lundi 30 novembre 2009

le droit de vote des étrangers comme utopie réaliste


Afin de nourrir encore le débat en cours, je transmets au forum une contribution portant plus précisément sur le droit de vote des étrangers, une des mesures phares permettant d'établir l'identité française comme élément d'une identité plurielle d' une République généreuse.

C'est l'esprit de la révolution française qui, dans la constitution de 1793, reconnaissait aux étrangers le droit de vote. C'est, à la lettre, une des propositions contenue dans le programme du candidat Mitterrand en 1981. C'est donc l'esprit de la gauche dans ses bases révolutionnaires et victorieuses.

Pourquoi se baser sur le droit de vote des étrangers ?


Car, comme le souligne une camarade, « l'intégration doit commencer quelque part », et que donner le droit de vote aux étrangers résidents en France sans contrepartie est un acte fort dans une logique d'intégration qui ne soit pas simplement unilatérale (sur le mode « deviens français en prouvant que tu l'es devenu ») mais rééquilibrée et progressive.

Rééquilibrée, car comment imaginer que les étrangers soient soumis aux impôts ou au respect des lois, donc à l'ensemble des devoirs des citoyens français, sans pouvoir peser sur la désignation de ceux qui font la loi, un droit fondamentale s'il en est ?

Progressive, car l'accès à la citoyenneté politique serait le moyen de faciliter l'accès à la nationalité française. Aujourd'hui le code de la nationalité impose comme principales conditions d'accès, en autre, le temps de séjour, le travail, ou le regroupement familial. Est ce que la participation aux élections ne vaut pas meilleure garantie d'intégration à la République ?


La multi-appartenance est souhaitable dans une société multiculturelle :

Certains à gauche se posent la question de la double nationalité, se demande « ce qui pousse un étranger à refuser l'obtention de la nationalité française » tout en revendiquant le droit de vote/


Ma réponse est certainement que le moule républicain apparaît aujourd'hui comme trop uniformisant, que la nationalité française peut apparaître comme une négation des différences culturelles d'origine. Des français ne se sont ils pas mobilisés d'ailleurs en tant « qu'indigènes de la République », pour dire leur sentiment d'être citoyens de deuxième classe ? On peut donc être pleinement français et avoir du mal à se retrouver dans le modèle républicain actuel. Pourquoi n'en serait il pas de même pour les étrangers ?

Admettre que des étrangers puissent devenir des citoyens politiques de France c'est leur reconnaître le droit à la multi-appartenance. C'est leur renvoyer le signal fort suivant : vous êtes ici chez vous dans vos différences.


On peut aujourd'hui se sentir pleinement Européen, en participant notamment, quand on réside dans un pays de l'UE, aux élections municipales et locales, en pouvant même se présenter aux élections pour y être élu, sans pour autant renoncer à sa nationalité d'origine.

A titre personnel, je parle très mal polonais, je ne travaille pas dans une entreprise polonaise, et pourtant, je ressens un attachement profond à ce pays,et je sais que le droit de désigner les représentants de la ville dans laquelle je réside m'est reconnu.

Je me sens donc, aussi, polonais même si je reste un citoyen français, provençal d'origine, et Mauricien de coeur (où j'ai vécu 4 ans). Un citoyen aux muti appartenances assumées et reconnues par le droit.

Pourquoi cette logique ne s'appliquerait elle pas, demain, aux Algériens de France ou aux Chinois de France ? Que les citoyens du monde puissent participer aux élections en France me semble le plus sûr moyen de dire à la face du monde que la France est redevenue une terre ouverte au monde, dans une République apaisée.Le droit de vote des étrangers est donc une utopie active...et réaliste.

Amitiés fraternelles

Boris
Varsovie

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