lundi 17 mai 2010

Commentaire texte convention "nouveau modèle de développement"PS




Cher Tous

Après lecture du texte du parti socialiste sur "un nouveau modèle de développement", je voterai pour ce texte, en insistant sur ses points forts (impôt citoyen, remise en cause des niches fiscales, introduction de la notion de Juste échange, taxe tobin sur les transactions financières), mais tout en regrettant ses impasses ou ses silences :

-Le dossier européen aurait nécessité de plaider davantage pour une « autre Europe ». Certes, la volonté de renforcer le pouvoir de l’Euro- groupe pour une politique budgétaire plus collective peut paraître alléchant ; Cela semble une réponse possible à la crise actuelle, qui met en danger la monnaie commune et les économies européennes, sous l’influence de mouvements de spéculations cyniques.

Mais se doter d’outils de gouvernance, sans fixer un cap européen plus clair, c’est un peu comme donner les clés d’une formule 1 à un conducteur de « deux chevaux » Citroen : il y a risque de dérapage ou de sortie de route. Ou le risque complémentaire d’aller très vite vers une direction qui ne serait pas la bonne.

Si le cap de l’Europe reste un cap libéral, si un gouvernement européen dans le domaine budgétaire fait de l’austérité un mode de gouvernance commun, si l’on n’évite pas le dumping fiscal qui règne aujourd’hui entre les pays européens en mettant en place une harmonisation des fiscalités européennes, si l’on fait du moins disant social un outil de concurrence interne entre pays européens, alors, je continuerai à être très réservé sur un gouvernement par l’Eurogroupe.

Ce gouvernement n’aurait d’ailleurs de sens qu’en renforçant significativement les pouvoirs du parlement européen en matière budgétaire (des pouvoirs certes aujourd’hui majorés, mais à la marge, par le traité de Lisbonne) qui, dans leur version actuelle, ne permettent pas suffisamment d’équilibre des pouvoirs budgétaires, entre le conseil, la commission et le parlement. Et laisse la banque centrale européenne, trop libre de la définition d’une politique monétaire sans contrôle ; Ce n’est donc pas seulement l’Euro groupe qui doit assurer la balance des pouvoirs avec la BCE, mais c’est surtout le parlement européens et les représentants des citoyens européens qui y siègent qui doivent pouvoir davantage peser sur la définition et les choix des orientations budgétaires européennes.

L’introduction de mécanismes de gestion des dettes publiques européennes distincts des logiques de marché d’aujourd’hui doit être également une priorité. Mais plutôt qu’un FMI européen tel qu’annoncé dans le texte (le FMI peut il réellement être un modèle ?), la mise en place d’une agence européenne de gestion de la dette publique pourrait être une mesure phare, que je proposerai certainement aux camarades de ma section en guise d’amendement.


Sur toutes ces questions, j’espère à titre personnel plus d’audace collective pour une « Autre Europe » lors de la convention de septembre consacrée à l’Europe et l’international.

- Plus globalement, le projet de nouveau modèle de développement me parait encore excessivement productiviste :

Dans la société du bien être telle qu’esquissée par le texte, la valeur travail reste centrale et omniprésente ; Il n’est pas anodin que le texte débute par une réflexion sur un nouveau modèle productif (chapitre 1), en se demandant d’abord, que produire, puis comment produire, ensuite comment distribuer les fruits de la richesse, enfin, comment donner à chacun les moyens de maîtriser sa vie. Le cheminement intellectuel sous jacent est clairement productiviste.


Or, si l’on veut parler d’émancipation des personnes, et de « société de la création », il est nécessaire de repenser plus globalement le rapport à la valeur travail. Ainsi, je soutiendrais en section le vote d’amendements issus de la plateforme « grand projet socialiste » qui est transcourant ;

Vaincre le chômage de masse, repenser le rapport au travail, passe à nouveau par un projet de meilleure répartition du travail, de son partage, sous la forme notamment d’une semaine de 4 jours ;

L’introduction des 35heures en France sous le gouvernement Jospin n’a pas été optimale. Le débat sur la répartition du travail a été détourné, et les gains de productivité attendus des 35 heures n’ont pas été suffisants pour une amélioration très significative des créations d’emplois, du fait de l’effet d’aubaine des RTT pour le cadres, de l’insuffisance de mesures en faveur du pouvoir d’achat des employés et ouvriers, de la trop grande souplesse introduite par la deuxième loi Aubry sur les 35 heures (qui a introduit des diminutions de charges pour les entreprises sans poser de claires contrepartie d’embauches) ;

Bref, plutôt que de refaire ce débat dans ces colonnes, nous lancerons le débat sur la répartition du temps de travail en section et je soutiendrai le vote des amendements de GPS, en particulier, l’amendement sur la semaine de 4 jours, qui me semble économiquement efficace et fondamentalement de nature à libérer du temps, à réaménager un rapport plus équilibré à la valeur travail, dans une société du temps libérée. Seule une société du temps libérée me parait porteuse de bien être. La valeur travail reste incontournable, mais sa valeur doit donc être relativisée. Le temps de travail libéré doit être consacré aux loisirs, à la culture, à la formation, à la vie familiale plus équilibrée où hommes et femmes assumeront à parité la charge de l’éducation des enfants.

En résumé, il me semble nécessaire de voter pour ce texte, qui contient des avancées, mais avec le souhait d’aller politiquement plus loin, par des amendements significatifs, et surtout, par une vigilance sur les prochains textes des conventions qui nous seront proposés, et en particulier sur la rédaction du texte de septembre consacré à l’international ;

Amitiés socialistes

Boris



http://www.grandprojetsocialiste.fr/

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