jeudi 1 octobre 2009

les principaux arguments des cumulards du PS contre le non cumul




Je vous transmets ici mon commentaire à une interview de Gérard Collomb parue dans libélyon.fr. Elle me semble importante et significative car elle montre, quand on sait lire entre les lignes, toutes les réticences de cet élu local (un parfait cumulard) sur le non cumul.

Je n’ai rien en particulier contre Gérard Collomb. Mais ici, il avance les principaux arguments, usés jusqu’à la corde, de ceux qui s’opposent sournoisement au non cumul. Autant dire qu’à ce rythme…de sénateur…la perspective d’aboutir au mandat unique s’éloigne inexorablement et que la rénovation, qui passe par le non cumul, prend du plomb dans l’aile au passage.

Libération.fr annonçait d’ailleurs ce matin que seuls environ 25% des parlementaires y seraient aujourd’hui favorables. Rien d’étonnant car l’opinion de Collomb est à mon sens ultra majoritaire chez les élus.

Si l’on veut faire bouger nos élus il faut donc torpiller uns à uns les arguments habituels pro-cumul.

*Le principal argument « clichetonesque » en vigueur pour empêcher le mandat unique : un parlementaire national serait nécessairement déconnecté du terrain et des réalités. Je cite Collomb dans le texte « Il convient que, dans les assemblées, il n'y ait pas seulement des théoriciens ayant un point de vue intellectuel sur les choses mais aussi des praticiens qui voient bien les conséquences de la loi ».

Cette déconnection du terrain ne tient pas : d’abord parce que les parlementaires sont tous issus d’une circonscription et qu’en outre, les sénateurs sont « des élus d’ élus »locaux, ce qui dans les deux cas assure un lien territorial hors de l’assemblée nationale ou du Sénat ; Les députés et les sénateurs assurent d’ailleurs des permanences dans leurs circonscriptions pour rester en prise avec leurs administrés et reçoivent des indemnités pour leur permettre de rémunérer ces permanents (secrétaires ou assistants parlementaires) sur place. Il y donc bel et bien une présence permanente assurée en dehors du travail au palais Bourbon ou au palais du Luxembourg.

En outre, il y a aussi tout le travail en commission parlementaire, une part importante du travail des élus chargés de légiférer ou de mener un travail d’enquête et de contrôle démocratique, qui les amène à auditionner nombre de personnalités extérieures ou d’enquêter sur des structures financées par les deniers publics en s’ouvrant ainsi pleinement sur le « réel ».

Dans le cadre de ce travail en commission, il n’est pas rare non plus de voir les parlementaires se déplacer sur le terrain pour se frotter aux réalités.

« La déconnection du terrain » n’est donc qu’un leurre et une manœuvre des « conservateurs » qui ne veulent surtout pas changer le système actuel qui leur est profitable.

**le deuxième argument contre le non cumul, tient à ce qu’on peut identifier comme « la logique naturelle de carrière » des hommes politiques :

Ainsi, il y aurait un parcours logique au sein du parti afin de « franchir » les étapes successives de la pyramide des mandats, en commençant petit élu communal pour finir, à un âge nécessairement avancé, sur un des sièges de parlementaire. Les candidats à des fonctions nationales devraient, dès lors, avoir gagné leurs galons de capitaine en exerçant une charge territoriale. Evidemment la logique cooptative joue ici à plein. Les « vieux », nécessairement sages et madrés, aideront les « jeunes », nécessairement candides et demandeurs de conseils, à gravir les échelons uns à uns…dans une bonne logique paternaliste. Autant dire que « les vieux » dans cette logique ne cèdent leur place qu’une fois un pied dans la tombe…

Là encore je cite Collomb :

« C'est pour cela que les élus en place doivent veiller à assurer un renouvellement générationnel qui permette à plus de jeunes qui ont décidé de se consacrer à la chose publique de pouvoir affronter des responsabilités qui, si les électeurs en sont d'accord, seront croissantes avec le temps »


En fait ce type d’argument est une toute simple négation en puissance de tout processus démocratique, en tant que processus citoyen de désignation libre des élus. Dans cette optique, on comprendra évidemment que la moyenne d’âge actuelle de nos députés soit de 53 ans et que la tendance soit à la hausse de cette moyenne sur les 20 dernières années (Cf. l’excellent livre « la société des socialistes »). Le « renouvellement générationnel », avec l’application de ce type de raisonnement fallacieux, n’a aucune chance de voir le jour.



Je vous laisse maintenant découvrir l’interview de G Collomb ; Vous pourrez au passage vous gausser un peu, comme je l’ai fait, en le voyant se tirer lui-même une balle dans le pied quand il avoue benoitement passer un seul jour par semaine au Sénat (était-ce vraiment Sérieux pour justifier du cumul ???)….

Ma conclusion : Tous ensemble pour le mandat UNIQUE et Vite !

Amitiés fraternelles

Boris

Varsovie

Cumul : les réponses de Gérard Collomb (PS) interview parue dans libélyon.fr
Gérard Collomb (PS), 62 ans, enseignant retraité, maire de Lyon (445.000 hab), président du Grand Lyon et sénateur (2è mandat).




· Le cumul des mandats constitue-t-il, selon vous, un problème dans la vie politique française ?

Il en posait un par le passé mais la situation actuelle limitée au cumul de deux mandats est en train de faire disparaître l'essentiel de ces problèmes. Nous devrons néanmoins encore progresser mais en faisant attention toutefois à ne pas déconnecter les parlementaires d'une expérience territoriale et d'un contact direct avec la population.



· Quels sont les avantages et les inconvénients pour un parlementaire de cumuler un mandat national et un mandat local ?

Le seul inconvénient c’est de gérer son emploi du temps entre les obligations lourdes d’un mandat national et d’un mandat local. L'avantage, c'est qu'il permet de peser dans la discussion parlementaire pour que la loi puisse prendre en compte et s’enrichir des réalités telles que vécues sur le terrain. On s'aperçoit que l'empilement des lois et réglementations pèse de plus en plus sur la capacité d'initiative locale. Il convient que, dans les assemblées, il n'y ait pas seulement des théoriciens ayant un point de vue intellectuel sur les choses mais aussi des praticiens qui voient bien les conséquences de la loi.



· Faut-il selon vous réformer les possibilités de cumul ? Si oui, dans quel sens (nombre et type de mandats, durée…) ?

La mode est aujourd'hui de dire que n'importe qui peut, à n'importe quel moment, exercer n'importe quelle fonction. Mon expérience m'enseigne que pour pouvoir être un "bon" élu, il faut franchir bien des étapes, que cela demande un travail personnel intense pour élargir ses connaissances, avoir une vraie vision de son territoire, a fortiori, évidemment d'un pays. C'est pour cela que les élus en place doivent veiller à assurer un renouvellement générationnel qui permette à plus de jeunes qui ont décidé de se consacrer à la chose publique de pouvoir affronter des responsabilités qui, si les électeurs en sont d'accord, seront croissantes avec le temps.



· Comment partagez-vous votre temps entre vos différents mandats et fonctions ?

En moyenne dans une semaine, je passe deux journées au Grand Lyon, deux journées à la Ville et une journée au Sénat.






· Quel est le montant total de vos indemnités et rémunération liés à vos mandats indemnités d'élus, indemnités de présence dans des organismes dépendant de collectivités, etc.)

Je gagne 53 000 euros au titre de mes mandats. Les élus ne pouvant toucher plus de 8100 euros par mois (plafond) mon indemnité de maire est totalement écrêtée entre quatorze élus de la Ville de Lyon. Mon indemnité au Grand Lyon est partiellement écrêtée à hauteur de mille euros entre deux élus du Grand Lyon.



· Comment utilisez-vous vos indemnités représentatives de frais de mandats ?

Dans le cadre des règles actuelles du Sénat, en particulier pour assurer les frais de fonctionnement de ma permanence sénatoriale que j'ai souhaitée différente de la mairie afin qu'il n'y ait pas de confusion des genres.



· Comment utilisez-vous les crédits affectés à la rémunération de vos collaborateurs ?

J’ai trois assistants parlementaires à 1800 euros net hors ancienneté, deux à Lyon et un à Paris au Sénat. Je tiens à préciser qu'aucun n'a de relation personnelle ou familiale avec moi.



· Avez-vous conservé votre métier par ailleurs ? Avez-vous, sinon, la possibilité de reprendre votre activité professionnelle lorsque vos mandats arriveront à terme?

Non je suis à la retraite.

· Vous identifiez-vous aujourd'hui comme "professionnel" de la politique ? Pensez-vous que ce soit une bonne chose ?

On conviendra que pour diriger une agglomération de 1,4 million d'habitants figurant aujourd'hui parmi les grandes métropoles européennes, il vaut mieux avoir un certain professionnalisme. Voudrait-on que les managers des grandes entreprises soient des professionnels et que les politiques ne soient que des "amateurs touche à tout"

On sent davantage de gêne en France sur ces questions que dans les pays anglo-saxons, comment l'expliquez-vous ?

Pour ce qui me concerne, je n'ai aucun complexe car je crois que le travail de beaucoup d'élus mérite l'indemnité qu'ils perçoivent.

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