lundi 7 septembre 2009

mandat unique au PS, une petite révolution


Martine Aubry à l'université de la Rochelle a indiqué le cap à suivre pour la rénovation du PS qui passe par une consultation des adhérents du parti sur la question des primaires ouvertes (consultation annoncée pour le 1er octobre). Elle a également insisté, comme elle l'avait fait à la mutualité à Paris dans un meeting en Mars, sur l'importance du non cumul pour apporter du sang neuf au sein de notre parti. Je suis intervenu sur la question du mandat unique sur le forum PS de la Fédération des français de l'étranger


Chers tous,

Dans les coursives du parti socialiste on entend parler depuis longtemps de non cumul des mandats sans qu’on en voit réellement poindre la couleur. Il y a donc des résistances objectives dans notre parti sur cette question, et pour l’imposer il faudra donc de l’audace et de l’habileté.

De l’audace, car de manière sous jacente il faudra trancher entre nous sur la question de la professionnalisation de la vie politique qui est une question connexe au mandat unique : si l’on peut vivre de la politique et faire de la politique à temps plein en exerçant certains mandats plutôt bien rémunérés (mandats nationaux ou régionaux par exemple) , il est nettement plus difficile de faire métier de politique quand on exerce un mandat dans une municipalité ou sur une structure intercommunale. Et ces mandats locaux sont pourtant la principale porte d’accès à la vie politique pour bon nombre d’entre nous.


Veut-on donc une classe politique sacerdotale ou une classe politique professionnalisée ? Si l’on opte pour la vision sacerdotale (et possiblement sacrificielle…), donc à base de non cumul pour TOUS les mandats, n’encourage t on pas les plus fortunés, ou disons les plus protégés sur un plan financier, d’entre nous à se payer le luxe d’exercer une charge politique peu ou mal rémunérée ?

La question n’est pas simple et elle mérite débat, en espérant que le principe du débat préalable ne soit pas une énième manœuvre dilatoire pour éviter de poser la question du mandat unique

Cette question se rapporte aussi à la limitation dans le temps des mandats. Même si la politique est une passion, et l’on sait que la passion conserve et rajeunie, je suis toujours étonné de constater que la moyenne d’âge des élus au PS se situe autour de 55 ans (Cf l’excellent ouvrage » la société des socialistes » qui développe ce calcul) et que bien souvent, si l’on met du temps à arracher un mandat national, on met également une certaine énergie (de l’espoir ou du désespoir ?) à vouloir le conserver à tout prix. Certains élus ne passent ils pas plus de temps en manœuvres internes qu’à exercer leur charge au service des citoyens ? on peut pour certains se poser la question. La limitation dans le temps des mandats permettrait peut être plus clairement de se consacrer au mandat plus qu’à la réélection.

Le mandat unique, les militants sont pour très majoritairement. Et je suis persuadé que cette majorité est beaucoup plus relative chez nos élus, je ne vous dévoile pas là un secret bien gardé, bien des apparatchiks vous le diront.

L’habileté est donc de mise pour vaincre nos résistances internes sur ces questions. Je trouve d’ailleurs plutôt réussi que la première secrétaire ait lié la question des primaires ouvertes (a priori populaires dans le parti) avec celle du non cumul (populaire uniquement chez les militants), le tout pensé comme un « package démocratique », à prendre ou à laisser.

Ouvrir le parti sur l’extérieur, amener la société des socialistes à infuser vers la société des non-socialistes, faire éclore de la diversité sociale dans nos rangs, réclame donc une réforme d’ensemble qui se déclinera en plusieurs mesures liées les unes aux autres.

Ne pas avoir imposé le mandat unique avant les Régionales est uniquement à mon sens une position stratégique de la direction du PS. Pour ne pas brutaliser trop les élus régionaux alors que l’assise de la première secrétaire reste relativement fragile. Le parti a annoncé une consultation militante pour le premier octobre, cette décision ayant été prise avant l’université du PS. Qu’on ne me fasse pas croire qu’il n’était pas techniquement possible d’organiser également, avant la désignation pour les régionales, une consultation du même type sur la question du mandat unique avec un débat préalable. Un choix politique a donc été fait à travers le choix du calendrier. Espérons que la victoire aux régionales permettra à la direction actuelle de garder le tonus politique pour vaincre les résistances sur le mandat unique, pour provoquer une petite révolution pour notre parti.

Fraternellement

Boris

CF ci après tribune de Barbara Romagnan, conseillère générale PS


PS : et si on commençait le mandat unique dès maintenant ?
Par Barbara Romagnan | Conseillère générale PS du Doubs | 01/09/2009 | 14H35



Le discours de Martine Aubry à La Rochelle est encourageant, en particulier sa prise de position sur le mandat unique, outil essentiel de la rénovation du Parti socialiste (PS) et de la vie politique française, où 85% des députés et sénateurs détiennent un autre mandat électif.

Cette décision est courageuse lorsqu'on connaît la pesanteur et la frilosité de certains sur cette question. En revanche, je m'inquiète du fait qu'elle propose que cela ne s'applique qu'après les élections régionales.

N'y a-t-il pas le risque une nouvelle fois d'annoncer des propositions novatrices et de toujours différer leur mise en œuvre ? N'y a-t-il pas le risque de renforcer ainsi le décalage entre les paroles et les actes, qui participe largement du discrédit des politiques ?

Ne pas attendre une hypothétique victoire
Avec le mandat unique, nous avons une occasion de traduire nos propos en actes sans attendre une prochaine hypothétique victoire en même temps que nous nous donnons les moyens de l'emporter aux élections à venir.

En l'appliquant dès aujourd'hui pour la constitution de nos listes pour les élections régionales, c'est un véritable électrochoc que nous déclencherons, électrochoc sans doute indispensable pour remettre nos listes dans une logique de victoire, car nous savons bien que ces élections vont être très difficiles.

Le mandat unique permettrait d'entretenir trois points, essentiels au bon fonctionnement du PS et de tous les partis.

Parité, diversité et renouvellement
Dans notre vision républicaine de la représentation, les élus n'ont pas de sexe, pas d'âge, pas d'appartenance sociale, pas d'origine, pas de couleur. Pourtant, notre parti -et les autres également- se ridiculise en payant des amendes parce que, ne respectant pas la parité hommes-femmes, il enfreint la loi qu'il avait lui-même fait voter.

Si l'on exerce un seul mandat, au maximum trois fois de suite, cela libérera bien des places, et ne manquera pas de faire émerger de nouveaux candidats.

Peut-être cela redonnera-t- il le goût de l'engagement et des responsabilité s à ceux qui sont aujourd'hui éloignés de l'action collective.

Notre parti mérite mieux qu'une moyenne d'âge supérieure à 55 ans, mieux que les maigres 5% des moins de 30 ans, et beaucoup mieux que ces proportions anecdotiques en son sein d'ouvriers et de militants issus de la diversité.

Partager le pouvoir
Le mandat unique pour les parlementaires, les présidents de Conseil général et de Conseil régional, et pour les maires des plus grandes villes, est une question de principe.

Même si certains se sentent capables d'assumer trois mandats, mieux que d'autres, nous sommes socialistes. Et, être socialiste, cela implique de partager le pouvoir, de la même manière que nous prônons le partage des richesses.

C'est aussi une question de démocratie parce que tout le temps passé à autre chose qu'à son mandat est laissé aux services des collectivités ou de l'Etat.

Mais les citoyens votent pour que leurs élus tranchent, décident, et non pas pour que les techniciens le fassent à leur place, quand bien même ils soient très compétents.

Une question de crédibilité
Comment continuer à défendre l'idée qu'il est meilleur qu'une seule personne exerce deux mandats à la fois, plutôt que deux personnes, travaillant ensemble en bonne intelligence, exerçant chacune un seul mandat ?

Comment croire qu'un président de région ou de département, qui serait en même temps parlementaire, remplirait mieux les tâches que lui ont confiées les citoyens, que deux personnes assumant chacune un de ces deux mandats ?

Comment penser que le montant des indemnités des parlementaires, des présidents de la plupart des collectivités territoriales ne justifieraient pas un engagement à plein temps pour chaque responsabilité ?

Le respect du concitoyen
C'est une question de crédibilité également parce que la perspective d'inscrire dans la loi une nouvelle limitation du cumul des mandats ne nous exonère pas de la responsabilité d'agir dès maintenant, de nous appliquer à nous-mêmes ce que nous prônons pour tous.

Le non-cumul est une mesure qui ne coûte rien, qui est populaire, qui est salutaire pour la démocratie. Le non-cumul est aussi une façon de respecter nos concitoyens, en nous consacrant pleinement à la mission qu'ils nous confient.

C'est également une formidable occasion d'ouvrir et de dynamiser notre démocratie. Alors pourquoi attendre ?

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