mardi 6 octobre 2009

Un lecteur ami écrit sur le blog - A propos des cumulards


Aujourd'hui je publie la réaction de Christian A. à l'article sur Gérard Collomb cité sur les pages de ce blog il y a quelques jours.


Monsieur Collomb de Lyon, dont tu parles dans le fil de ta ligne rouge (...) démontre (et justifie) avec un applomb confondant l'impérieuse nécessité d'un ancrage "dans les réalités locales" pour donner corps à un mandat représentatif national. Et de reconnaître dans la foulée un inexcusable absentéisme dans ces dernières fonctions auxquelles il concède une misérable journée d'un emploi du temps hebdomadaire surchargé, tout entier dédié à son "métier d'élu" !

Passe encore la cynique invocation de "réalités du terrain" qui, espérons-le, ne le conduisent pas à partager la triste conditions des travailleurs clandestins ni à vivre dans sa chair la misère laborieuse des travailleurs-pauvres, toutes populations qui ne constituent pas "le coeur de métier" du professionnel qu'il est, et n'émargent guère les registres électoraux du beau Lyon !

Il semblerait plutôt que l'agenda de M. Collomb soit davantage accaparé par des rencontres avec des "décideurs" sur des dossiers sérieux d'investissement et de construction. Mais M. Collomb répète à qui veut l'entendre qu'il faut savoir attirer l'investisseur et son argent pour qu'il y ait des retombées pour le petit peuple. C'est çà "son métier" et il l'assume avec franchise.

Mais cette théorisation du "professionalisme" du mandat politique Urbi et Orbi me semble davantage symptomatique d'une vacuité de la politique.
L'invocation de la politique comme métier, profession, job à plein temps ne laisse de m'indisposer...

Une activité qui concerne des types qualifiés, compétents pour ce boulot... Un métier réservé à de bons professionnels sachant recruter et manager leurs "collaborateurs"... Tout sauf un loisir d'amateur la politique ! Faut connaître le taf et "bien passer" auprès des décideurs qui mettent "de l'argent sur la table"... et plus il y a d'argent, plus il apparaît nécessaire d'évincer les songe-creux, les idéologues pétris de principes à la con. Du sérieux... du pro quoi !
On finira un jour par se demander s'il est bien raisonnable de voter pour élire des professionnels alors qu'il serait plus efficace de les recruter sur CV et entretien par une sorte de Conseil d'administration composé de gens-raisonnables-qui-ont-conscience-des-enjeux-et-réalités-du-terrain.

Plus la peine de croire à Gauche ou à Droite quand il y a consensus gestionnaire sur une aptitude professionnelle à l'exercice du métier de décideur local.
Pragmatisme, souplesse, réalisme, technicité... l'au-delà de la démocratie !
La prétendue "ligne claire" de M.Collomb de Lyon, c'est très exactement le brouillage de toute ligne politique claire par l'affirmation d'un au-delà démocratique fait de pragmatisme, de souplesse, de réalisme et de compétence technique.

Il ne m'étonne guère que, parvenu à ce degré d'éloignement des réalités "réelles" du terrain, celles qu'il n'est même plus capable de percevoir et d'accepter du haut de son job à plein temps, ce professionnel talentueux s'oppose frontalement à l'initiative de sa formation politique visant à restreindre ses prétentions cumulardes.

D'ailleurs le professionalisme de M. Collomb est parvenu à une telle plénitude qu'on se demande bien à quoi lui sert l'inscription dans une démarche partisane, si ce n'est pour arborer la rose à l'heure de la reconduction du job... quelques propos de campagne, des effets d'estrade et puis après... business as usual.
Voilà tout pour aujourd'hui, je te laisse et je reste dans l'attente de tes nouvelles, sauf à ce que tes nombreux cumuls te l'interdisent...

Quoi qu'il en soit je partage pleinement ton point de vue sur le lien entre montée en puissance des élus locaux et dépolitisation des enjeux électoraux. Bien qu'extérieur au parti, et ne voulant en aucun cas exacerber davantage ses querelles intestines, il me semble bien que Collomb et consorts s'accomodent bien de la situation présente. Je ne veux surtout pas dire par là que le mandat électif n'emporte pas de lourdes responsabilités et obligation de ne pas faire n'importe quoi. Mais il me semble tout de même que les barons et leurs féaux sont oublieux de leurs devoirs à l'égard de l'éthique de conviction. Car c'est bien là la base du fait politique, ce qui distingue politique et activité laborieuse.

La politique est -tout du moins devrait-t-elle être, sinon redevenir- un espace indéterminé, un champ libre, fondé sur le droit absolu à ce que les choses et les situations évoluent au gré de la volonté souveraine. La politique est la liberté purement humaine de faire en sorte que ce qui est aujourd'hui puisse ne plus être demain, que ce qui n'est pas encore puisse advenir par l'effet d'une volonté. Le travail, l'exercice des métiers et professions sont tout autres... C'est le règne de la nécessité et de la servitude à l'égard des "règles de l'art".
Je n'aime décidément pas ce professionalisme politique et cette soumission du métier à des règles de l'art... décidées par qui on sait au profit de qui on connaît.
Si Collomb en veut du taf de management local, qu'il le fasse et réduise son activité à son fief... mais de grâce qu'il cède la place au Parlement à celles et ceux qui ont la conviction que leur responsabilité est de changer les règles... des responsables politiques en somme, animés d'une éthique de responsabilité ET de conviction, critères cumulatifs sans lesquels le mandat politique dégénère en profession.
Christian A.

1 commentaire:

  1. Prenez le temps de lire :
    http://www.marcfievet.com/article-la-supplique-de-l-electeur-socrate-45631416.html

    cette lecture pourra certainement améliorer la qualité des messages et échanges politiques
    et prenez la peine de m’indiquer si vous abondez dans ce sens.
    Votre avis est important pour moi.
    Merci de faire paraître, diffuser et faire connaître, car concernant tous les électeurs de quelque bord qu’ils soient.

    Cordialement

    Kelly-Eric Guillon

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