête à accorder sa confiance à un candidat à l’investiture, doit pouvoir se prononcer en ayant à l’esprit quelques vérités utiles sans quoi il n’y a pas d’authentique liberté de vote démocratique.

Amitiés socialistes

Boris

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