vendredi 11 décembre 2009

PS : Le parti des inclus ? de la promotion de la diversité (sociale) dans nos candidatures





La fédération des français de l'étranger du PS est en train de définir le cadre de désignation de ses candidats pour les élections législatives de 2012 qui verront onze circonscriptions à l'étranger définies pour l'élection de députés des français de l'étranger; Le bureau fédéral de la FFE vient de poser les bases de règles de désignation comprenant, notamment, 5 circonscriptions susceptibles d'être réservées à des femmes au nom de la parité, ainsi qu'un encouragement aux candidatures issues de la diversité.

Je m'interroge donc aujourd'hui sur ce blog sur la notion de diversité...
.....................................................................................
A titre personnel, je me félicite que le bureau fédéral ait souhaité encourager la promotion de candidats issus de la diversité pour les prochaines élections législatives à l’étranger.

Mais de quelle diversité parle-t-on ici et comment la mettre en œuvre ?


Une réponse rapide et incomplète serait de juger de la « diversité » potentielle d’un candidat en fonction de la couleur de sa peau ou de ses origines étrangères.

Pourquoi dans ce cas là se cacher derrière se terme si générique de diversité au lieu de parler directement de promotion de candidats noirs, maghrébins ou asiatiques ou de candidats métissés ?

Tout simplement parce que le parti socialiste n’a pas totalement renoncé à appliquer une grille d’analyse sociale aux questionnements sur la diversité et refuse une vision excessivement multiculturaliste dans ses analyses.


La diversité sociale mérite débat dans une société française profondément inégalitaire :


Ce qui pose problème dans une République se voulant sociale mais restant profondément bourgeoise, c’est que la diversité sociale au sein de la classe politique recule, que l’ascenseur social à l’école est grippé, que le sentiment d’exclusion progresse partout, et que nous ne pouvons nous contenter, en tant que parti n’ayant pas renoncé à faire des propositions politiques pour tous, à demeurer le seul parti des inclus en s’exprimant par le biais de représentants qui en seraient les seuls symboles.


La violence dans les banlieues, l’intégration problématique des « minorités visibles », la fracture entre la France d’en bas et d’en haut, seraient liés à la couleur de peau de certains citoyens français ? A mon sens non. La misère sociale, économique et culturelle est l’élément explicatif primordial. Une misère qui colle à la peau, qui se transmet de génération en génération comme une MST sociale dont aucune protection ne pourrait prémunir. La pensée sociologique française s’est souvent penchée sur la question des inégalités transmissible à travers les générations.

Louis Chauvel dans « le destin des générations » (1998) a pu analyser sur des bases statistiques la transformation des inégalités sociales et leur diffusion d’une génération à l’autre, comme une fatalité sociale qui remettrait en cause les processus de démocratisation dans la société française. L’œuvre de Pierre Bourdieu a mis en exergue les différents « capitaux » à disposition des individus : économique, culturel, social et symbolique en insistant sur l’importance du capital culturel passant par la maitrise des codes et du langage. Dans les ouvrages désormais classiques que sont les héritiers (1964) ou la reproduction (1970), il a pu montrer pourquoi l’école échouait à réduire les inégalités, le capital social transmis à l’école se fondant avant tout sur le « réseau » dont dispose chacun, les préférences individuelles contribuant à bâtir ces réseaux étant socialement déterminées par les origines familiales et le milieu social dans lequel évolue les individus.


Quel discours peut porter le parti socialiste et la FFE et avec quels candidats ?



Le parti socialiste est devenu progressivement un « réseau d’inclus », maitrisant les codes socioculturels, et parfaitement capables de s’exprimer et de se faire entendre par les autres inclus du système économique - cette immense classe moyenne qui compose plus de 50% de la société française ou sa petite élite économique et sociale - qui se sélectionnent entre eux lors des élections et savent se choisir des candidats à leur image et possédant les mêmes codes (cf. sur ce point l’ouvrage « la société des socialistes » comme analyse d’un parti fermé dans sa composition sociologique)

Il est certain pour moi, que de choisir des candidats issus de l’immigration garantit certainement de pouvoir parler plus largement, au-delà du cercle « des inclus »du système. Mais il est tout aussi certain que si l’on choisit des candidats issus de la bourgeoisie de l’immigration on aura échoué à élargir notre audience et à parler au nom de ceux qui se sentent exclus de notre système politique.

J’ai conscience que ce message rencontrera peu d’écho dans notre fédération composée de CSP+, où le nombre de diplômés du supérieur est largement plus important que la moyenne nationale, où les destins internationaux que nous vivons nous rapprochent toujours un peu plus de cette « upper class » mondiale ou de cette « hyper bourgeoisie »internationale composée d’une élite internationale polyglotte, affable en toute circonstance, moralement correcte et sociologiquement uniforme.

On peut se dire d’ailleurs, de manière réaliste, que des candidats de l’hyper bourgeoisie issus de nos rangs seraient capables de remporter aisément les suffrages de ceux qui leurs ressemblent et qui vivent comme eux à l’étranger au sein de l’élite internationale.

Mais ce serait là commettre une grave erreur du fait d’une composition sociologique des français de l’étranger en profonde mutation, avec désormais 50% de bi nationaux, résidant sur le long terme à l’étranger dans des conditions d’une grande diversité économique et sociale. Ce serait aussi oublier qu’une forme de précarité existe chez nos concitoyens les moins intégrés au système, et qui sont les premiers bénéficiaires des budgets d’aide sociale que nos parlementaires viennent d’augmenter de manière significative pour faire face à des besoins croissants. Qui vivent isolément hors des grandes villes et grands réseaux sociaux. Des pionniers dans certaines zones où la communauté française se réduit à une poignée d’individus. Des isolés sociaux parfois en situation de grave exclusion.

Je ne désespère donc pas, au-delà des quotas proposés dans cette élection (le premier des quotas étant un quota de femmes au nom de la parité) que l’on instaure pour nos 11 candidatures, un quota social de candidats issus de la diversité : les fils ou filles d’ouvriers ou d’employés, les précaires et les exclus de l’étranger auront-ils droit, à au moins UN candidat ou UNE candidate pour les représenter ?

Avoir au moins un seul candidat qui ne serait pas issu du « réseau des inclus » serait en soit une ébauche d’espoir dans un parti qui ne se serait pas résolu à demeurer un parti bourgeois. En avoir deux serait un espoir plus significatif. En avoir une majorité relève bien évidemment d’un rêve utopique. Mais le socialisme n’a-t-il pas vocation à être une utopie active ?

Amitiés fraternelles

Boris
Varsovie

1 commentaire:

  1. Un conseil aux militants du PS : Se préoccuper enfin de l'Ecole Républicaine en ne se contentant pas d'y ajouter des moyens pour se donner bonne conscience.
    Souvenez -vous de la thèse de Bourdieu sur la reproduction des héritiers ,cessez de ne pas vouloir indisposer les profs en imaginant à tort qu'ils constituent le noyau dur de votre électorat et sachez que si les enfants de cadres subissaient un zeste de la violence scolaire vécue par les enfants des classes populaires il y a bien longtemps que vous auriez réformé un modèle conçu pour une élite républicaine sous la troisième République et que l'on tente de faire fonctionner en vain avec un public MASSIFIE.
    Corriger une erreur collective historique voilà le programme d'une réelle réforme de l'Ecole de la Republique.

    RépondreSupprimer