jeudi 19 février 2009

Changeons les socialistes. oui à la diversité sociologique !

Le débat du jour, celui du manque de diversité sociale au sein des élites administratives et politiques françaises.

Je réagis indirectement dans ce texte à la proposition de Martine Aubry d'instaurer le mandat unique pour les élus du parti socialiste. Mesure dont la première secrétaire a fait l'annonce au grand meeting de la mutualité, fin janvier, à Paris.

Pour changer le socialisme, et donc un peu changer la vie (politique), ne faut il pas commencer par changer les socialistes ?


Chers tous,

D’accord avec vous pour dire que les déclarations de bonnes intentions ne suffiront pas pour permettre l’apparition de candidatures reflétant une vraie diversité ou une parité réelle.

Je dois cependant préciser que la véritable diversité est à mon sens sociologique. Elle recoupe d’ailleurs la diversité des origines ethniques.

Ce qui plombe le parti socialiste, depuis presque 30 ans maintenant, ce n’est pas à mon sens l’arrivée « des meilleurs » aux responsabilités, c’est plutôt que les règles de sélection sont faussées.

-Aurons-nous collectivement le courage de répondre à ces questions :

*Combien de fils et de filles d’ouvriers ou d’employés parmi nous ?

**Combien de cadres nationaux qui ont connu le parcours militant complet qui passe d’abord par le militantisme de terrain, puis par l’encadrement intermédiaire fédéral, et enfin par la prise de responsabilité nationale ?

-Aurons-nous un jour le courage d’assumer ce qui suit ?

***Beaucoup d’entre nous, n’ayons pas peur de le dire, se sont juste donner la peine de naitre ou de traverser la rue pour prendre des responsabilités à Solférino. Pour passer des meilleurs lycées de la capitale à Sc. Po Paris, de Sc. Po à l’ENA et de l’ENA aux sphères de directions nationales du Parti socialiste…Même si ce schéma est trop lapidaire, tout le monde sait qu’il reflète une certaine réalité (Cf la remarquable série diffusée récemment sur Canal Plus, « l’école du pouvoir », qui retrace l’ascension vers le pouvoir d’élèves de la promotion Voltaire dont sont issus, Ségolène, François ou Dominique de Villepin)

****Indiquons aussi ici, que sur 150 000 jeunes sortants sans diplôme du système scolaire, 60 000 sont issus des quartiers difficiles. Et qu’à l’autre bout de la pyramide, on cherche désespérément dans la dernière promotion des admis à l’ENA, les noms et prénoms issus de la diversité (je vous invite aussi à vous livrer à cet exercice pour toutes les autres grandes écoles de la République…)

Il n’est un secret pour personne que la diversité sociologique est en recul à l’ENA. Que le nombre de filles et fils d’ouvriers ou d’employés y est plus restreint que jamais (de l’ordre de 2%-3% si ma mémoire est bonne). Le phénomène de reproduction joue donc à plein régime. Et l’on se transmet toujours « la charge d’énarque » selon un mécanisme de sélection via les codes socio culturels de père en fils ou fille dans une pure logique dynastique.

*****Il faudrait se livrer à la même analyse au niveau des instances nationales ou fédérales du PS. Pour savoir si l’ascenseur méritocratique vers les responsabilités du pouvoir fonctionne pour tous les citoyens à la même vitesse. Permettez-moi ici d’en douter.

Il ne serait ici être question de faire de l’anti énarchie primaire, ou de vitupérer les élites politiques. Que nous aidons à faire élire.

Il faut simplement lutter pour que nos élites (administratives, politiques, économiques) reflètent réellement la diversité sociale de notre pays. Que notre parti en fasse de même. Si nous ne voulons pas continuer à passer à côté du « réel ». Et à nous sentir un peu comme des intrus dans les manifestations et mouvements sociaux.

Comprenons donc que ce combat est légitime, urgent, brulant. Qu’il passe par des quotas, par le non cumul des mandats ou par une prise de conscience lucide et généralisée de notre trop forte consanguinité sociologique dans la maison commune socialiste. Et qu’il doit s’accompagner aussi d’une réforme des modes d’accès aux écoles d’élite de la République.

Notre République française est une République Sociale. Qu’on s’en souvienne et qu’on en tire, collectivement, de profondes leçons politiques pour changer les socialistes…et transformer ainsi le socialisme.

Amitiés fraternelles

Boris

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