mardi 8 septembre 2009

Mandat unique (suite) rapport des élus et des militants au PS


Aujourd'hui, et pour faire suite au débat sur le mandat unique, je réponds à un camarade qui met en avant la nécessité pour les mandats municipaux,d'admettre le cumul de deux mandats...


Cher Patrick,

Content de te lire. Sans nous être concertés nous avons eu les mêmes remarques ou réflexions sur les questions sous jacentes au mandat unique. Nous n’en tirons pas forcément les mêmes conséquences politiques, puisque tu plaides pour une forme de cumul limité à deux mandats, alors que je persiste à croire au mandat unique du fait de sa lisibilité extrême pour les citoyens.


Comme toi, je crois que l’exercice de responsabilités municipales, généralement lourdes (mon père est adjoint d’une mairie de 30 000 habitants pour 1000 euros par mois et il travaille facilement une trentaine d’heures pour son mandat, ce n’est là qu’un exemple du côté sacerdotal des mandats locaux), mériteraient certainement une refonte du système indemnitaire pour permettre d’être exercées dans de bonnes conditions à plein temps. Le cumul avec les mandats sur l’intercommunalité me semble possible sans violer le principe du mandat unique car les mandats intercommunaux sont exercés selon un mode de désignation indirect (pas d’élection directe par les électeurs mais désignation par les élus). Je serai donc en faveur d’un mandat unique dès lors que le mode d’élection est direct. Cependant, tout en professionnalisant le métier de politique on ne doit pas y enlever sa dimension sacerdotale et sacrificielle. L’exercice du métier d’élu est aussi un acte militant, une fonction exercée pour le bien de la cité, ou en faveur du bien commun, et doit demeurer aussi limité dans la durée ; C’est pour cela que je plaide pour une limitation dans le temps de l’exercice des mandats (jusqu’à 3 mandats consécutifs sur une même fonction par exemple).

Bien entendu, cela impose une réflexion sur les débouchés de l’après mandat, surtout pour les non fonctionnaires : On pourrait par exemple faciliter l’accès à des concours réservés pour les ex-élus désireux de se reconvertir dans la fonction publique (c’est d’ailleurs déjà le cas par le biais des « 3 eme concours » d’accès à la fonction publique, ce système pouvant certainement être élargi), par la validation des acquis de l’expérience afin que le travail d’élu soit valorisé pour viser l’obtention de diplômes en rapport avec les fonctions d’élus exercées (ex : diplôme de master en administration ou gestion territoriale), ou également que soit favorisée l’aide à la création d’entreprise pour ces ex – élus qui pourraient se reconvertir avec bonheur dans le conseil ou l’audit auprès des collectivités territoriales.

Il y a là des pistes à creuser pour éviter les comportements jusqu’au boutiste des élus s’accrochant envers et contre tout à leur fauteuil…En empêchant par la même le renouvellement des troupes, objectif principal du mandat unique.

J’aimerai aussi ici poser la question des rapports entre élus et militants ; Nous avons un rapport d’un élu pour trois militants au PS.

Avec le mandat unique, ce rapport risque encore de renforcer le poids du nombre d’élus face aux militants du parti. Tout militant serait donc un élu en puissance, la destinée manifeste d’un militant serait donc automatiquement de sortir de sa chrysalide en exerçant de « vraies responsabilités »sur un mandat. Or, je crois que cette idée est partiellement trompeuse.

D’abord parce qu’elle incite à renoncer à l’idée de faire du PS un parti de masse. Même si, historiquement, la Gauche démocratique n’a jamais été réunie dans un parti doté de troupes nombreuses (j’écarte donc le PC de cette définition de Gauche démocratique) du fait de la séparation entre le monde syndical et le monde politique qui voit deux mondes militants coexister en s’ignorant, nous pouvons contribuer à changer cet état de fait en repensant les rapports entre la démocratie sociale (syndicale) et la démocratie politique (celle des élus nationaux et territoriaux) en interrogeant le mythe de l’indépendance syndicale et en refondant notre système de démocratie représentative avec des partis associant en leur sein les représentants du monde du travail. En incitant, comme c’est déjà le cas d’ailleurs statutairement parlant, le double engagement politique et syndical.

Par ailleurs, les élus utilisent globalement mal les militants vus, dans le meilleur des cas, comme une main d’œuvre mobilisable en période électorale, alors que le parti et ses militants constitue également une formidable machine à penser la réalité sociale et pourrait être aussi utilisé aussi comme boite à idées utile pour nourrir l’exercice des mandats des élus.

Bien entendu cela suppose que les élus acceptent l’idée de rendre des comptes aux militants et au parti qui a participé à les faire élire. Cette « reconnaissance du ventre militant » il me semble qu’elle n’est pas partagée largement chez nous. Peut être faut il chercher là d’ailleurs une des raisons de la faiblesse de nos effectifs et de l’impression que le PS ne sait pas utiliser ses militants.

Dans un parti revitalisé dans ses rapports entre élus et militants, il me semble que la quête de mandat à tout prix perdrait un peu de son sens car le rôle de militant retrouverait du sens…et de la noblesse. Mandat unique certes, mais exercé par des élus qui sauraient rester des militants...travaillant avec d’autres militants.


Martine Aubry a fait des annonces claires qui nous permettront de trancher le 1er octobre. En espérant que la consultation sur le non cumul des mandats n’occulte pas, faute de temps de débat suffisant, les questions sous jacentes au mandat unique.

Sur ces quelques réflexions, je vous salue, fraternellement

Boris

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