vendredi 5 novembre 2010

Houellebecq , un prophète en lice pour le Goncourt ?


Chers amis,

l’aspect prophétique du dernier roman de Michel Houellebecq "la carte et le terrotoire" n'aura échappé à personne : Houellebecq nous livre le portrait d’une France muséifiée, qui n’aura pas pu délocaliser la seule industrie qui ne soit pas délocalisable hors de France : l’industrie touristique française d’un pays de carte postale « des petits villages, des chateaux et des abbayes », une nation définitivement vitrifiée dans le passé.

Il est arrivé la même chose à Paris depuis 30 ans si on lit « beautiful people" que je recommande, un livre sur Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld en forme de portrait général des "people", Paris étant d'après Alicia Drake, l'auteur du livre, déjà à son déclin dans les années 70 comme capitale créative.

La force romanesque de Houellebecq est de systématiser l’analyse du déclin créatif français et de la pousser à son paroxysme : c’est le seul écrivain à développer une analyse du monde et de la France, même si ce monde est désenchanté et que ce n’est pas le monde de gauche dont on rêve... qui peut prétendre comme lui porter en soit un univers romanesque aussi cohérent aujourd'hui dans notre paysage littéraire si excessivement nombriliste et maniériste ?

Après « extension du domaine de la lutte» et l'approche quasi sociologique sur les dégâts que provoque l’entreprise libérale déshumanisée sur ses employés, après « Les particules élémentaires» et les éclairs de génie sur les manipulations génétiques, après « Plateforme » et ses attentats terroristes d’un monde livré à la violence ordinaire, après « la possibilité d’une ile » et l’anticipation d’une humanité vivant sur le mode de la fusion des genres masculins féminins dans un monde post apocalyptique, je trouve que ce cher « mimi » a bien mérité son Goncourt, être prophète tous les 3 ou 4 ans dès qu’on publie un livre, cela doit être épuisant à la fin... Qu’on lui donne la force de continuer…...vers le Nobel de littérature...

On me répondra qu'il n'est pas gauche ? et alors ? nous parlons de littérature...Céline était un vieux collabo faisandé, cela ne l'a pas empêché d'écrire "le Voyage"...

En cadeau, une photo souvenir de ma rencontre avec ce cher Michel qui a toujours sur lui le même parka usé depuis environ 10 ans…

Amitiés

Boris

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