mercredi 7 juillet 2010

Coups de becs sans coup de barre


A l'heure où j'écris ce billet d'humeur du dimanche soir, on vient d'annoncer les démissions des ministres Joyandet et Blanc, présumés coupables "d'inexemplarité" au vu des soupçons soulevés par le Canard enchainé qui avait enquêté sur le permis de construire accordé à l'un, et sur le prix des cigares de l'autre.

Coups de becs réussis d'une presse encore libre, ce qui rassurera tous ceux qui avaient vu dans l'affaire Guillon et Porte, une grave atteinte à la liberté de la presse. Si l'on peut éventuellement se passer avec tristesse de deux humoristes mordants dans la tranche matinale d'une radio publique, on pourrait difficilement se passer d'une presse libre qui se donne les moyens d'enquêter, de traquer les petits errements moraux et les largesses prises par rapport à la bonne gestion des deniers de l'Etat.

Coups de becs réussis, certes, et puis après ?

45 Milliards d'économies pour l'entrée dans l'ère de la grande glaciation d'austérité voilà ce que nous promet Mme Lagarde pour les mois à venir. Voilà donc la facture des plans de sauvegarde des banques que l'on présente aux français, bonne preuve de socialisation des pertes d'un "conte (économique) passablement immoral" comme a pu l'écrire Jean Paul Fitoussi. L'économie casino présente sa facture à ceux qui n'ont même pas joué. Pour le changement de cap économique, le grand "coup de barre"espéré par les peuples qui s'inquiètent de la deliquescence des moyens de l'Etat, il faudra encore attendre...

Le pop philosophe ZiZek, nous enseigne dans "Après la tragédie la Farce!"(Flammarion) que la Crise équivaut à une "thérapie de choc", qui permettra au système capitaliste de se renforcer, aux inégalités de progresser, en toute impunité. Loin du réveil des consciences tant attendu, loin du réveil des radicalités de gauche, c''est simplement les pouvoirs conservateurs en place qui sortent grandis de la crise, renforcés par cette Crise qui fait d'Angela Merkel ou de Nicolas Sarkozy, les bons gestionnaires d'une austérité qui risque de plonger les peuples dans la dépression prononcée...

Alors que faire me direz vous ? si les coups de becs sont inoffensifs et ne débouchent jamais sur des coups de barres économiques et politiques, pour enfin changer de politique...

Et bien pour l'heure, continuons à lire Alain Badiou, Slavoj Zizek, Naomi Klein, Jacques Rancière et tous les philosophes de la radicalité politique, en se disant, que le changement politique commence toujours par un changement épistémologique et idéologique; de ce côté-là, il y a un espoir.

Plantons les graines d'une pensée de gauche régénérée, et faisons la pousser aux ferments de nos révoltes.

Boris

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