mardi 10 novembre 2009

La chute du mur , le jour où le marxisme léninisme s'est suicidé



Aujourd'hui ma réponse à mon camarade JY Leconte...

Cher Jean Yves,

merci en effet pour ce texte d'une grande profondeur historique. Il a le mérite de montrer qu'une autre voie socialiste est encore possible, 2O ans après la chute du mur : c'est ce qu'on peut appeler la voie "social-démocrate", faute de mieux, et qu'on aurait donc tort de ranger aux rayons des idées poussiéreuses, en la plaçant, côte à côté, dans le cercueil du marxisme léninisme.

Ce serait là faire le jeu de nos adversaires, la droite libérale qui a cru la fin de l'histoire advenir un soir de Novembre 1989 par victoire par K.O du libéralisme sur le socialisme.

Ce n'était peut être que la victoire du libéralisme sur le marxisme léninisme, un des socialismes possibles. Mais je crois aussi que la chute du marxisme léninisme a également été un écroulement interne de l'URSS et des Républiques socialistes, avant toute chose.

Le marxisme léninisme a eu tendance à être son pire adversaire au cours de 70 ans de communisme appliqué, ce qui accrédite la thèse d'un système communiste à tendance suicidaire.

Ton texte explique la chute du Bloc communiste en se basant sur plusieurs facteurs historiques : le combat pour la liberté des peuples de l'Est, le changement d'attitude de l'Eglise catholique et du pape, la fermeté américaine de Reagan, l'épuisement de l'URSS dans le conflit Afghan, la politique internationale des "sociaux démocrates" ayant choisi le dialogue critique avec l'Est, comme Brandt ou Mitterrand (pour Mitterrand je doute que le qualificatif de Social démocrate soit justifié).

Ce texte est inspiré d'une vision volontariste et internationaliste de l'histoire.

Or, nous devons également avancer sur le terrain d'une explication économique de l'Histoire :

sur le plan économique, le marxisme léninisme, c'est à dire la planification impérative et la centralisation des décisions économiques dans les mains du parti communiste, ont abouti à une crise économique généralisée dans tous les pays de l'Est à la fin des années 80 (après avoir chroniquement paupérisé des millions de personnes à l'Est pendant plus de 50 ans et ce depuis les grandes famines en Ukraine des années 20 qui en étaient le premier épisode tragique) :

En URSS, où la fuite en avant dans la course aux armements avec les USA, a eu un cout social énorme en se doublant, au cours des années 80 notamment, de crises d'approvisionnement généralisée dans la majeure partie du bloc de l'Est, d'une dégradation économique marquée des conditions de vie des peuples de l'Est, d'un endettement massif de pays comme la Pologne, la Yougoslavie la Hongrie, qui avaient tenté de dégager , chacune à leur manière , un socialisme de la troisième voie.

Ce socialisme de la 3eme voie a toujours eu du mal à se financer : En restant dans le champ communiste de l'organisation de l'économie, un système qui s'appuyait sur la spécialisation industrielle nationale, la Pologne étant la mine de charbon de l'URSS, l'Ukraine son grenier à Blé, la Hongrie son atelier de fabrication de matériel de consommation courante, le système ne pouvait durablement prospérer .

Pendant les années 80, c'est l'occident qui a donc financé le système économique de ces pays, en acceptant le principe de l'échange de marchandises ou des prêts bancaires pour permettre notamment de financer la diversification de la consommation courante des peuples de l'Est.

Ce n'était en rien, bien entendu, de la philanthropie. Mais cela a permis l'écroulement, en douceur, du système économique délabré de l'URSS.

Derrière cette réalité, il y a donc l'impossibilité économique de pérenniser un système basé sur la planification centralisée, la spécialisation nationale, et sur la négation de la propriété individuelle des moyens de productions.

Je crois que ce débat économique de fond doit être mené, dans le cadre du PSE ou des forces de gauche en France : Si je crois aux nationalisations, à l'encadrement du capitalisme et à l'analyse marxiste comme outil explicatif d'un processus économique basé sur l'exploitation et la domination des travailleurs, je ne nie pas pour autant l'aspiration de liberté propre aux entrepreneurs, la nécessité humaine de s'enrichir, et la possibilité du système capitalisme à produire des richesses collectives.

Cependant, sans l'Etat pour inciter à une répartition égalitaire de ces richesses ou pour encadrer la production de certaines de ces richesses (énergétiques, richesse produite par les services publics), le capitalisme restera une machine folle productrice d'inégalités.

Le débat économique de l'encadrement du libéro-capitalisme, doit donc être mené en priorité. Je ne crois pas que ce soit un débat uniquement social démocrate car la conversion de la social démocratie à l'économie de marché, dans les années 50 en Allemagne au niveau du SPD, a été trop immédiatement basée sur un effet de fascination.

SI le marxisme léniniste s'est économiquement suicidé ce qui était surement inscrit dans ses gènes, une voie marxiste de transformation sociale du libéro-capitalisme reste possible sous condition de rénovation du marxisme.

Amitiés socialistes

Boris

1 commentaire:

  1. Aucune mention de la corruptibilité des dirigeants communistes, nationaux, régionaux ou même locaux? Une corruptibilité que l'on retrouve évidemment quel que soit le système économique et politique choisi.

    Etonnant car c'est certainement ce qui a tué cette si belle utopie: la nature profonde et sombre de l'Homme.

    Et l'Histoire se répète à Cuba, en Corée du Nord et en Chine. Une minorité accueillie initalement comme des héros, les protecteurs des plus faibles contre les méchats du capitalisme, s'est arrogée le pouvoir pour ne plus le lâcher 50 ans après.
    Au programme: répression politique, tortures, censure, corruption des fonctionnaires, copinage à outrance ce qui se traduit à long terme par le déclin économique et social d'un pays entier et par la fuite inexorable de son peuple opprimé.

    Dommage de ne pas lire un bilan aussi vrai aussi simple (mais évidemment trop court puisque ce n'est qu'un commentaire) dans un article aussi long et pourtant riche.

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