mardi 15 mars 2011

FUKUSHIMA - TCHERNOBYL LES LIMITES D UNE COMPARAISON


Chers amis,

si la catastrophe de Tchernobyl est dans toutes les mémoires chaque fois que l'on parle d'incidents ou d'accidents nucléaires, il faut surement garder à l'esprit quelques éléments rationnels dans nos comparaisons avec les évènements actuels à Fukushima pour "raison garder" malgré l'inquiétude qui entoure la gestion des réacteurs qui pourraient rentrer en fusion nucléaire non contrôlée.

Sans être un spécialiste des questions nucléaires, mais pour m'être intéressé à l'époque à la catastrophe de Tchernobyl et m'être documenté sur les conditions de son déroulement, voici ce qu'on peut établir comme différences précises entre les faits survenus en Ukraine et ceux survenus ces derniers jours au Japon :


- Les causes de la catastrophes : dans le cas de Tchernobyl elles sont largement endogènes, puisque c'est une série d'erreurs des techniciens en charge de la centrale ukrainienne qui ont provoqué l'accident. Dans le cas de l'accident en cours au Japon, c'est une cause exogène (le séisme) qui a conduit à l'accident actuel.

- la gestion de la catastrophe : dans le cas de Tchernobyl, la gestion a elle même était catastrophique : d'abord pour tous ceux qui sont intervenus sur le site : on se rappelle des pompiers s'attaquant à l'incendie du réacteur avec des lances à eau et sans protection, ou d'ouvriers ramassant les débris radioactifs sans protections particulières.

Les "liquidateurs", ces ouvriers rappelés en renfort à la suite de la catastrophe et qui ont recueilli les déchets et débris radioactifs et qui étaient plus de 600 000 à passer sur le site nucléaire radioactif, ont été les premiers irradiés.

La lenteur de la prise de conscience de la gravité de l'accident a aussi conduit à la lenteur de l'évacuation des populations aux alentours de la centrale et a donc également accru le nombre de personnes irradiées. Par ailleurs, en 86, l'information était contrôlée et il existait sans doute une volonté politique de minorer les conséquences de la catastrophe dans une période où le bloc soviétique s'éffritait et les économies du bloc menaçaient ruine.

Dans le cas de Fukushima, la gestion de l'accident ne semble rien laisser au hasard, l'évacuation de 180 000 personnes vivant dans le voisinage a été rapide, au bout de quelques heures seulement,à Tchernobyl, il avait fallu deux jours pour évacuer 90 000 personnes et les capsules d'iode n'avaient pas été distribuées (alors qu'elles auraient permis de prévenir le risque de cancer de la Thyroide).

On a certes peu de détails dans la presse sur la manière dont travaille les techniciens sur le site endommagé pour essayer de maitriser le risque de fusion des réacteurs, mais on suppose qu'ils ne le font pas à main nu et sans protection...l'information qui circule autour de l'accident semble claire bien qu'on imagine qu'il y a une volonté certaine de ne pas effrayer les populations et de succomber à la panique et que les premières critiques contre la communication officielle semblent ce faire jour en ce dimanche.

Les risques de fusion n'ont cependant pas été cachés et existent; On assiste à une application certaine d'une forme de principe de précaution visant à ne pas dissimuler les conséquences potentiellement le plus graves que pourraient revétir cet accident même si les autorités cherchent également à rassurer et peuvent être tentées de minorer certains risques.

- les conséquences de la catastrophe : sur l'échelle des accidents nucléaires, la catastrophe de Tchernobyl a été classée au rang 7, comme catastrophe majeure, elle avait donné lieu à une fusion nucléaire non maitrisée pendant de longues semaines déclenchant un nuage radioactif pathogène ; pour l'instant l'explosion de Fukushima n'a pas entrainé de "fusion nucléaire" dans les réacteurs, et si des débris radioactifs ont été projetés autour de la centrale, aucun nuage n'existe pour l'heure car précisément il n'y a pas d'incendie comme à Tchernobyl.

Bien sur; en cas de fusion du réacteur, les risques encourus augmenteraient considérablement.

On ne peut donc comparer à ce stade les deux accidents, qui ne sont donc pas de la meme nature et n'ont donc pas les memes conséquences même si à Fukushima la situation pourrait évoluer et prendre un tour dramatique sur un plan humain nous n'en sommes pas encore là. Bien entendu, l'environnement du site de Fukujima a dors et déja subi des dégats et l'on sait la difficulté de la décontamination généralement longue et couteuse...

Dans le cas de Tchernobyl, les prévisions les plus pessimistes parlent de plus de 100 000 à 600 000 personnes touchés par la radioactivité et ayant eu à en souffrir de maladie en liens avec la catastrophe. Officiellement, on parle de 4000 décés en lien avec la catastrophe.

Je trouve en conclusion un peu prématurées les déclarations de certains leaders politiques qui semblent jouer les prophètes de malheur en demandant un référendum de sortie du nucléaire en jouant justement des peurs et des angoisses à base plus ou moins rationnelles qui se font jour suite au séisme et au tsunami Japonais. Les victimes actuelles du séisme ont surement plus besoin d'aides matérielles et de réconfort moral que d'un grand débat sur la sortie du nucléaire.

Il n'en demeure pas moins que la France sera sans doute incitée à revoir complètement son plan de sécurité nucléaire et à surement le renforcer encore à la lumière des données de la crise japonaise. le rééquilibrage de la politique énergétique française en faveur d'énergies alternatives et non nucléaires reste aussi un défi entier même si la filière nucléaire française reste un des fleurons industriels nationaux.


Amitiés socialistes
Boris


un lien complémentaire



http://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_de_Tchernobyl

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