mercredi 7 juillet 2010

Boussoles et balises pour notre temps


Qui n’a pas jamais ressenti le besoin pressant de se raccrocher à une pensée forte en ces temps de grandes turbulences politiques et internationales ?

Les ouvrages critiques de gauche ne manquent pas dans les librairies, comme si l’hémisphère gauche de la pensée faisait valoir ses trésors d’inventivité pour allumer, dans le brouillard et les ténèbres actuelles, les milles et une chandelle de la raison critique…

Qu’ils dissertent sur la Crise économique, dissèquent les nouvelles inégalités sociales, proposent des solutions nouvelles pour s’en sortir collectivement, qu’elles s’appellent, société du « Care », nouvelle promotion de l’égalité des places contre l’égalité des chances (Cf le dernier ouvrage de François Dubet), nouvelle écologie politique et de développement humain (Cf Jean Paul Fitoussi et Eloi Laurent) ou que ces solutions passent tout simplement par un appel à l’insurrection (dans le désormais célèbre «l’insurrection qui vient » édité à La Fabrique), ce panorama vivace de la pensée nous rappelle qu’une sorte de vent critique s’est levé sur la gauche des idées…

Alain Badiou et Jacques Rancières, qui écrivent pourtant depuis plus de vingt ou trente ans, redeviennent soudain des auteurs Capitaux, Actuels, comme si notre époque avait un besoin évident de chercher des balises intellectuelles…et que l’on prenait la peine de lire plus attentivement ceux qui criaient dans le vide depuis si longtemps déjà.

Et nous qui pensions les grands intellectuels à la française décédés depuis à jamais, avec la disparition de Deleuze, Dérida ou Foucault…ces « papes » de la « French Theory » que même l’Amérique nous enviait à la fin des seventies…Et dire que la pensée et la culture française apparaissait il y a peu comme en état de déliquescence, ou de putréfaction avancée (je fais ici référence à l’article du Times sur la mort de la Culture française…)…

Finalement, si notre époque a décrété un peu trop unilatéralement la fin des grands penseurs, la mort de l’Université, le décès des idéologies, nous sommes peut être aujourd’hui rentrés, crise mondiale aidant, dans une nouvelle ère de la pensée, où nous allons surement redécouvrir des auteurs contemporains, et relire des penseurs inactuels et permanents (Daniel Bensaid ne nous a-t-il pas d’ailleurs rappelé à longueur de livres, que Marx n’était pas (encore) mort J)

Et pour ceux qui rêveraient d’un écrivain qui parlerait, comme nul autre, du Crack, de l’Argent Roi, de la Spéculation immobilière et foncière, de la fièvre effrénée d’une époque excitée par le gain et l’accumulation…Inutile de courir chez votre libraire favori pour y chercher une nouveauté…il n’est qu’à ressortir de votre malle d’écoliers, « L’Argent » et « La Curée » du bon vieux Emile Zola qui a décrit à merveille, voilà plus d’un siècle déjà, les vertiges d’une époque déboussolée…Dans « Nana » j’ai même cru reconnaître « Zahia »… ;)

Les boussoles et les balises ne manquent donc pas…

Nous mettons le cap sur une pensée de gauche…régénérée…


Amitiés

Boris

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