vendredi 27 novembre 2009

une identité plurielle et généreuse


Chers tous,

On échappe difficilement au débat sur l’identité nationale. A gauche, nous avons parfois pour réflexe instinctif de refuser ce débat. Notre méfiance viscérale se fonde sur les tentatives de récupérations électoralistes de la Droite qui laboure ici les terres des extrêmes, et se base sur le socle mouvant d’un débat biaisé introduit sur l’opposition potentielle de l’immigration à l’identité nationale dans une tentative, frileuse et odieuse, d’exclure l’apport « des étrangers » ou « de l’étranger » à la nation et la République française.

Mais Etre de gauche, c’est certainement accepter sans tabou les débats les plus piégés, pour les désamorcer d’abord, avec pédagogie et courage, et pour les faire fructifier, enfin, dans le sens de nos valeurs, qui portent en elles, la tolérance, l’ouverture vers les autres, et qui en s’inspirent d’une vision unie, évolutive, et généreuse de la Nation, de la République et de l’Etat.

Etre de gauche consiste donc à ne pas laisser le monopole de la Nation et des symboles républicains français, à la Droite.

Car, comme le rappelait un éditorialiste bien connu du journal libération « il y a aussi du rouge dans le drapeau tricolore », le vocable de Nation a été projeté sur la scène de l’histoire à Valmy, et l’on ne peut « jeter aux orties Hoche, Lamartine, Jaurès ou Jean Moulin, coupables de défendre le drapeau ». Il y a donc une identité nationale possible, dès lors que l’héritage historique auquel on se réfère n’est pas fixe, déterminé uniquement par un lieu de naissance (car « être né quelque part c’est toujours un hasard » comme le chante maxime Forestier), une religion (qui reste une question d’ordre privée dans une République laïque) ou de couleur de peau (car « le soleil donne la même couleur aux gens », au final).

Dès lors donc que l’on tente de « l’objectiver », de déterminer une fois pour toute l’identité, on échoue à définir une identité nationale acceptable. Mais au contraire qu’on laisse ouverte la possibilité à une nation de se transformer et de régénérer les valeurs quotidiennes du « vouloir vivre ensemble », on rend possible la définition d’une identité plurielle et novatrice.

Quelles sont elles ces possibles valeurs du vouloir vivre ensemble dans la France plurielle du 21ème siècle ?

Certainement celles liées à notre expérience de société multiculturelle dont nombre de citoyens français n’ont ni conscience ni fierté. La France et les français aiment passionnément leurs masochisme, adorent gratter les croutes du passé, et ne tirent aucune confiance dans nos capacités, pourtant bien réelles, à être ouverts sur le monde.

Nous sommes ainsi, par l’intermédiaire de notre ouverture sur la francophonie, au cœur de la diversité culturelle et au cœur de la mondialisation. N’ayons pas peur de l’affirmer ici, Etre français, ce n’est pas être blanc, c’est être aussi antillais, africain, asiatique, c’est promouvoir la diversité culturelle par la diversité des peuplements comme nouvelle frontière de métissage.

Il y a donc, au côté de l’identité nationale, une identité internationale et plurielle portée par la devise de fraternité de notre République :

Une République fraternelle et internationaliste donnerait le droit de vote à des immigrés résidant de longue date en France, intégrés par leur travail ou par leur vie quotidienne dans notre pays alors que, comme le souligne Dominique Wolton dans « demain la francophonie » ces personnes continuent « à camper » en France sans droits politiques. Elle militerait fermement au sein de l’Europe pour que notre union des peuples ne se transforme pas en citadelle assiégée au porte de l’Afrique, pour qu’au contraire, l’apport mutuel lié à notre proximité géographique et culturelle avec le continent Africain puisse être célébrée et institutionnalisée par une politique migratoire plus généreuse.

L’intégration est une norme républicaine trop unique, un mot trop unilatéral. Il faut admettre les apports mutuels et élargir l’identité française, loin des pièges assimilationnistes d’une République carcan mais au plus prêt d’une République qui ferait de l’école le fer de lance de l’enseignement d’une civilisation française et francophone riche de ses diversités.

L’Espagne célèbre par exemple l’apport de la civilisation musulmane qui a laissé des trésors architecturaux en Andalousie, ou donné naissance à des penseurs de la tolérance comme Averroès. Etait ce si difficile, pour la France qui a longtemps considéré l’Algérie comme un territoire français, sans pour autant reconnaître aux enfants d’Algérie une authentique citoyenneté, de considérer les apports positifs réels de la civilisation musulmane (à qui l’on doit, les mathématiques, la transmission de l’héritage philosophie Grec, l’expérience de la cohabitation multiculturelle dans la diversité des mondes musulmans…) alors qu'on tente, perfidement, de nous faire admettre que la colonisation aurait pu être positive ?

Il faut aujourd’hui valoriser les deux langues françaises présentes en France : la langue française classique, celle célébrée par l’Académie ou saluée par les prix littéraires, mais aussi l’ensemble formé par les langues de la francophonie et leurs inventions et trouvailles linguistiques, qui sont un élément d’enrichissement et de régénération d’une langue. L’apport des « outres mers » dans la constitution de cette identité culturelle à base linguistique est un atout politique. Tout comme l’apport des parlés régionaux.

Ces langues de France qu’on célèbre mal ou trop peu, qu’on laisse exister aux marges de la société sans pour autant en retirer l’entière portée politique alors que ces langues forment la moelle culturelle et savoureuse de la France d’aujourd’hui ;


La France n’est pas seulement le territoire hexagonal étroit mais l’ensemble constitué par les Départements, territoires et collectivités d’Outre-mer, qui place le territoire « naturel » de la France dans une dimension ouverte et mondiale s’étendant, en latitude, des Antilles aux rivages de la Polynésie, en longitude, du Nord de Saint Pierre et Miquelon à la pointe Sud de la Réunion.

Nous ne sommes donc pas seulement d’un pays, d’une terre, ou d’un rivage, car nous sommes porteurs d’une identité mondialisée, ouverte aux quatre vents du large : une identité frondeuse, joyeuse, multiple, chatoyante, généreuse. L’identité plurielle dont nous pouvons être tous fiers.

Amitiés Fraternelles

Boris

VArsovie

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