mardi 15 mars 2011

nucléaire le débat interdit ? Pour une montée en puissance des énergies alternatives


Chers amis,

Que l’on soit une nation nucléaire de premier plan (nous « pesons »10% de la production nucléaire mondiale pour seulement 1% de la population mondiale) ne doit pas nous interdire de raisonner sur ce sujet de première importance puisqu’il relève plus globalement du débat sur la production d’énergie dans le cadre d’une stratégie de développement durable pour la planète. Il me semble cependant que ce type de débat ne doit pas se faire dans l’urgence ou la précipitation ni sous le coup d’une émotion collective comme celle qui frappe aujourd’hui en voyant les risques entourant les réacteurs nucléaires japonais javascript:void(0)fragilisés par le séisme récent. Le débat sur la sortie du nucléaire n’est donc pas un débat interdit, bien heureusement, et si l'on prend quelques précautions sur l'argumentaire, en évitant les envolées lyriques sur "l'abandon du nucléaire" ou le "tout nucléaire - pas touch' à mon industrie performante", on peut même éviter de piéger le débat.

Dans le domaine politique, la notion la plus importante me semble être celle de « progressivité »des changements de stratégie énergétique, seule capable d’infléchir notre politique énergétique à l’échelle hexagonale, européenne et Mondiale à moyen ou long terme.

La progressivité suppose des politiques inscrites dans le temps long, pour permettre notamment des avancées technologiques et le développement économique de projets à forts enjeux financiers et économiques :

Sur le plan de la comparaison des puissances, il faudrait ainsi 1300 éoliennes tournant à plein régime pour fournir l’énergie d’un seul réacteur nucléaire. http://www.econologie.com/la-puissance-d-un-reacteur-nucleaire-articles-3229.html. Il y ava 58 réacteurs nucléaires en fonctionnement en France.

Cependant des éoliennes de nouvelle génération arrivent déjà sur le marché et devraient permettre d’enregistrer une amélioration de 40 à 50% de la puissance produite aujourd’hui.

L’Europe s’est par ailleurs engagée à produire 20% d’énergie alternative en 2020 et a choisi une stratégie d’exemplarité dans le cadre des négociations sur le changement climatique, stratégie qui pour l’heure ne s’est pas encore avérée payante si l’on regarde les résultats de la conférence de Copenhague, même si là encore c’est le temps et le recul qui donneront une appréciation plus juste des résultats réels de cette stratégie qui semble avoir l’aval d’un grand nombre de citoyens européens qui placent la dimension écologique et durable du développement au centre de leurs priorités /

En Europe, les choix énergétiques des 27 sont cependant dissemblables et la réconciliation des différents projets nationaux de production d’énergie n’est pas chose aisée : ainsi, pour reprendre l’exemple des énergies éoliennes, l’Allemagne a le premier parc d’éolienne en Europe et produit 7 fois plus de puissance globale que les éoliennes françaises. La France se classe seulement 7eme à l’échelle des nations européennes dans ce domaine.

L’année 2009 a cependant été une année de développement record de ces énergies en Europe et en France en particulier. La France a le deuxième potentiel éolien d’Europe et devrait « rattraper » une partie de son retard progressivement en terme de production pour se situer dans le peleton de tête des nations européennes en terme de puissance éolienne à échéance de 20 ans : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_%C3%A9olienne. On peut donc raisonnablement considérer qu’une convergence des économies européennes existe dans le domaine de l’énergie éolienne.

Le développement de l’énergie solaire a également un fort potentiel en France et l’on peut penser que la stratégie de diversification de la production d’énergie est déjà largement en place en France qui ne reste pas « rivée » sur la seule production nucléaire qui est cependant un de ses piliers industriels majeurs.

En France aujourd’hui, 120 000 emplois directs et indirects concernent la filière électro-nucléaire. Il faut noter cependant qu’au plus fort du développement de cette filière, en 1987, il y avait 160 000 emplois concernés, et que nous avons assisté en un peu plus de 20 ans à une diminution importante des effectifs globaux signe d’une diversification progressive du secteur énergétique.

http://www.nuclerys.com/carriere.htm


Le débat dès lors à mener en France semble être celui d’une accélération de la transformation de la politique énergétique française vers davantage de diversification, plutôt qu’une transformation radicale avec un abandon de la filière nucléaire qui semble, du fait du poids hexagonal de cette filière économique et de l’indépendance énergétique qu’elle fournit aujourd’hui, assez largement utopique à court terme.

Au niveau européen, une politique de grand emprunt, si elle devait être mise en œuvre pour mobiliser les capacités d’épargne importantes des européens (trait distinctif possible de nos économies européennes par rapport à l’économie d’endettement américaine), aurait surement des chances de réussir en cas de proposition d’un projet européen de développement d’énergies alternatives de grande ampleur.

Le programme énergétique européen pour la relance, adopté en 2009, et qui concerne le développement éolien, celui des infrastructures électriques ou gazières ou des projets de captation de carbone fournit une bonne base de ce qu’il est possible de faire au niveau européen pour accélérer le mouvement de diversification des sources d’énergie. Aller plus loin et plus rapidement est surement souhaitable pour que l’Europe se dote de capacités de production d’énergies alternatives puissantes et s’impose comme un « leader mondial » dans ce domaine.

http://europa.eu/legislation_summaries/energy/european_energy_policy/en0012_fr.htm

Nul doute que l'accident nucléaire majeur qui se déroule aujourd'hui au Japon incitera les opinions publiques à réclamer des solutions novatrices en terme de production d'énergie, renforcera le souci de protection environnementale et introduira certainement un renforcement des normes de protection nucléaire dans le même temps.

Amitiés
Boris

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