mardi 17 février 2009

La personnalité du génie, qui ne laisse jamais indemne celui qui en est dépositaire

Et pour commencer la publication des mots rouges...

des mots rouges littéraires et révoltés.

Echange épistolaire entre le Sud et l'Est de l'Europe, entre deux vieux compagnons d'études, à propos des livres et des écrits de deux écrivains "engagés" : Céline, la belle ordure céleste qu'on ne présente plus, et Joseph Bialot,écrivain français né à Varsovie en 1923, déporté à Auschwitz en 1945, et de son livre "C'est en hiver que les jours rallongent", éditions du Seuil, 2002.

Ce texte est dû à Christian A.

la personnalité du génie qui ne laisse jamais indemne celui qui en est dépositaire

un raccourci de deux vies si différentes... un déporté, témoin vif (marqué à vif et tatoué), et un homme, certes génie incomparable, mais qui s'accommoda et applaudit aux massacres du premier nommé et de tant d'autres et précieuses singularités vivantes.

D'un côté l'expression, l'affirmation, la force et la beauté de la vie en ce qu'elle triomphe du pire et parfois se relève...De l'autre l'expression paroxystique du ressentiment haineux, d'une sorte de leçon donnée sur l'étonnante capacité humaine à conjuguer génie artistique et ignominie morale...

difficile d'imaginer comment un misanthrope de l'acabit de Céline ait pu si bien, dans son style splendide, faire passer ce que la misère veut dire (pauvreté, crasse, guerre, domination etc...) et colère devant le spectacle donné par un vieux con aigri qui en veut à la terre entière pour la vie de merde qu'il a choisie et menée avec une constance désarmante.

La vie de cet homme eût pu être tout autre et il avait tout, absolument tout, pour témoigner de son vivant une toute autre considération à l'égard de l'espèce humaine, de la vie. Mais rien... ni regrets ni remords. Ressentiment, haine recuite et puante comme les nouilles bouillies qu'on lui fit bouffer dans son enfance sous cloche de gaz du passage Choiseul.

On peut toujours débattre de la personnalité du génie, laquelle par définition est peu commune et ne laisse jamais indemne celui qui en est dépositaire...

Mais l'accomplissement du Génie ne consiste-t-il pas à placer la vie à hauteur de l'Oeuvre ? Ou du moins à tendre vers cet accomplissement, à faire l'effort d'être digne de l'Oeuvre créée ?De ce point de vue, j'aperçois un seul et authentique génie parmi ces deux hommes...

Et des hommes authentiquement méprisables, comme le fut assurément un Destouches, portent collectivement, il ne fut pas seul c'est vrai, la responsabilité du martyr d'un Bialot, lequel en réchappa fort heureusement pour rendre justice après coup au Génie de la vie... rendue à sa dignité.Si par extraordinaire Céline eût pu crever avant que d'avoir rien écrit et que cela eût empêché le calvaire de Bialot (et de tous les autres), alors tant pis pour la littérature ! la chose eût été préférable et bonne pour tout le monde...

Christian A.

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