mercredi 28 avril 2010

Victoire de la droite nationale en Hongrie : un accroc au projet européen ?




Chers tous,

La victoire massive « des droites » en Hongrie met fin à plusieurs années de pouvoir socialiste et marque un tournant. Les socialistes hongrois sortent éreintés de cette consultation, sans doute vaincus par l’usure politique et par la crise économique.

La droite nationale du Fidesz de Viktor Orban s’assure les 2/3 des sièges au Parlement. Le parti anti – européen et xénophobe Jobbik devient lui la troisième force parlementaire du pays.

Les analystes voient dans cette victoire la première marche possible d’une « révolution conservatrice » à l’Est, une victoire en tout cas qualifiée d’« historique » par le journal Le Monde.

Je ne sais pas si on peut aller si loin d’emblée, mais il est tout de même particulièrement préoccupant que la Hongrie renoue avec certaines de ces obsessions de l’entre deux guerre, et notamment le fameux « syndrome de Trianon » du nom du traité de l’après guerre qui avait privé la Hongrie de 1/3 de son territoire et d’une partie de ses populations. Une plaie historique qui suppure donc encore.

Ainsi, la campagne de 2010 s’est jouée beaucoup autour de la question des « hongrois de l’extérieur », présents en Slovaquie et en Roumanie notamment, et la droite nationale a inscrit dans son programme de conférer la nationalité hongroise et donc de donner le droit de vote à ces personnes, résidentes et citoyens d’autres pays de l’union, qui possèderaient une culture Magyare. Il y a donc une volonté claire d’avoir un droit de regard sur les minorités voisines résidentes dans des pays souverains.

L’intégration dans l’UE, et la « dévaluation des frontières intérieures » portées par le projet Européen, aurait pourtant dû permettre de résoudre le problème des minorités, d’autant que s’ajoute dans le projet européen leur défense explicite, notamment sur un plan culturel.

La citoyenneté européenne semble donc dévaluée au passage par cette recherche de « nationalisation » de ces minorités hongroises sous fond de revendication historique. Même s’il n’est pas question ici pour le nouveau pouvoir hongrois de revendiquer un tracé de nouvelles frontières, il est tout de même question d’étendre la communauté nationale hongroise, par une sorte d’irrédentisme ethnico-culturel et linguistique plutôt que territorial. Le projet européen vient donc de subir un accroc.

Il y a donc là une nouvelle preuve, hongroise, d’une Union Européenne à repenser et dont l’action doit être réévaluée, notamment en terme politiques et de citoyenneté transnationale.

La situation actuelle en Belgique n’est elle pas également comparable, qui exacerbe les problèmes d’identifications nationales et culturelles autour de communautés linguistiques, sous fond de litiges historiques ?

L’identification à un espace européen transnational qui rendrait caduque les obsessions identitaires à dominantes ethniques et culturelles, reste donc encore à réaliser.

Boris

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